III. Sur Vénus

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Pvd Charles

En se penchant par dessus le bastingage, le capitaine regardait couler le corps de son ami. Il ne pleurait pas. Il avait simplement la nostalgie des années passées avec lui sur Vénus. Il savait qu'il ne retrouverait jamais quelqu'un comme lui pour devenir son second. Adam était irremplaçable. Il le connaissait depuis ses 12 ans. 15 ans qu'ils avaient passés ensembles sur ce bâtiment. Et il n'avait rien vu venir. Qu'Adam meurt était pour lui tout simplement impossible. Son ami savait se servir à la perfection d'une épée et d'un pistolet. Comment avait-il pu succomber ainsi lors de l'attaque d'un simple navire marchand?

Il fallait qu'il se reprenne. Il pensa à Delphine endormie dans la cabine de son ami. Il décida de s'y rendre afin de voir si la jeune prisonnière s'était réveillée.

Elle gisait évanouie . Elle avait l'air de dormir paisiblement. « Cela fait déjà trois heures qu'ils l'ont enlevée. Ils n'hésitent pas à frapper très fort . »

Il l'observa et hésita un instant. Maladroitement, les doigts tremblants, il lui détacha les cheveux et laissa sa chevelure acajou se répande autour de son visage et de ses épaules. Puis il retourna délicatement le corps étendu à même le sol et commença à dégrafer sa robe puis il délassa son corset et les posa sur le dos d'une chaise avant de porter sur le lit la demoiselle seulement vêtue d'une chemise en coton blanc et fin. Il la couvrit d'une couverture puis la regarda une dernière fois avant de sortir.

Il venait de refermer la porte quand un cri de la vigie le fit courir sur le pont. Une fois là bas, il comprit: indistincts mais bien visibles, d'énormes nuages noirs approchaient.Certes, il avait bien vu qu'une tempête allait éclater mais ces nuages menaçant l'inquiétaient tout de même. Il demanda aux matelots d'enlever tout ce qu'il y avait sur le pont et d'aller se mettre à l'abri.

**********

Pdv Delphine

Lorsqu'elle revint à la réalité, elle était allongée dans un lit sur un navire agité par les flots. Elle vit ensuite deux yeux noirs dans visage d'un jeune homme qu'elle était sûre de connaître mais sur lequel elle n'aurait pas su mettre de nom. Il était assis dans un coin de la pièce. Son visage était dans l'ombre mais elle le voyait inondé de lumière, comme la seule chose dans l'univers.

Elle tenta de se redresser mais un gémissement de douleur lui échappa. Sa tête lui faisait mal. Elle ne se souvenait plus de ce qu'il lui était arrivé. Elle était sur un bateau en route pour la France. Ils avaient été arrêtés par un autre navire puis elle ne se souvenait de rien sauf d'une paire d'yeux sombres comme la nuit  dans lesquels elle s'était perdue avant de s'évanouir.

Ces mêmes yeux noirs la fixaient. Quand elle plongea son regard dans le sien, elle oublia tout. Le bateau, les pirates, la tempête... Il n'y avait plus que ses yeux si profonds dans lesquels elle se perdait sans vouloir en ressortir.

Le navire bougeait de plus en plus porté par les vagues. Malgré cela, il ne perdit pas l'équilibre en se levant ni lorsque qu'il s'avança vers elle sans la quitter des yeux. De son côté, elle n'entendait plus le grondement du vent qui l'avait réveillée. Il n'y avait plus qu'eux deux, seuls dans une bulle de silence où il n'y avait aucun pirate ni aucune noblesse. Seulement deux âmes animées d'un amour inconditionnel l'un pour l'autre.

-Vous êtes réveillée.

Cette phrase la ramena à la réalité. Leur bulle de solitude était éclatée et elle était à présent redevenue Delphine de Vriselles, une jeune fille noble face à un capitaine pirate qui l'avait enlevée. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher d'être attirée malgré elle vers ce regard noir et magnifique.
Elle répondit par la première chose sensée qui lui vint à l'esprit:

- Où sommes- nous?

«  Au cœur de la tempête » se dit le capitaine. Cependant il répondit:

-Sur mon bateau: Vénus.

- Vous m'avez enlevée.

- Vous seriez morte si je ne l'avais pas fait. répondit-il comme pour se justifier.

- Ce n'est pas pour autant une bonne chose.

- Mais, en était-ce une mauvaise?

Comme ses yeux, sa voix grave et suave l'ensorcelait et l'emmenait dans un monde inconnu, aussi terrifiant que mystérieux.

-Comment vous appelez-vous?

-Charles, je suis le capitaine de se navire.

Elle tentait tant bien que mal de garder les pieds sur Terre mais, à chaque fois qu'elle croisait son regard, elle perdait contact avec la réalité.

-Pourquoi m'avez-vous sauvé la vie?

-Je ne voulais pas que vous mouriez.

Bien qu'elle ne considéra pas cela comme une réponse, elle hocha la tête et se tut. Elle ne souhaitait pas en savoir plus. Même si elle était sur un bateau de pirates, elle se sentait en sécurité dans cette chambre lorsque Charles était présent. Aussi, quand il la quitta elle éprouva en sentiment de solitude des plus effrayants.

La mer a mon cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant