Chapitre 1 -

689 62 123
                                    

Elle
« Let me tell you a story
About a boy and a girl »

Somewhere in Nothern Italy...
— Call Me By Your Name

Elle était en vacances pendant deux semaines. Deux longues semaines à s'ennuyer pendant que ses parents iraient se balader quelque part dans le petit village. Sûrement assis sur une des terrasses profitant de la chaleur de l'été. Son père était à coup sûr en train de lire son journal tandis que sa mère observait les tenues des passants. Habitude de couturière sans doute.

Assise sur le lit de la petite chambre dans laquelle elle avait élue domicile pour ce séjour, elle dessinait, gribouillait tout ce qu'il lui passait par la tête. Son petit carnet si cher à ses yeux trônait fièrement sur ses genoux, ces derniers pleins de peinture. Ça lui venait comme ça, de temps en temps, cette inspiration qui lui prenait aux tripes, elle ne pensait plus qu'à abréger sa souffrance en respectant les ordres de son imagination.

Alors elle peignait, elle y déversait sa solitude. Une fille joyeuse et pleine de vie pouvait très bien ressentir ça, non ? Cette foutue solitude. Se sentir comme étouffée par le monde mais avec personne qui échanger. Sentir que l'on coule petit à petit dans cette foule immense, que personne n'entende son cœur ralentir à chaque battement. C'était ça la solitude. Et elle ne connaissait ce sentiment que très bien. En analysant ses dessins et ses mots, on pouvait y distinguer ses émotions, ses humeurs. Mais encore faudrait-il qu'il y ait quelqu'un pour les voir, ses œuvres. Malgré tout, elle restait une boule de vie pétillante, juste en manque de compagnie même si elle était tout le temps entourée, que ce soit par ses proches ou par ses amis.

En entendant la porte claquer, elle se rendit compte que ses parents étaient rentrés. Tout sourire, ils la contemplèrent, leur fille merveilleuse. Ce qu'ils l'aimaient, elle et sa joie de vivre mais ils ne pouvaient pas s'empêcher de s'inquiéter. Ils la voyaient souvent, cette lueur de tristesse dans ses yeux, ses regards vides sur son assiette, tout de suite remplacés par ses radieux sourires. Ils se demandaient quand est-ce qu'ils verraient ses yeux sourire également. L'astre n'était pas encore à son apogée. Certes il brillait, mais pas avec toute sa capacité.

Sur le chemin du retour, ils avaient entendu le bruit, l'excitation : ce soir se déroulait la fête du village. Les habitants de ce dernier resplendissaient à l'idée de danser et de s'enivrer, encore et encore. Toutes générations confondues en parlaient. Les couples de personnes âgées qui s'entraînaient sur la place centrale du village étaient souvent observés par les jeunes du village. Parfois même s'en rendre compte, ils les regardaient avec tellement d'attention, comme si le monde s'était arrêté de tourner, et que seul l'amour comptait.

Elle avait entendu sa mère lui proposer d'aller y faire un tour, elle avait senti l'espoir dans sa voix, alors elle a accepté. Rien ne valait le sourire de sa mère, pas même l'idée d'être à nouveau submergée par la foule sans que personne ne la voie. Elle emporta évidemment son carnet avec elle et un stylo noir, pour pouvoir y couler ses mots quand elle serait sur place. Elle choisit de s'habiller d'une petite jupe noire et d'un tee-shirt blanc. Cela ferait l'affaire pour rester assise sur l'une des chaises réquisitionnées pour cette occasion si spéciale aux yeux de tous les villageois. Avec un petit verre de cocktail à ses côtés, elle viderait sûrement l'encre de son stylo. Il fallait qu'elle rachète des fournitures, en rentrant peut-être.

Une fois arrivée sur la Place de la Fontaine, elle chercha des yeux son futur lieu d'écriture. En zieutant rapidement les lieux, elle remarqua une petite table isolée des autres avec deux chaises à ses côtés. Dans sa tête, elle se dit que c'était l'endroit idéal et cette pensée se répercuta sur son visage en affichant un petit sourire. Elle était plutôt heureuse, les gens dansaient et riaient sur des airs latinos tandis que d'autre sirotaient leur boisson en éclatant de rire face à la blague qu'une personne avait lancée.

Elle se posa sur sa chaise et commanda une boisson, le serveur la lui apporta rapidement et elle commença à écrire, puis à dessiner. L'inspiration n'était plus cette grosse bête qu'elle devait dompter mais plutôt ce petit chat craintif qui n'osait pas trop se montrer ce soir-là. En parcourant l'assemblée des yeux, ces derniers s'accrochèrent à des pupilles bleues. Les siennes étaient marrons café, basiques semblait-elle penser. Ainsi, lorsqu'elle vit ces prunelles d'un bleu aussi clair que le ciel, elle fut hypnotisée, tout comme lui, ce charmant garçon aux yeux couleur ciel. Ils se fixèrent pendant des secondes, des minutes, des heures peut-être. Ils perdirent la notion du temps, alors quand elle reprit conscience, elle quitta la petite table sans même terminer sa boisson. « Tant pis » se dit-elle. Sous le ciel étoilé de cette nuit particulièrement mémorable, Elle repartit vers la direction de l'appartement tandis qu'un nom à la prononciation délicieuse vint doucement caresser ses oreilles.

« Adam ! »

PS : À prononcer "Adan" et non "Adame" ;)

Sous les Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant