rivalité

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Cœurs Brisés : Rivalité

Qui suis-je pour porter un jugement négatif sur la polygamie qui reste une tradition dans bien des pays d'Afrique. Pour certains, il ne faut pas juger la polygamie uniquement comme une violence faite à la femme : Elle conserve toujours un pouvoir d'arbitrage sur la gestion en commun de la famille élargie. Oui entre autre.
Un raisonnement que je n’ai jamais compris et peut-être que je ne comprendrai jamais. Ici ce que je vois là, dehors, dans la plupart des familles polygames, les coépouses portent bien souvent sur leurs épaules les souffrances à tous les sens du terme, certaines même y laisse la vie. Ma mère a été épargnée de cette souffrance parce que quand je suis venue au monde, ma mère était et a toujours été la seule femme de mon père jusqu'à son dernier souffle. Dieu a fait grâce à mes parents de huit enfants, j’ai grandi avec mes quatre frères et mes trois sœurs.
Comme dans la plupart des familles africaines, on était aussi des bouches à nourrir. Que ce soit beau, moche, difficile ou facile, rien n’empêche le temps d’agir. Nos parents ont répondu a l’appelle de Dieu à trois ans d’intervalle, les uns après les autres, nous avons tous quittés le nid familial et nous faire une place dans la vie.C’est une chance pour une mère de voir ses enfants rejoindre leur foyer, une chance que ma mère n’a pas eu. C’est aussi une bénédiction pour tout enfant de réaliser ce rêve en présence de leurs parents. Contrairement à mes autres sœurs, j’ai été la plus chanceuse lorsque je suis tombée sur Djadjé.
Un homme qui par sa bravoure a su se faire une place dans la vie et dans mon cœur. On s’est aimé, rien ne peut entraver notre union, même attendre la fin de mes études serait une perte de temps. Avec l’accord de mon oncle, notre mariage a été célébré avec tous les honneurs. 
J’ai rejoint mon foyer, seulement une année après notre mariage, le destin a frappé. Mon beau-père nous a quittés. Mon mari qui était orphelin de mère vient le rejoindre dans le rang des orphelins des deux parents. La vie est cruelle et ne fait pas de cadeau surtout avec l’âge.
Partageant la fraternité avec son seul frère, l’héritage a été reparti entre deux. Pour ne pas renoncer, mon mari a emboité les pas de son père dans le commerce. Comme je vous le disais, par sa bravoure, mon mari a remis sur pied deux magasins de son père qui lui revenait de droit.
Un mari aimant mais très occupé par son travail, à la maison il m’apporte tout l’amour que je mérite. Une vie plus ou moins tranquille que je mène dans mon foyer mise à part qu’un ventre vide d’une femme est une malédiction. C’est ce que ma mère me disait, elle priait toujours que le bon Dieu touche nos ventres, nous ses filles.

Trois ans, que j’ai les yeux et le cœur sur Dieu. Va-t-il un jour répondre à mes appels ? Il est le miséricordieux, c’est lui qui essuie toute larme, je lui confie toutes mes peines. Trois bonnes années que je cours derrière un miracle mais le temps de Dieu n’est pas celui des hommes.

Jour après jour, impuissante face à la situation, mon mari s’impatiente et il me le fait comprendre à sa manière. Une sorte de tension est née dans mon foyer, il s’est fragilisé jusqu'à ce qu’il retrouve au bord de la ruine.

Depuis que j’ai épousé Djadjé, je n’ai pas eu d’autre copine que Betty. Pour voir le sourire un jour dessiner sur mes lèvres, elle m’a toujours accompagné dans mes démarches. Elle a toujours été là pour moi. Elle passe souvent me voir, c’est elle qui me remonte le moral.

Betty (en tapant dans ses mains) : Toc ! Toc ! Il n’y a personne ici ou quoi ? 

Moi (dans le salon) : Entre Betty, je suis là.

Betty (en rentrant) : Et c’est calme ici on ne dirait pas possible.

Moi (debout) : Salut ma chérie.

On se fait le biz, Betty me regarde avant de faire le tour du salon des yeux et je jette sur le fauteuil.

Betty : Où est l’idiot du village ?

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