Chapitre 8

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Skylar s'éveilla péniblement. Tout son corps était engourdi et elle voyait flou. Elle avait l'impression d'avoir dormi pendant une éternité. Les battements de son cœur s'accélérèrent, mais ses membres refusaient de bouger. Les sévices infligés par Asmosius lui revinrent brutalement. Elle aurait dû en mourir. Pourtant, elle ne souffrait pas. Sa vision s'éclaircit, elle se rendit compte qu'elle était allongée dans un lit. Déroutée, elle ouvrit entièrement les yeux. Elle s'attarda d'abord sur son propre corps, ne décelant plus aucune blessure. Elle portait toujours la même tenue, mais sans aucune trace de sang ou de déchirure. Chose étrange, ses cheveux avaient poussé, dépassant désormais ses hanches.

Elle étendit son examen à la pièce dans laquelle elle se trouvait. Celle-ci était petite et vide à l'exception de son lit. Une couche de poussière recouvrait les murs. Aucune fenêtre n'apparaissait dessus. Seul un chandelier éclairait les lieux ; de la magie semblait l'animer. Cet endroit, en plus de lui être inconnu, ne ressemblait pas aux bâtisses volziennes. Elle craignit d'être prisonnière. Son regard s'ancra sur la porte. Pour le moment, elle était incapable de l'atteindre.

Elle tenta de se lever, il fallait qu'elle rejoigne les siens au plus vite. Mais elle réussit seulement à remuer les doigts. Des larmes d'impuissance roulèrent le long de ses joues. Elle ne pouvait rien faire d'autre que d'attendre que quelqu'un vienne et prier pour que ce dernier soit Volzien et non Draëgon.

Des minutes qui lui parurent être des heures s'écoulèrent sans que nul ne se montre. Vu l'état dans lequel était la pièce, personne n'était venu ici depuis longtemps. Patienter ne servait à rien. Malheureusement, elle échouait à se mouvoir. Obstinée, elle concentra toute sa volonté sur ses doigts et les contraignit progressivement à s'accrocher aux draps, de manière à tirer son corps vers le bord. Elle lutta contre la frustration qui la posséda. Elle était devenue si faible... Pourtant son cœur battait de plus en plus fort contre sa poitrine. Elle en vint à se demander si ce n'était pas la peur de découvrir ce qu'il était advenu de son monde qui la paralysait.

Elle voulut crier afin de laisser éclater sa rage, mais aucun son ne s'échappa de sa bouche. Refusant de rester passive, elle força sur ses doigts. Cet effort ne lui permit que de faire glisser ses pieds en dehors du lit. Changeant de stratégie, elle s'appliqua à bouger ses orteils qui finirent par lui répondre péniblement. Elle sentait peu à peu ses muscles se ranimer.

En commençant par remuer le bout de ses pieds, elle éprouva comme un fourmillement qui gagna lentement ses jambes, jusqu'à chatouiller l'un de ses genoux. Elle en profita pour l'abaisser. Son pied droit toucha enfin le sol. Elle répéta l'exercice avec le gauche. Elle atterrit finalement à terre, mais trop faible, elle s'écroula telle une poupée de chiffon.

Un bref gémissement s'échappa de ses lèvres. Elle s'était écrasée sur son bras droit, le choc permit de le réveiller. Elle le poussa tant bien que mal en avant et tout doucement, rampa pour atteindre la porte. Une fois devant, elle devait encore parvenir à se relever. Ses muscles étaient complètement atrophiés.

Elle ne renonça pas pour autant, se focalisant sur la rage qui bouillonnait en elle. Elle s'efforça de la transformer en énergie, qu'elle fit circuler dans tout son corps jusqu'à projeter son bras sur la poignée. Elle s'y accrocha pour se hisser sur ses pieds. Sans le vouloir, elle tourna le bouton de porte. Celle-ci, après avoir émis un long grincement s'ouvrit, la faisant chuter. Elle se retrouva alors à dégringoler dans un escalier, pour finir par atterrir lourdement dans ce qui ressemblait à un salon. Il était tout aussi spartiate que la chambre. Seuls un canapé et un chandelier venaient habiller l'espace. Cette fois, il y avait bel et bien une fenêtre.

Skylar ne voyait pas grand-chose. L'extérieur consistait en une vaste étendue grisâtre. Cela ne fit que renforcer ses inquiétudes. Animée par un bref pic d'adrénaline, elle réussit à se relever entièrement. En s'appuyant contre le mur, elle put se rapprocher de l'ouverture. Ce qu'elle vit la bouleversa. Des ruines gisaient sur le sol. Il s'agissait sans le moindre doute de constructions volziennes. Il ne restait que des nuages, clairsemés de part et d'autre de morceaux de pierres et d'arbres calcinés. Un pressentiment la poussait à croire qu'elle était toujours à Pandhyr. Pour en avoir le cœur net, elle devait sortir d'ici.

Les guerres célestes - Tome 1 : La chute des volziensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant