Chapitre 2-

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Adam

« She lives in daydreams with me
She's the first one that I see
And I don't know why
I don't know who she is »

Il avait le sentiment de la connaître depuis toujours. Cette fille aux yeux café. Pendant cet échange de regard, il y avait lu son âme. Il voyait tout ce qu'il se passait dans sa jolie tête, de son infini tristesse à l'éclat de son âme. Elle était heureuse, respirait la joie mais sentait la solitude. Il se dit qu'elle lui ressemblait. En une fraction de seconde, il s'était reconnu alors quand elle a commencé à partir, il lui avait crié son prénom dans l'espoir qu'elle l'entende, mais surtout, qu'elle le retienne. Car il était décidé à la retrouver, cette fille aux boucles brunes et au carnet tout abîmé. Malgré tout l'espace qu'il y avait entre eux deux, leurs regards s'étaient accrochés. Il ne savait pendant combien de temps, mais assez pour qu'elle marque son esprit. Il se demandait ce qu'elle pouvait bien noter dans son petit carnet, il l'avait vue quand elle était arrivée sur les lieux de la fête, mais il n'avait pas fait attention à elle, trop occupé à rire avec ses amis. Il les connaissait depuis toujours, ces gens avec qui il sortait le soir et partait fumer une cigarette. Il était toujours entouré, et pourtant, c'était dans ces moment-là qu'il se sentait triste. Son cœur volait en éclat, mais personne ne semblait s'en préoccuper.

Ses parents, à l'autre bout du monde, lui envoyaient de temps en temps des messages pour prendre de ses nouvelles, mais jamais ils ne lisaient ses réponses, sinon ils seraient revenus depuis bien longtemps. Mais leur association caritative comptait plus que tout, même plus que lui. En rentrant dans sa maison bien trop silencieuse, Il ne cessa de penser à elle et à son âme cassée. Il aurait juré qu'il y aurait lu une part de solitude à l'intérieur. Il enlevait ses chaussures tout en pensant à sa journée de demain. Une journée simple, encore une fois de plus.

Manger, sortir, fumer, boire, puis refumer.

C'était devenu une habitude à force. Il se dit que les vacances allaient être longues, trop longues. Lorsqu'il partit se coucher, ses pensées étaient encore et toujours tournées vers elle.

Le lendemain matin, il se réveilla avec un mal de crâne horrible. Il n'avait pourtant pas bu la veille. Tout en se servant un verre d'eau pour accompagner son médicament, il regarda par la fenêtre : des enfants jouer à la balle, des gens sur les terrasses, des personnes se balader et même s'en rendre compte, il la cherchait des yeux. Il ne l'avait pas oublié, la fille aux yeux café. Il décida alors de partir à sa recherche, d'elle, de son carnet et de sa solitude. Prendre l'air lui ferait sans doute le plus grand des biens.

Il ne la trouva nulle part dans le village, ni dans les bois, ni sur la place centrale. Il avait d'ailleurs dû s'arrêter là puisque ses amis l'avaient appelé. Encore une fois, il devrait rire et faire comme si tout allait bien. Son rire sonnait creux mais il leurs suffisait. Personne ne cherchait à creuser ce qu'il était vraiment, ils ne voyaient que la surface. On ne pouvait pas leurs en vouloir, après tout, ils avaient d'autres choses à faire. Qui voulait se soucier du garçon aux yeux couleur ciel ? Il faisait partie de la bande, mais il avait ses problèmes, comme chacun d'entre eux. Au fond, personne ne connaissait vraiment personne.

La nuit était tombée et les étoiles parcouraient le ciel en se battant pour savoir qui serait la plus lumineuse possible. Il décida de faire un détour par le petit parc, non loin du centre du village. Il aimait bien s'y promener de temps en temps. Sentir l'air frais caresser son visage était une des meilleures sensations qu'il avait éprouvées jusqu'à présent. Mais la meilleure restait à venir, Adam l'avait enfin trouvé. Elle était là, allongée sur l'herbe, son petit carnet posé sur son ventre fin. Après toute cette journée de recherches, elle était enfin là, sous yeux. Son émerveillement remplaçait cette solitude, et cela bénit ses yeux. La voir heureuse le rendait heureux. Etrange phénomène, n'est-ce pas ? Alors il décida d'aller s'allonger près d'elle, sans parler. Il la vit tourner ses yeux pour voir qui était là, et un air soulagé pris place sur son visage parsemé de petites taches de rousseur. Bizarrement, elle le laissa s'installer à ses côté. Ils admiraient la beauté des étoiles et leur éclat lumineux. Dans sa tête, il ne pouvait s'empêcher de la comparer à ces astres. Eclatante de joie de vivre, mais derrière elle se cachait une certaine tristesse, tout comme se cache une noirceur derrière la lumière.

Il se demanda pourquoi il la voyait ainsi, puis se rendit compte que lui également, était comme elle et ces astres qu'ils contemplaient en silence. La lumière et les ombres. Rien de vint interrompre ce calme, jusqu'à ce qu'elle chuchote un prénom à la douceur d'une nuit d'été :

« Elise. »

Sous les Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant