Quinze minutes « rectifiées » avant impact
Depuis quelques secondes, le halo bleuté qui enveloppe le Phoenix semble se charger de d'électricité, tandis que des traînes blanches s'inscrivent furtivement autour du vaisseau. Le nuage de micrométéorites n'est qu'à quinze minutes de là, ils entrent dans sa proche banlieue et des cailloux aussi gros que des grains de sable traversent en ce moment leur chemin. Rien de grave pour le Phœnix, les boucliers sont puissants. Mise à part la capsule numéro 3 qui, au-dessus de leurs têtes, n'est protégée d'aucune sorte.
McDongle étouffe un juron et se tourne en direction des soldats affairés à dessouder une plaque de la carlingue.
— Vous en avez pour combien de temps ?
— Douze minutes Amiral, dix, si nous avons de la chance, renchérit le dénommé Carl.
— Même si l'on rejoint la salle-machine, nous ne pourrons pas reprendre la main sur les générateurs...
Le commandant serre la mâchoire.
— Je dois retourner sur le pont, siffle-t-il entre ces dents. Il reste peut-être une solution ; pas question de voir cette ruche disparaître comme ça.
— Amiral, soutient Sophia en secouant la tête, c'est fini. Vous ne pourrez pas y être avant longtemps, le temps que l'on accède aux propulseurs...
— Je rentre au QG.
Sans dire un mot de plus, McDongle désactive ses bottes magnétiques et pousse aussi fort qu'il le peut sur ses jambes. Le mouvement le projette en l'air, droit en direction de la troisième ruche.
— Amiral ! Halef-Li hurle dans son casque. Revenez, c'est de la folie !
— Monsieur, s'inquiète la voix du sergent Calix, écoutez le caporal, vous allez sortir du champ de protection, c'est trop dangereux, restez à proximité de la carlingue, les particules ne vous feront pas de cadeaux !
McDongle s'en moque, il active les stabilisateurs, s'arrête un instant pour repérer le sas de maintenance, et pousse les propulseurs de sa ceinture.
— Jerem', lâches tes outils, on ramène cet idiot, s'exclame Sophia dans l'intercom. Vous autres, ouvrez cette porte, c'est le seul moyen de se mettre à l'abri lorsque le gros du nuage sera sur nous.
McDongle jette un œil à ses pieds, deux combinaisons blanches surgissent dans son champ de vision et se rapprochent.
— Caporal, retournez à votre poste, commande l'Amiral.
— J'ai pour mission de vous protéger et vous ne me facilitez pas la tâche, crache Sophia.
Les deux militaires, bien plus rapides que lui, arrivent presque à sa hauteur.
— Vous êtes dans le vide, sans ligne de vie ! gronde-t-elle. Désormais, avec cette nuée de poussières en approche, votre espérance de vie en dehors du vaisseau est de...
— vingt secondes, je sais, la coupe l'Amiral. L'IA n'arrête pas de me le répéter. Mais c'est le temps qu'il me faut pour rejoindre la zone de maintenance.
— Jerem', ordonne la caporale, détache ton bouclier portatif, protégeons cet imbécile.
— à vos ordres, réplique le militaire en accélérant pour s'approcher du vieil homme.
Le soldat dénoue rapidement une sangle sur son épaule, imitée de sa supérieure. Ils allument de concert le boitier noir qu'ils avaient en bandoulière et des rectangles translucides d'un mètre sur deux s'ouvrent à leurs extrémités.

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L'Amiral
Khoa học viễn tưởngHenry McDongle s'ennuie. Il est pourtant l'amiral du troisième quart sur Phoenix, l'arche stellaire chargée de transporter quatre-vingt-cinq mille colons vers une lointaine planète. Mais les automatismes rendent le voyage insipide, il envisageait di...