Chapitre 5-

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Elise

« So, before you go
Was there something I could've said to make your heart beat better?
If only I'd have known you had a storm to weather »

Il fallait qu'elle lui annonce. Elise se promit qu'aujourd'hui, elle annoncerait son départ à Adam. Après tout, il l'apprendrait bien un jour ou l'autre. Mais Elise avait mal, elle refusait de le laisser ici. Elle lui était si reconnaissante. Adam l'avait en quelque sorte réparée. Ce sentiment de solitude ne l'avait pas quitté d'une semelle jusqu'à ce qu'elle le rencontre. Dès l'instant où elle l'a vu, lui et l'éclat de son âme, elle avait su. Elle avait su qu'elle ne se sentirait plus jamais seule. Il l'avait marquée d'une façon inoubliable. Alors elle décida de l'écrire, pour s'en souvenir. Elle dégaina son stylo et laissa sa plume s'exprimer. Elle écrivit, encore et encore. Puis dessina. Elle dessina le parc avec une nuit étoilée. Et deux silhouettes allongées. Elle dessina le café, le lac et tous ses souvenirs. Elle créait, se souvenait, marquait. Jusqu'à ce que ses parents arrivent. Ils l'avaient remarqué, cette lumière dans ses yeux. Eux qui s'inquiétaient, voyaient enfin leur fille vivre, pour de vrai. Cette lueur de tristesse était remplacée par autre chose. Quelque chose d'encore plus percutant, plus fort. Ils ne distinguaient quoi, mais peu leurs importait tant qu'elle était heureuse. N'était-ce pas ce que tout parent voulait pour son enfant ? Que ses yeux brillent, enfin l'astre avait atteint son apogée et il n'en était que plus beau encore.

Adam et Elise se rejoignirent au café sur la Place de la Fontaine. Elle était nerveuse et cela se répercuta sur son visage, on pouvait lire en elle comme un livre ouvert. Mais seulement quelques personnes en avaient la capacité et Adam en faisait partie. Il arrivait à déchiffrer cette langue étrangère. Elise le savait très bien puisqu'il en était de même de son côté, Adam était transparent, ses émotions étaient aussi claires que de l'eau de roche. Alors elle essaya de faire bonne figure mais c'était peine perdue, Adam prit la parole :

— Qu'est-ce qu'il y a Elise ? T'as l'air super soucieuse, tout va bien ?

— Oui, pourquoi ? Répondit Elise avec sourire enjoué.

— Ton sourire, Elise, tu ne souris jamais comme ça, remarqua Adam en fronçant les sourcils. Bon, dis-moi ce qui ne va pas.

— Ok, alors je pars dimanche matin.

Si Elise avait pu parier qu'Adam se fermerait d'un coup, elle l'aurait fait. Seulement, elle aurait eu tort. Le garçon avait juste l'air perdu, comme désemparé. Les sourcils froncés, il fixa ses baskets puis regarda fixement Elise. Cette dernière était d'ailleurs si gênée qu'elle baissa la tête. Mais Adam en décida autrement. Il prit le menton d'Elise et l'embrassa. Il l'embrassa devant les passants, les jeunes, les vieux, la fontaine, le ciel. Jusqu'à en perdre haleine. Puis il reprit :

— Donc il nous reste actuellement deux jours. Elise Rose Martin, je te promets de faire de ces deux jours des souvenirs aussi heureux qu'inoubliables. Je te promets qu'à la fin de ton séjour, moi, Adam Valentino Nocci, j'occuperai toutes tes pensées et ton âme ne m'oubliera jamais.

Mais ce qu'Adam ne savait pas, c'était que la chose était déjà faite. Adam avait marqué Elise comme au fer rouge. Elle ne put s'empêcher d'avoir les larmes aux yeux. Alors elle l'embrassa, du plus profond de son coeur et elle espérait ainsi toucher celle d'Adam, ce garçon aux jolis yeux couleur ciel.

Ils commencèrent par aller à la librairie principale du village. Elise avait les yeux qui pétillaient devant tous ces étalages. Elle était si émerveillée qu'elle ne remarqua pas qu'Adam, lui, était hypnotisé par elle. Elle traversa les rayons, caressait les tranches, lisait les titres tout en tenant la main à Adam. Comme si un fil les liait, ils ne séparèrent jamais de la journée. Après avoir fait un dernier tour dans la librairie, Adam entraîna Elise au marché. L'explosion de bruit agressa les oreilles d'Elise dans un premier temps, puis sonna ensuite comme une douce mélodie. Chaque personne criait pour attirer du monde à son stand, les palettes de couleurs qui s'ouvraient à Elise resteraient à jamais gravés dans sa mémoire. Elle lâcha la main d'Adam et sortit son carnet. Elle ne remarqua même pas l'absence du garçon parti chercher à manger. Trop occupée à dessiner, elle ne fit plus attention à l'agitation autour d'elle. Elle était comme enveloppée dans sa bulle, hermétique à toute intrusion. Elise dessina le monde, son monde.

Une fois finie, sa bulle éclata comme par magie et elle remarqua qu'Adam l'observait comme à son habitude. Il passait son temps à la fixer, comme s'il essayait de découvrir tous les moindres secrets de sa personne. Elle vit deux sacs à son poignet et constata qu'il était parti acheter à manger. Ce dernier lui prit la main et ils traversèrent la foule ainsi. Tout en lui expliquant le programme qu'il avait prévu, Adam caressait du pouce la paume d'Elise.

Après quelques dizaines minutes de marche, elle découvrit l'endroit où ils déjeuneraient. Adam l'avait emmenée dans le champ de tournesols à l'extérieur du village et Elise trouva la place parfaite. Emerveillée devant toutes fleurs rivées vers le soleil, son visage éclatait de joie. Comme un livre ouvert. Elle vit les pupilles d'Adam scintiller et se demanda quelle en était la cause. Ce qu'elle ne savait pas, c'était que son sourire à lui seul suffisait à ravir le cœur d'Adam, alors la voir exploser de joie ainsi, elle ne se douta pas de l'impact que cela eu sur lui. Il rayonnait.

Ils passèrent le reste de l'après-midi dans le champ de tournesols à rêver, dessiner, s'embrasser.

Sous les Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant