28. Eiko, respire un peu

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Je me trouvais une nouvelle fois dans ce couloir sombre et étroit, une torche serrée fermement dans ma main droite. L'odeur de renfermée mélangée à celle de la poussière ravivait en moi des souvenirs qui rendaient l'atmosphère encore plus pesante. Un silence de mort régnait et était uniquement occupé par les craquements que provoquaient les flammes situées à quelques centimètres de mon visage. Mes yeux essayaient tant bien que mal de s'habituer à cette lueur dévorante qui avait une fâcheuse tendance à me brûler la rétine.

Je sais que je ne devrais pas me trouver ici et ce n'était pas initialement prévu. Je ne devais lui rendre visite qu'une seule fois, après quoi Ryoma se chargeait de l'interroger et décidait de son sort. Je ne m'attendais seulement pas à une telle décision. Mon frère aîné avait été ferme : seule la mort pouvait lui faire payer de tels actes. Il était évident que sa décision n'était en rien objective, mais, personne n'avait été en travers de son choix, acceptant tous cette sentence. Tous sauf moi.

Il ne lui restait que très peu de temps à vivre. J'aurai dû sauter de joie à l'entente de cette nouvelle, approuver cela sans rien tenté ni dire quoi que soit. Mais j'en étais incapable. Et, pire que tout, je commençais à culpabiliser de ne pouvoir l'aider tout en sachant les raisons de son attaque. Il n'avait pas fait cela par méchanceté ou vengeance et cela était à prendre en compte. Puis plus je réfléchissais à Jacob et à sa façon de voir les choses, plus j'avais la sensation de le comprendre et d'être comprise en retour. Nous étions similaires. Nous voulions simplement faire cesser ce chaos.

Une fois arrivée au fond de cette cave, je pus enfin apercevoir le mercenaire appuyé contre les barreaux de sa cellule, se divertissant en jouant avec ses chaînes. Je vis un léger sourire sur son visage lorsqu'il reconnut ma silhouette et il profita du fait que j'accroche la torche au mur pour se placer face à moi.

Jacob : Tu es déjà de retour jeune princesse.

Eiko : Déjà ? Il s'est presque écoulé une semaine entière depuis notre dernière rencontre. Lui fis-je remarquer en me tournant vers lui.

Jacob : Une semaine ? Je n'ai pas l'habitude d'être enfermé ce doit être pour ça que je ne m'en suis pas rendu compte. Et puis c'est difficile d'avoir la notion du temps tout en étant bloqué entre ses quatre murs.

Eiko : Tu ne m'apprends rien, Jacob. Je m'assis confortablement contre l'un des murs de pierre. Comment s'est passé ton entretien avec Ryoma ?

Jacob : Bien. Je suppose... Il releva son regard vers moi. Il m'a annoncé ma sentence, mais, étant donné que je n'ai aucune idée du temps qui passe, je ne sais pas quand je serai envoyé sur la potence.

Eiko : D'ici peu de temps... Déclarai-je, laissant apparaître une pointe de chagrin.

Jacob : Je rêve où tu es peinée par mon sort ? Demanda-t-il avec un sourire moqueur.

Oui, c'était le cas. Bien que cela ne devrait pas l'être, dire que cela me faisait ni chaud ni froid était un mensonge. Quelque chose clochait chez moi, c'était indéniable : être triste parce que l'homme qui a attenté à votre vie et à celle de votre cousine va être jugé en conséquence, c'était incompréhensible. À la limite du paradoxe. L'évolution que je semblais avoir observée chez moi n'était apparemment qu'une illusion : j'étais toujours cette petite fille naïve et innocente qui ne voit que le bien des personnes qu'elle rencontre au cours de sa vie.

Eiko : Non, je refuse d'être triste. Dis-je en souriant à contrecœur. C'est toi qui vas souffrir alors je me dois d'être forte. Au moins pour que tu aies un soutien digne de ce nom.

Jacob : Refuser d'être triste car d'autres subissent pire que toi c'est comme refuser d'être heureuse car d'autres le sont plus que toi. Ça n'a aucun sens et c'est vraiment stupide.

Un Coeur Nohrien   Léo x OC x Takumi    (Fire Emblem)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant