Chapitre 1

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Pandhyr était le joyau des cieux, la plus haute et belle de toutes les cités célestes. Perchée à plus de dix mille mètres d'altitude sur un ensemble de nuages solides, elle dominait tout Ermédia. Cette cité se présentait sous la forme d'une île, installée au cœur d'un immense halo de brumes vaporeuses immaculées. Leur composition magique offrait un climat doux et respirable qui faisait ainsi oublier qu'on se trouvait si haut dans le ciel. De toute part se dressaient des tours, des temples ainsi que de splendides bâtisses. Les constructions se succédaient les unes aux autres. L'ensemble se confondait dans les nuages blancs, jusqu'à en devenir de parfaites extensions.

De même les Volziens, peuple de l'île, se révélaient difficiles à dissocier les uns des autres. Ils portaient pour la plupart une longue cape à capuche blanche qui les recouvrait intégralement. Ainsi vêtus, ils se fondaient dans le décor comme des fantômes que l'on ne pouvait capter qu'un bref instant avant qu'ils ne disparaissent.

L'île disposait également de formations de cumulonimbus dans son atmosphère. Lorsqu'il se mettait à pleuvoir, les gouttes célestes alimentaient les rivières se déversant dans le fleuve Nyaphel, qui serpentait sur toute l'île. Ce fleuve recelait un pouvoir divin ; il pouvait montrer aux Volziens chaque moment de la vie des humains, des créatures qu'ils avaient façonnées à leur image deux millénaires auparavant. Mais s'ils partageaient la même morphologie, les hommes étaient incapables de voler ou de recourir à la magie. Faibles par nature, ils étaient destinés à vénérer les Volziens et à cultiver les terres qu'on leur avait offertes. Au lieu de ça, ils s'étaient acharnés à transformer leur monde, le rendant toujours plus laid dans l'espoir de dépasser leur condition de simples mortels. Au fil du temps, beaucoup avaient cessé de prier leurs créateurs. Ces derniers s'étaient dès lors détournés d'eux, estimant le monde d'en bas bien trop corrompu pour être sauvé.

En cet instant, le vent se propageait le long de la rive du fleuve. Son souffle remuait la cape blanche qui dissimulait un Volzien. Sous son voilage, on pouvait distinguer une armure intégrale. De haute stature, l'individu était particulièrement imposant. Un masque fait d'argent cachait son visage, il arborait la forme d'un bec et laissait entrapercevoir ses yeux d'un bleu très clair.

Asmaël, le roi des cieux, observait à travers les eaux du fleuve le domaine des hommes. L'apocalypse s'y déchaînait.

D'immenses ailes d'une pureté nivéale jaillirent de son dos. Il esquissa un bref sourire avant de prendre son envol. Il ne tarda pas à s'éloigner, disparaissant progressivement dans l'horizon.

Un aigle au plumage immaculé surgit au même moment dans le lointain. L'oiseau traversait les cieux à toute allure en direction d'une tour entièrement composée de nuages. Sa maîtresse l'y attendait.

**

Skylar, une jeune Volzienne, se tenait accoudée au bord d'une grande fenêtre en clé de voûte. Ses longs cheveux blonds, presque translucides, virevoltaient au gré du vent. Des mèches rebelles masquaient son visage. Contrairement à la plupart des Volziens, elle ne revêtait ni voile ni robe. Ce type de tenue, aussi inconfortable que ridicule, ne lui inspirait que du mépris. Si bien que, s'inspirant du style vestimentaire des humaines, elle préférait porter un bustier gris sur un pantalon en cuir renforcé par des jambières. Des manches noires parcouraient ses bras et descendaient en cascade derrière son dos pour se rejoindre au niveau de son bassin. Le tout formait une longue jupe qui recouvrait partiellement ses jambes. Elle avait abandonné l'idée de ressembler aux siens. Peu importe ses efforts, elle serait toujours différente. De toute manière, elle n'avait pas le droit de les approcher.

Du haut de sa demeure, Skylar avait l'habitude de contempler le halo brumeux qui entourait Pandhyr. Son esprit s'évadait. Dans ses plus beaux rêves, ses ailes se déployaient, ses pieds s'élevaient au-dessus du sol... Enfin son corps planait dans le ciel immense. Comme à chaque fois que ce genre d'idée venait la tenter, elle se crispait. Ce désir ardent, qui la consumait chaque jour davantage, lui était interdit.

Les guerres célestes - Tome 1 : La chute des volziensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant