IV. Au cœur de la tempête

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Pdv Delphine

La tempête l'empêchait de dormir. Elle n'avait pas bougé depuis le départ de Charles. Elle rêvait aux quelques mots mots qu'ils avaient échangés. Au bout d'une heure, ses yeux lui manquait déjà. Elle voulait se perdre dedans et sentir sa présence à côté d'elle. C'était plus fort qu'elle. Il fallait qu'elle le voie.

Elle se leva, enfila une robe de chambre et couru vers la porte qu'elle trouva fermée. « Bien sûr, soupira-t-elle, ils n'allaient pas me retenir prisonnière dans une chambre ouverte ce serait trop beau. »

Ne pouvant se résoudre à se recoucher après avoir dormi une journée entière, elle alla observer la mer depuis sa fenêtre. D'énormes vagues soulevaient le navire sous une pluie si épaisse que l'on ne pouvait que deviner les nuages noirs et menaçant qui couvraient le ciel nocturne. En contemplant le paysage terrible et si sombre, elle repensa aux yeux de nuit et au doux visage de Charles qui, à peine quelques heures après l'avoir quittée, lui manquait déjà.

Il fallait qu'elle se reprenne. Ce regard qui l'attirait et en même temps l'inquiétait était tellement ancré dans son esprit qu'elle ne parvenait pas à se débarrasser de cette image. Elle revint à la porte et commença à se poser une question qui détournerait ses pensées du capitaine pendant suffisamment longtemps: comment sortir?

**********

Pdv Charles

Il lutait depuis des heures sans pouvoir s'endormir. La tempête le rendait nerveux. Delphine lui manquait cruellement et quoi qu'il fasse ses pensées retournait tout le temps vers ses yeux océan. Son absence hurlait plus fort encore que le vent, la pluie, les vagues, la houle et la tempête.

Il sortit de sa cabine et s'arrêta un instant. Des rires de l'équipage lui parvenaient. Bien que se soit la nuit, il n'était pas le seul éveillé. Mais elle, dormait-elle? Sur un navire au cœur de la tempête, dormir était presque impossible à plus fortes raisons lorsque l'on n'était pas habitué. Elle devait donc être elle aussi parfaitement consciente peut-être inquiète à cause du violent orage dehors.

**********

Pdv Delphine

Son œil était plaqué contre la serrure. Elle entendait des bruits provenant de l'équipage mais le couloir était désert. La porte était solide et le verrou n'était ni rouillé ni même légèrement abîmé. Il lui était donc impossible de sortir. Quelque soit le sentiment de sécurité qu'elle éprouvait en présence de capitaine, elle était bel et bien prisonnière.

Elle entendit soudain le bruit d'une porte qui se refermait et Charles apparut à l'autre bout du couloir. Il approchait de sa chambre. Elle se releva et courut vers son lit de la meilleure façon qu'elle pu avec le mouvement du bateau.

Elle entendit la clé tourner dans la serrure. Charles ouvrir la porte mais resta planté sur le seuil comme s'il n'osait pas entrer. Il commença à se retourner comme s'il partait quand, malgré elle, Delphine ouvrit légèrement les yeux et croisa ceux du capitaine.

À partir de ce moment-là, elle ne sentait plus le bateau bouger, elle n'entendait plus la tempête hurler et elle ne voyait plus que lui. Ses yeux bien que semblables à la nuit étaient inondés de lumière. Plus que le ciel, ils étaient les étoiles.  

« Vénus, pensa-t-elle, on dirait que ses yeux ont donné son nom au navire. »

Elle se redressa et s'appuya sur sur son coude. Il n'avait pas bougé. Il était toujours dans l'encadrement de la porte, sa main sur la poignée. Lui aussi semblait perdu ne savait pas  quoi dire. Il fit un effort pour s'arracher à son regard bleu et ensorceleur et lui adresser un doux sourire.

Plus encore que ses yeux, son sourire emmenait son âme ailleurs, dans un monde lointain, immense, mystérieux, terrifiant mais attractif. Et elle était attirée par ce monde inconnu qui l'appelait.

« Mais que m'arrive-t-il ? »

La mer a mon cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant