I. Le capitaine du Vénus

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Il faisait noir. Le capitaine du Vénus déambulait tranquillement sur le pont. Il observa sa montre et leva les yeux vers le ciel. Le jour ne serait pas levé avant deux bonnes  heures. Alors, il redescendit dans sa cabine, prit son journal de bord et commença à écrire.

10 août 1760 4 heures du matin

Depuis quelques jours nous naviguons dans des conditions météorologiques rêvées. Cependant je crains que cela ne dure pas. Il fait très chauds depuis quelques jours et je crains fort un orage voire une tempête à venir.

Il ne se passe rien depuis environ trois semaines. Il ne nous ait rien arrivé. Le Vénus reste seul sur une immense étendue bleue. Uniquement du bleu à perte de vue. Mais parfois je me dis que c'est peut-être mieux ainsi.

Après avoir tracé ces quelques lignes sur son carnet de bord, le capitaine referma le cahier et sortit de sa cabine pour retourner sur le pont. Les étoiles brillaient encore mais elles commençaient à pâlir. Bientôt elles seraient complètement éteintes et le jour se lèverait.

Il retourna de nouveau dans sa cabine et s'assit un moment. Il avait incroyablement chaud. Et soif. Il se leva et se servit un verre de vin qu'il avala d'un coup. Il se dirigea ensuite vers une petite table dans un coin de la pièce sur laquelle se trouvait une bassine et un broc d'eau fraîche. Il versa l'eau dans la cuvette et s'en aspergea le visage puis passa sa main trempée dans ses cheveux châtains et ondulés.

Il posa son regard vers le miroir et s'y regarda un instant. À 27 ans, jeune mais mûr, il était plutôt joli garçon. Ses grands yeux noirs étaient la première chose que l'on voyait dans son visage pâle comme celui d'une femme de la haute société. Son teint extraordinairement clair n'était dû qu'à une nuit blanche qui ne l'avait pourtant pas fatigué le moins du monde. Il souleva une mèche de ses cheveux et dévoila sa tempe ornée d'une cicatrice. « Ma première blessure de guerre. »pensa-t-il en souriant. En disant cela, il imaginait ses poignets couverts de marques de batailles presque incessantes depuis ses 12 ans.

« Depuis que je suis sur le vaisseau de père » conclut-il en se remémorant la partie de son enfance passée sur Vénus, le navire paternel sur lequel il avait appris à naviguer, à diriger un équipage, à se battre, où il avait rencontré Adam qui était ensuite devenu son bras droit et où il avait passé plus de la moitié de son existence.

Le navire s'éveillait. Les marins s'agitaient au dessus de sa tête. Il devrait être environ 6 heures. Le capitaine soupira en se disant qu'il avait passé la nuit à ne rien faire entre sa cabine à rêver et le pont à admirer le firmament.

Il sortit de chez lui en imaginant qu'il allait prendre la barre et passer ainsi journée à la proue du bâtiment. Il s'apprêtait à gravir l'échelle lorsque son second l'interpella sans façon:

-Capitaine, s'exclama-t-il à bout de souffle. Visiblement il venait de crier et de parcourir le bateau en courant. « Les hommes... »continua-t-il avant de s'arrêter pour reprendre sa respiration.

-Que se passe-t-il Adam? Une mutinerie? s'inquiéta le capitaine.

-Non capitaine, on commence à apercevoir une voile en proue.

Aussitôt, Adam et son supérieur s'élancèrent à travers le bateau. Quand ils eurent atteint l'avant du navire ils fendirent la masse d'hommes afin arriver au point le plus avancé du bateau pour essayer de distinguer quelque chose. Effectivement, il y avait un petit point blanc à l'horizon. Au bout de quelques longues minutes et à l'aide d'une longue vue, le capitaine déclara :

-C'est un navire français. Il revient des colonies du Nouveau Monde. Probablement des marchands. Préparez vous à combattre, conclut le pirate.

À ses mots, les marins coururent s'armer et charger les canons. Ils couraient se passant des armes de la poudre, des boulets et des cartouches.

-Inutile de se presser, lâcha froidement le capitaine. Nous ne l'aurons pas rattrapé avant quelques heures.

La mer a mon cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant