Rivalité
Épisode 13
Pardonner, oui mais oublier c’est tout autre chose. C’est de même que faire confiance à une personne. Lorsqu’elle se fragilise, plus rien ne sera comme avant. J’ai bien pardonné à Beya mais je ne pourrais jamais oublier ce qu’elle m’a fait dans cette maison.Et quand je vous parle de confiance, c’est concernant ce qui se passe en ce moment avec Betty. Elle a toujours été une amie et ma confidente. Je n’exclue pas le fait que j’ai volontairement accepté sa proposition de faire de Beya ma coépouse mais de là jusqu'à être de mèche avec ma coépouse ?
Je commence à avoir des doutes à son sujet, excusez-moi mais le retournement de situation entre deux copines ne doit plus surprendre personne. Avec Betty, on connait des copines dont leur amitié s’est terminée en queue de poisson, je souhaite de tout cœur que ça ne nous arrive pas.
Depuis qu’elle a raccompagné Beya chez nous ce jour-là, je sais qu’elle a compris que son attitude ne m’a pas plus et elle ne me l’a pas caché. Elle me l’a fait savoir n’empêche que je suis un peu restée en retrait dans notre amitié.
Notre amitié entre trois, il y a surement une que ça ne concerne pas du tout et je crois bien que c’est Beya. Betty a été copine avec elle par la force des choses mais là où vont les choses, je ferai mieux de me méfier et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas parlé de ce que la vieille m’a donné.
Je fais mon traitement en cachette loin des regards de mon mari et je ne vois pas en quoi je lui fais mal. Chaque matin, très tôt, je me lève pour me laver avec les plantes de la vieille. Même si j’ai pardonné à Beya, je ne la vois plus de la même façon et j’espère qu’elle ne voit rien.
Ça lui cocherait la bouche de me dire merci le jour que je l’ai fait accoucher ? Je n’ai pas entendu Beya le dire et même les jours suivants. Seul notre mari m’a remercié ce jour-là même si j’ai répondu que c’est mon travail.
Je n’ai pas seulement aidé ma coépouse dans l’accouchement, je l’ai aussi aidé à faire le trousseau du petit. J’ai veillé sur elle chaque matin avant de partir au boulot et chaque soir quand je rentre. Je l’ai appris comment laver son fils.
Le jour du baptême de l’enfant, je ne suis pas restée à l’écart. J’ai été beaucoup plus active dans la préparation. Une des copines de sa grande sœur a été la marraine, j’ai fait qu’exécuter les ordres pour le bon déroulement de l’événement.
Trois mois sont passés, il me reste le dernier traitement à faire. Il m’arrive des fois que je sors ce que la vieille m’avait donné ce jour-là, je le regarde sans vraiment pouvoir l’attribué un nom. C’est un petit morceau de bois blanc mal taillé et envelopper dans un tissu en coton.
Elle m’a dit ce jour-là de le garder toujours sur moi et depuis ce jour il ne me quitte pas. J’ai toujours mes perles de hanche sur moi, c’est là que je le dissimule. Quand je vais au lit, je trouve le moyen de le cacher dans mes cheveux, aucune chance que Djadjé le voit.
Des mois que je me promène avec ce mystère sur moi, comme durant toutes ces années, j’ai les yeux tournés vers Dieu. J’attends toujours ce petit brin de miracle. J’exerce mon métier de sage-femme, à la descente, si j’ai le temps devant moi, je passe voir Betty.
Elle vient aussi souvent chez moi, je n’irai pas jusqu’à dire que notre amitié est devenue tendue mais il y a ce petit truc que je qualifierai de pas normal entre nous. On ne se confie plus l’une à l’autre comme les années passées.
Depuis que Beya a accouché, tout était redevenu normal à la maison. Même si on a souvent cette frustration de coépouse de part et d’autre, on se boude par moment mais on a plus jamais fait deux ou trois jours sans se parler.