6 - Reprendre le contrôle

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Deux heures et trois minutes avant impact

McDongle demande à l'IA d'afficher le temps estimé avant la traversée du nuage sur tous les terminaux. Le calcul est rapide : il reste deux heures avant la destruction de la capsule. Les capteurs du vaisseau sont formels depuis la rébellion de Jourdain.

— Amiral ! Henry McDongle ne dit rien, trop occupé à fixer d'un regard vide la lourde porte du sas qui fait obstacle à son avancée. Il y en a trente comme ça le long du tore du Phoenix, pour accéder aux immenses salles-machines coincées dans l'axe principal. Depuis que Jourdain s'est retranché de l'autre côté, pas une ne répond aux commandes. Comme tous les capteurs périphériques du Phœnix d'ailleurs, le dissident les contrôle tous : des radars aux caméras thermiques, il en fait ce qu'il veut.

— Amiral ! reprend l'officier en arrivant à sa hauteur.

— Je vous entends, Calix, je ne suis pas sourd. S'il vous plaît, dites-moi que vous avez trouvé une solution pour ouvrir ces portes.

— Pour l'instant, non, se désole le sergent en secouant la tête. Les circuits informatiques sont isolés, tous les accès nous sont refusés. L'équipe du docteur Jourdain a pris le contrôle de l'axe principal du vaisseau.

McDongle redresse son visage vers la meurtrière qui barre verticalement la bouche métallique. Le couloir derrière la barrière infranchissable est désert, simplement éclairé par la lumière crue qui tombe des parois. Henry peut apercevoir un second sas minuscule au bout de l'échelle interminable, mais la porte de cinquante centimètres d'acier-carbone semble impénétrable ; elle ne lâchera pas de sitôt, protégeant le groupe de mutins qui se terre bien au chaud.

Henry se retourne en direction du hall central. La voute s'élève loin au-dessus de leurs têtes, balayée par les faisceaux rouges des lampes d'alarmes. De là où il se trouve — une des plateformes suspendues qui mènent directement à l'axe principal du vaisseau hébergeant les réacteurs —, McDongle peut deviner l'entrée du quartier général devenue toute petite à l'autre bout de l'immense plateau. Il a une vue plongeante sur le lieu, véritable carrefour entre tous les districts du Phœnix. Les civils se dépêchent de regagner les zones de confinements, à la demande insistante de haut-parleurs. L'atmosphère s'est alourdie depuis le début des opérations, mais pour l'instant, les colons font preuve de discipline et de sérieux. Après tout, le nuage de micrométéorites ne sera là que dans deux heures, ce qui laisse largement le temps de se calfeutrer dans les espaces protégés.

— Amenez des techniciens, ordonne McDongle en descendant l'escalier métallique. Qu'ils trouvent des forets, n'importe quoi. Mais qu'ils percent une entrée dans ces foutues portes.

— C'est de l'acier-carbone ! s'exclame Calix à ses côtés. Et d'une sacrée épaisseur, cela risque de prendre des heures !

— Je m'en moque, qu'ils s'y mettent à plusieurs, grogne l'amiral. Il faut à tout prix que l'on reprenne la main sur les boucliers du Phoenix, sans cela, la capsule numéro 3 est condamnée.

Le sergent Calix esquisse un bref salut et s'éloigne pour donner ses ordres et tenter l'impossible. L'impossible oui, car deux heures ne seront jamais suffisantes pour venir à bout d'une telle porte. McDongle doit trouver une autre solution.

— Que disent les IA sur les barrières informatiques mises en place par Jourdain ? ajoute-t-il sans s'arrêter à un autre de ses officiers.

— Rien de bon, déclare un militaire en allumant une console d'appoint. Visiblement, elles ne pourront strictement rien tenter.

— Comment ça ? Elles ne peuvent pas craquer les codes ?

— Non, la déconnexion est physique, renchérit le sergent. Les scientifiques ont débranché manuellement les accès, elles ne peuvent pas intervenir au-delà de ces portes.

L'AmiralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant