Ambition. Force. Courage. Tels sont les fondements de la noble famille Kishi. Élevée par sa famille maternelle, dans la tradition japonaise et le doux son des cordes pincées du koto, Chikara, héritière de sa lignée, peine à trouver ses marques dans...
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Assise dans le sable fin et chaud, les pieds enterrés sous les particules minérales qui le formait, Chikara regardait mélancoliquement l'étendue bleutée qui lui faisait face. Le son des vagues s'échouant sur la rive l'apaisait. Elle trouvait cela merveilleux, d'assister au lever de soleil sur la plage. Petite déjà, avec sa mère, elle se plaisait à regarder l'horizon et à se demander ce qu'il se cachait derrière cette ligne invisible qui séparait la voûte céleste de l'océan. Sekai se plaisait à voir sa fille, les yeux remplis d'étoiles, se poser des questions sur le monde qui l'entourait. Pour la femme, il était important d'assimiler dès le plus jeune âge aux enfants le désir de liberté, et cette perspective de se projeter toujours plus loin. C'était ce qu'il lui avait manqué, et elle s'était bien mis en tête de permettre à sa progéniture d'obtenir cette chance.
Les prunelles violâtres dans le vide, Chikara savourait les quelques instants de solitude qu'il lui restaient avant de se rendre en cours. En ce deuxième jour d'avril, elle ressentait le besoin urgent d'humer le doux parfum de la marée. Elle ne l'avait pas fait depuis longtemps. Pourtant, elle aimait sentir l'air iodé de la mer et admirer le reflet des vagues. Mais il fallait avouer qu'avec tout le travail, et scolaire et familial, lui octroyait tout son temps et ses envies. D'un côté, elle étudiait très dur sur le programme en avance, pour être certaine de rester à un niveau élevé, et de l'autre, elle continuait d'exercer les rites du sanctuaire. Elle devait danser et jouer du koto dès qu'elle rentrait chez elle, jusque très tard le soir.
Chikara ne s'était jamais découragée. Au contraire, celle-ci semblait étrangement déterminée depuis que Yuei lui avait confirmé sa réussite au concours d'entrée, et donc son intégration, il y avait de cela presque deux mois. Pendant toutes les vacances et jours qui avaient précédés son arrivée au lycée, elle était restée cloîtrer dans le temple, avec pour unique espoir de pouvoir relâcher cette pression monstre lorsqu'elle intégrerait Yuei. Cela avait d'ailleurs plutôt bien fonctionné. La veille, le jour de la rentrée, elle avait simplement passé sa soirée dans sa chambre, à ressasser avec un petit sourire les événements de la journée.
