Chapitre 5 : 15 avril

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Nous allions quitter l'Australie avec les garçons sur le bateau Nagu Laut le 15 avril, trois jours après la victoire de l'équipe. Le capitaine Marco Entorès allait nous diriger jusqu'aux îles Mentawaii. Avant le départ nous avions fait le plein de ravitaillement ; les bières achetées en d'importantes quantités, la quinzaine de cartons de pizzas empilées les unes sur les autres, les sacs de jus de fruits et de brioches... On ne risquait pas de mourir de faim pour ce voyage. Le 16 avril allait être un jour parfait, le spot de surf nous attendait.


Julie – Profites bien papa !

Était-ce les derniers mots de ma fille avant de monter dans le bateau.


Marco – Les gars, bienvenue à bord ! C'est la première fois pour qui sur un bateau ? Avait-il demandé.

Brett – Moi ! L'avion c'est fait mais le bateau, c'est une première !

Marco – Alors, ne vous en faites pas ça se passera très bien ! Vous aurez peut-être la nausée mais ne vous en faites pas pour ça, ce n'est qu'un détail.


On avait été voir nos cabines respectives. On était deux par chambre. Greg et Jacob étaient dans la cabine du fond, Matt et moi dans celle du milieu et Juliann et Marco dans la première cabine, au tout début du couloir. Matt était ravi d'être avec moi dans la même cabine, cela allait lui rappeler de nombreux moments 15 ans en arrière...


Le soir-même nous étions en train de savourer notre victoire par le biais de l'équipe de ma fille, mais cela vient de notre équipe à nous donc on en a conclu que nous avions gagnés nous aussi.

Marco nous avait raconté ses nombreuses balades au cœur de l'océan. Il avait navigué de nombreuses fois, si ce n'était pas tous les jours d'ailleurs. Il était tous les ans sollicité pour emmener et ramener les gagner du concours de surf. Tous les ans il rencontrait des tas de surfeurs et surfeuses et ce qu'il aimait par-dessus tout était les histoires farfelues de ces derniers. Forcément en tant que surfeurs, nous avions tous ressenti les mêmes sentiments que les autres surfeurs, on avait un sentiment de déjà vue.

L'eau de mer qui piquait les yeux au début, le sable qui te foutait les jambes et tout le reste du corps lorsqu'il y avait du vent, les piqûres désagréables des méduses, les algues de l'océan qui se coincées dans les maillots, le fameux plat en tombant dans l'eau par déséquilibre...

Toutes ces choses avaient été pour nous de nombreux prétextes pour se marrer de nombreuses fois à notre pub.

On avait tous beaucoup parlé de notre expérience et de notre vie tout à chacun. On avait ensuite expliqué à Marco que les bons vieux amis s'étaient retrouvés 15 ans après et que la nouvelle génération, leurs enfants, avait gagné la compétition et qu'ils avaient offert ce magnifique présent à nous, les vieux de la mer.


Marco – Messieurs ! Je lève mon verre à notre belle rencontre et que votre séjour aux îles Mentawaii se passe à merveille ! Santé !

Tous – Santé !


Durant la soirée tout se passa pour le mieux. L'alcool coulait à flot, cela m'avait longuement rappelé une partie de ma vie peu glorieuse mais après tout, c'était le passé. J'avais pas mal bu, mais les pizzas compensées l'alcool. Matt nous disait toujours de compenser l'alcool par la bouffe, ça élimine l'alcool dans le sang. J'avais pris une pizza au saumon. Les pizzas avaient été commandées avant de lever l'encre et c'est en engloutissant ma dernière bouchée que je m'étais rendu compte que la nourriture dégageait une odeur plus ou moins pestilentielle. J'avais donc laissé le dernier quart de ma pizza par méfiance.

Deux heures après le repas (et après de nombreuses bières) nous étions tous partis nous coucher pour être « en forme » quand nous jetterions l'encre au spot de surf. J'étais dans la cabine du milieu, avec Matt qui ronflait. J'avais oublié ses ronflements quand il avait bu ; cela ne m'avait pas manqué le moins du monde.


Je m'étais réveillé dans les coups de 2 heures du matin dû à des maux de ventes des plus violents. J'avais de la fièvre, ces montées de chaleur me rendaient mal et, l'alcool de la soirée n'avait pas arrangé les choses. Après avoir vomis trois ou quatre fois, j'avais eu l'idée de remonter sur le pont du bateau pour pouvoir être à l'air frais. Ce n'est qu'une fois à l'extérieur que je m'étais rendu compte de la forte pluie qui s'abattait sur moi et du déséquilibre sous mes pieds, oui, le bateau tanguait. L'océan était agité.

Le fait que le bateau tanguait dans tous les sens m'avait fait vomir frénétiquement et donc à rejeter le peu de pizza qu'il me restait dans l'estomac directement dans l'océan. La douleur que je ressentais était intense et, d'un épuisement, j'avais perdu connaissance subitement avant de passer par-dessus bord. Dès que mon corps avait rencontré l'eau cela m'avait réveillé par miracle. J'avais eu le temps de remonter à la surface pour reprendre mon souffle et de voir le Nagu Laut s'éloigner de plus en plus avant de disparaitre dans la pénombre.  

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