Ambition. Force. Courage. Tels sont les fondements de la noble famille Kishi. Élevée par sa famille maternelle, dans la tradition japonaise et le doux son des cordes pincées du koto, Chikara, héritière de sa lignée, peine à trouver ses marques dans...
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Enfiévrés par la houle marine, les embruns vinrent embrasser avec délicatesse et avidité les lèvres rosées de Sekai. Les pieds nus, elle s'enfonça dans les vagues écumeuses, et le frisson qui lui parcourut le corps tout entier la ravit. La grisante sensation de se sentir en vie lui avait manqué. De toute sa vie, elle ne s'était sentie de cette manière qu'avec une seule personne. Pourtant, l'âge et les responsabilités avaient fini par les éloigner pour de bon.
Elle ferma ses beaux yeux bleu majorelle, et s'étreignit avec force. Oui, comme ça... elle avait l'impression de se faire enlacer par lui de nouveau. Même si ses petites mains ne pouvaient pas remplacer les siennes grandes et puissantes, même si elle ne pouvait pas reproduire son odeur ou le son de sa voix. L'espace de quelques secondes, elle pouvait l'imaginer près d'elle. Enveloppée de nostalgie profonde, elle se laissa tomber au sol. L'eau salée vint immédiatement enserrer le bas de son corps et lécher le creux de son ventre. Mais Sekai ne sentait pas la morsure glaciale de l'océan. Elle n'entendait pas non plus le cri des mouettes ou l'échouement des vagues sur la plage.
Elle ne voyait que ses tendres souvenirs avec lui. Elle se remémorait leur rencontre en école maternelle, emplie de malice et d'innocence, leur entrée au collège, leurs premiers rêves, la célébration de leurs vingt ans. Elle se souvenait de chaque instant passé en sa présence réconfortante. En rouvrant les yeux, elle s'aperçut que des larmes traçaient le contour de ses joues. Cela ne fit que renforcer le sentiment d'impuissance de l'héritière du clan Kishi. Elle était la future dirigeante de son illustre famille, et elle ne pouvait même pas retenir l'homme qu'elle aimait plus que tout au monde. Que faisait-elle ici ?
Elle fixa l'horizon, le regard vide. Tout serait tellement plus simple si elle se laissait juste emporter au large. Elle n'avait qu'à lâcher prise pour abandonner tous ses problèmes. Personne ne la regretterait, si ? Mais avant qu'elle ne puisse disparaître une bonne fois pour toute, des bras chauds et protecteurs la saisirent virulemment.
— Ne fais pas ça.
Haruyuki. Son meilleur ami la retenait de toute ses forces. Et égoïstement, Sekai fut heureuse. Car malgré tout, Haru restait avec elle. L'amour à sens unique qu'il éprouvait pour la Kishi depuis des années ne l'avait pas découragé. Les nombreux refus non plus. Son ami à la chevelure rouge sang la voulait. Et il le lui montrait bien.
— Je t'en prie, murmura le héros. Ne m'abandonne pas.
— Je ne peux pas rester si Enji n'est pas là. Si lui ne veut plus de moi, alors je n'ai rien à faire dans ce monde.
Le cœur d'Haruyuki Koyamome se fissura en un millier de brèche. Ce n'était pas la première fois que Sekai avouait son amour pour Enji Todoroki, leur ami d'enfance commun, mais cela demeurait atrocement douloureux. Le rouge aimait Sekai depuis une vingtaine d'années, il l'aimait à en mourir. Et il ferait absolument n'importe quoi pour lui permettre de vivre heureuse.
— Moi je veux de toi, Sekai. Épouse moi. Je sais bien que ton cœur appartient déjà à un autre. Je le sais. Je ne te demande pas de m'aimer comme je t'aime. Je te demande juste de continuer de vivre à mes côtés. Et seulement après, je te demanderai de m'aimer un dixième de comment je t'aime. Vivons heureux. On l'a bien mérité, tu ne crois pas ?
