Chapitre 20 : Pdv Jack

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Une fois que j'ai fini de sortir ce que j'ai à manger, je commence, en piquant ci et là. Ça se passe très bien, on rit beaucoup et nous parlons de tout et de rien. Lorsque nous avons tout englouti, il nous reste encore une heure avant la reprise des cours. On se pose tous les deux dans l'herbe, j'ai le dos appuyé contre le tronc du vieux chêne qui trônait pas loin de l'endroit qu'avait choisi Elsa pour qu'on mange. Celle-ci est venue quémander des (je cite) "cratte-crattes", en posant sa tête sur mes genoux. Je m'exécute sans rien dire en caressant et joue avec ses cheveux blancs qui, jadis étaient miens. Aujourd'hui cette période me semble bien lointaine... je pousse un soupir, la faisant rouvrir les yeux qui s'étaient fermés sous mes attentions.

-Tout va bien ? s'inquiète-elle.

-Oui, j'ai simplement pensé à quelque chose... explique-je.

-Tu veux en parler ?

-Non, c'est rien.

J'esquisse un petit sourire qui se veut rassurant. Elle me le rend avant de lever sa main vers ma joue pour y faire de petites caresses.

-Si tu veux je suis là hein ? Après tout, on est dans la même merde, ricane-t-elle.

Je ne peux m'empêcher de rire, je n'aurais jamais cru l'entendre un jour prononcer ce mot, elle qui fait tellement attention à son vocabulaire d'habitude, ça ne lui ressemble pas.

-On dirait que ma vie a une mauvaise influence sur toi !

-Il faut croire oui, répond-elle.

On se calme tout deux et elle referme ses yeux lorsque je recommence à masser son cuir chevelu.

-Elsie, je ne t'ai jamais demandé, comment sont morts tes parents ?

-Hum... ils étaient allés dans un autre pays en bateau pour leur travail mais il y a eu une tempête et ils ne sont jamais arrivés à destination... annonce-t-elle doucement.

-Je vois...

-Et les tiens ? S'intéresse-t-elle.

-Ma mère est morte en donnant naissance à Emma et mon père a disparu un peu après, il pensait que c'était de notre faute, il ne supportait pas de nous voir comme il nous tenait responsable de son malheur.

-Mais c'est débile, vous n'aviez rien demandé...

-Je sais mais apparemment ce n'était pas son avis, souffle-je.

Elle ne répond rien et prend simplement une de mes mains pour en caresser doucement le dos. Je laisse tomber ma tête contre la mousse moelleuse qui recouvre mon dossier et regarde le ciel bleu, derrière le feuillage du chêne qui danse au gré du vents. La couleur verte des feuilles tordues de l'arbre me rappelle les grands yeux énervés de Raiponce.

-D'ailleurs, Elsa, quel genre de relations tu entretiens avec Raiponce ?

-C'est ma cousine, c'est une fille très gentille... Elle pense toujours aux autres et elle a des rêves pleins la tête. On est vraiment très proches, sûrement parce qu'on se connaît depuis presque toujours, finit-elle.

-Je vois...

-Pourquoi ?

-Hé bien... Tout à l'heure elle est venue me voir à la récré...

Puis je lui raconte toute notre conversation, dans les moindre détails dont je suis capable de me souvenir.

-Donc il faut juste qu'elle me voit et que j'arrive à la convaincre que je suis... enfin que nous sommes quelqu'un de bien.

-Oui ou en tout cas c'est aussi ce que j'ai aussi compris, affirme-je.

-Très bien, ça sera du gâteau, je la connais presque aussi bien que ma sœur... Et je te félicite, tu as vraiment géré ce matin avec elle ! Je n'aurai pas mieux fait moi même.

-Ça a été simple, il a suffi que je me demande :  "qu'est-ce qu'Elsa aurait dit ?" et voilà, le tour est joué !

On explose tous les deux de rires jusqu'à ce qu'elle reprenne la parole.

-D'ailleurs... Ça tombe bien que tu abordes le sujet... commence-t-elle en se relevant, ce que je ne tarde pas à faire aussi.

-Comment ça ?

-Comment dire... Sache que j'ai fait de mon mieux !

-Par pitié Elsie, arrête de tourner autour du pot, gonde-je.

-Haroldneveutplusnousparler, bredouille-t-elle.

-Plaît-il ?

-Harold ne veut plus nous parler, répète-t-elle.

-Quoi ?! M'exclame-je.

-Mais je n'y suis pour rien, s'empresse-t-elle d'ajouter.

-Mais comment ça se fait ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-J'étais tranquillement à mon casier et il a déboulé et a commencé à me crier dessus, je n'ai pas pu placer un mot, il me coupait sans arrêt et a finit par partir sans demander son reste. Et j'ai préféré ne pas lui courir après, je ne savais pas quoi lui dire et j'avais peur d'empirer les choses.

-Mais qu'est-ce qu'il a dit ? Pourquoi il criait ?

-Parce que tu l'éviterais pour être avec moi. Bref une grosse crise de jalousie....

-Je vois... Dis-je l'air grave. Il était vraiment énervé ?

-Oui, il m'a même appelé "Jackson"...

-C'est plus grave que ce que je pensais alors...

Après ça, plus aucun de nous ne parle pendant de longues minutes. Il est mon meilleur ami depuis des années et a cru en moi  alors que même moi je n'y parvenais plus... Je n'ose pas imaginer ce que je serais devenu sans lui. Pour moi il est presque aussi important qu'Emma ! Avant toute cette histoire ils étaient d'ailleurs les deux seuls à connaitre l'existence de mes pouvoirs (avec Moana bien-sûr). Je ne peux pas le laisser partir comme ça... Et la semaine prochaine, ça sera trop tard.

-On va tout lui dire, ce soir, décrète-je.

-Tout ? S'étonne-t-elle.

-Oui, je lui fais entièrement confiance et je ne veux vraiment pas le perdre.

-Tu es sûr que ça changera quelque chose ?

-Je l'espère en tout cas.

Dans sa VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant