BRAM'S, l'homme de la Plage

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" Là où la volonté est grande, les difficultés diminuent. " Machiavel

Égocentrisme: Penchant à considérer sa personne comme le centre du monde.

Ce mot résume l’état dans lequel nous nous trouvons le plus souvent. L’Homme à cette incapacité notoire à penser à l’autre, à se mettre à la place de l’autre, du moins pas dans le bon sens. Les seules fois ou il peut nous arriver de penser aux autres, c’est quand il s’agit bien sur de dire du mal d’eux. Pas besoin de se voiler la face. Ce comportement n’est pas l’œuvre de vulgaire animaux de la basse cours, mais bien de VOUS, MOI et votre voisin.
Pire, on sait qu’on n’est pas seul au monde mais, on agit quand même comme tel. On pense que si le soleil se lève ou se couche chaque jour, c’est bien pour notre belle gueule. On n’est pas tous obligé d’être d’accord la dessus parce que, le coup que le diable ait mieux réussi jusque là, est de cacher à l’être humain ses propres défauts !
On pense à nous, c’est de l’ambition ?!? Well, appelez cela comme vous le voudrez mais vous serez tous d’accord quand vous serez victimes de l’égocentrisme des autres !
Si j’étais un grand poète, j’utiliserai la magie des mots pour vous dire de vous départir de vous-même, de prendre de la hauteur par rapport à vous, par rapport à la vie, prendre un certain recul afin de mieux voir le monde sous un jour nouveau. Prenez une chaise et observez le film de la vie. Non pas de votre vie à vous mais, de celle de ceux qui vous entourent.
Bref, je ne suis pas un poète et je risquerai de vous prendre la tête en allant chercher une multitude de façons compliquées de dire les choses simples.
Bonjour, je m’appelle Mélo et vous me connaissez déjà !
Donc là est la chose, j’ai une attitude bizarre, j’aime m’isoler des fois, me griller une clope et observer ce qui se passe autour de moi. Vieille habitude, je ne sais quand est-ce que j’ai commencé à me comporter de la sorte.
Scénarios de Vie : il ne s’agira non pas de parler de moi, mais de la vie, de situations et d’histoires concernant d’autres personnes. Des personnes avec lesquelles j’ai eu à vivre, des personnes qui sont restées dans ma vie, d'autres qui en sont sorties et d’autres qui continuent jusqu’à ce jour à me faire chier. Mais peu importe, si leur histoire m’a de peu touché, je me propose de la partager avec vous.

Bram’s était un inconnu. On le voyait là, depuis peu, à la même heure, il venait s’asseoir à la même place à la plage, en face de la mer. Les potes et moi, on passait nos après midi de vacances à la plage. Ce type était assez intriguant. On connaissait d’habitude tous ceux qui rodaient à la plage mais ce type, il avait l’air de sortir de nulle part ! On le trouvait là en arrivant et en partant, il était toujours là. Assez effrayant pour nous tous mais, entre mecs, on ne laisse pas libre cours à nos peurs et inquiétudes.
Ça en devenait inquiétant ! Chaque jour on trouvait le mec à la même place. Antonio lui, ne pouvait se résigner à laisser ce mystère sans réponse. Alors un jour qu’il finissait de servir le thé à tout le groupe, il me fila une seconde tasse !
Moi : Non man, j’ai déjà bu.
Antonio : Non, ce n’est pas pour toi, tu files donner au gars qui est assis là-bas ! Tu lui donne la tasse et tu reviens, n’attend pas qu’il finisse !
Moi : Ok !
Quelques mètres plus loin
Moi : Salut grand ! « zeum bangui nii dé ! »
Le type: «Eh way, merci way boy»
Puis je tournai le dos, comme me l’avait ordonné mon grand frère!
Quelques instants après, le type était revenu apporter la tasse vide puis il en profitait pour serrer la main à tout le monde et remercier Antonio !
Le Type : Way merci sama gayi !
Antonio : Non nioko bokk. Mais quand tu vois les gars faire le thé passe au moins boire une tasse ! Je suppose que tu n’habites pas le coin ! nous c’est comme ça qu’on vit ici.
Le Type : Non dou lolou sakh, c’est juste que je ne voudrai pas « disturb » le groupe quoi.
Antonio : Non, on n’a pas ce problème nous. Après tout, fii Galsen leu, barada bi nioko bokk !
Le Type : Si c’est vrai ! En fait je m’appelle Ibrahima mais on m’appelle Bram’s, je suis de Thiès et je suis venu travailler ici en tant que « Manébar » (comprenez journalier dans les BTP). Nous sommes entrain de bâtir cette maison en face de la plage mes gars et moi.
Antonio fit alors vite fait la présentation de tout le monde. C’était quand même rassurant de savoir que ce mec ne tombait pas de nulle part.
Puis les jours qui suivirent, il venait tout le temps nous rejoindre à notre arrivée pour boire du thé puis jouer au foot. Il commençait à connaitre le nom de chacun et à même rigoler aux blagues idiotes de mon pote Abass. Mais c’était toujours un inconnu et, il y’avait ce truc dans ses yeux. J’étais en mesure de le voir et je pense que les autres aussi. Il avait le regard de l’opprimé, d’une personne amère mais qui ne pouvait s’en prendre à personne.
Un jour il était assis avec nous comme les jours précédents lorsque d’autres gars, un groupe d’environs 5 personnes, de loin, s’adressaient à lui.
Une Voix : « Yow eh Bram’s, Doungourou Bou k**tt nd**m bi kharaan rek ngafi néké »
Bram’s s’était retourné, avait regardé les autres et, sans même répondre, affichait un sourire gêné ! La scène était très gênante, surtout pour nous. On ne savait pas qui étaient ces gens mais, une chose est sûre, dans notre cercle, personne n’insulte personnes. On a beau être amis depuis la tendre enfance mais, personne ne s’amusait à insulter les autres. On avait discuté de cela la nuit arrivée et, d’après Antonio, Bram’s était le mal faible dans une meute de loup. Antonio, s’il y’a une chose qu’il déteste c’est bien de voir quelqu’un abuser de sa force sur un autre. Mais, que pouvait-on y faire ? On ne comprenait rien !
Un jour pourtant, comme par hasard, l’un des inconnus était venu à nous pour dire un truc à Bram’s et tellement on sentait tous ce manque de respect… Dieu fait bien les choses ! La bande d’inconnu avait demandé à nous rejoindre alors qu’on jouait au foot. Je ne peux pas vous cacher que, sans raison valable, nous avions beaucoup de haine envers eux, mais ça allait vite trouver une fin. Le genre de fins que nous aimons trouver à nos petits problèmes se passant sur NOTRE plage !
Je vous la fait courte : lors d’un Match, l’arbitre avait sifflé faute, un des inconnus sûrement pris par un excès de colère avait dégagé la balle dans la mer. Ce qu’il ne fallait pas faire !
Abass au gars : T’as 1 mn pour ramener cette putain de balle. Vos conneries que vous faites de l’autre côté, ça reste de l’autre côté !
Le gars : Mais l’arbitre il déconne, y’a pas faute !
Abass : Là n’est pas la question, tu vas chercher cette balle wala ngeu « K**t Nd**m toppeuko guédj »
Ouais, c’était parti, toute la meute était debout. On a une bande super bien organisée. C’est Antonio qui décide si on règle des comptes, c’es Abass qui déclenche et personne ne cherche à comprendre. Vous savez, quand des mecs qui passent leur temps à s’entrainer à la plage ont l’air de vouloir vous niquer la race, mec, le plus intelligent, c’est de battre en retraite ! Ils n’étaient pas bêtes, ils avaient bien compris et appliqué cela ! Mais bon, tout ça c’était encore en 2003…
La tension avait disparu et les mecs étaient devenus un peu plus respectueux.
Un jour, Antonio avait décidé d’inviter Bram’s à diner à la maison, il fit connaissance avec tout le monde et, depuis ce jour, il avait commencé à manger le soir chez nous.
Bram’s et ses collègues dormaient dans la maison qu’ils étaient entrain de construire et, pendant un après-midi de pluie, il y’avait de l’eau partout. Antonio alla en parler Père qui décida de leur prêter une chambre ou dormir. Pour la première fois, Bram’s se comportait avec fierté devant ses collègues parce que, après tout, s’ils avaient trouvé un toit ou dormir, c’était bien grâce à lui.
Les jours passaient et Bram’s se sentait plus à l’aise à la maison. Il racontait de plus en plus l’histoire de sa vie et, cela ne pouvait laisser personne indifférent. Bram’s était issu d’une famille polygame, un père fonctionnaire d’Etat certes mais qui peinait à s’en sortir. Un père qui forgeait beaucoup d’espoir en ses nombreux enfants dont Bram’s. Bram’s lui avait quitté l’école en classe de 5ème au collège. Il aurait bien voulu faire mieux, il avait une intelligence acceptable mais, les conditions n’aidaient pas. Faisant parti des grands enfants de la maison, il avait alors décidé de ne pas perdre de temps à l’école pour essayer de trouver un petit boulot et ramener des sous à la maison, ramener des sous à sa mère. Apres tout, quelle personne, homme ou femme ne rêve pas d’être « celui qui PEUT ». Ses intentions étaient louables. Si j’étais à sa place, j’aurais surement fait la même chose mais, les choses sont rarement ce qu’elles devraient être et, sur ce coup, j’accuse le KARMA. Les bonnes causes ne devraient-elles pas mener à de bonnes conséquences ?? Non, pas cette fois. C’est donc vrai : « KARMA IS A DICK !!! » Non, désolé, « KARMA IS A BITCH !!! »
Bram’s était devenu un de ces nombreux jeunes qui avaient abandonné l’école pour tomber dans cette fameuse impasse ou tout le monde te regarde en aillant une certaine pensée en tête : « Kii dou sakh rouss, Kii amul Djom !!! » Il n’a jamais réellement subi les sévisses de sa famille ou de ses parents mais, des fois, le regard est beaucoup plus blessant que les mots.
Bram’s avait donc passé des années ainsi, à essayer de multiples petits boulots, à faire face aux yeux destructeurs de l’entourage et à reporter ce plaisir que ressent un fils en disant à sa mère : « AMM YAAYE DJAPPAL CI LII ». Quand tout le monde s’inquiétait de son avenir, lui s’inquiétait des problèmes qu’il a laissés non résolus à la maison tôt ce matin, en sortant. Certains travaillent pour se payer de belles vestes, mais d’autres essayent de travailler pour sortir leurs gens des problèmes du quotidien !
Bram’s c’est un type que je regardais tout en imaginant comment il a pu faire face à tout cela, comment il a pu rester debout. Bram’s ne connaissait pas le plaisir de tenir beaucoup de billets qui lui appartenaient, ça se voyait à sa façon de tenir un morceau de pain qu’il aurait acheté de ses propres sous, quand certains d’entre nous, se plaignent de ne plus avoir de l’argent de poche à gaspiller à l’école lors des récréations….
Le chantier était fini, les autres avaient prévu de rentrer à Thiès mais Bram’s se sentait confus, il ne pouvait pas rentrer, il n’avait pas gagné assez, il ne devait pas rentrer sans avoir quelque chose à donner à ses parents. Père était beaucoup plus attentif à cela. Un jour, à l’heure du déjeuner, alor qu’on était tous entrain de manger, père demanda :
Père : Ibrahima xana yow moom dingueu toogat touti dé !
Bram’s : Père bayil ma gnibi rek, il faut que ma dem, djeund ay affaire def marchant ambulant.
Père : Waw ça aussi c’est une idée mais, des fois, un homme doit quitter son terroir. Peut-être que ta chance ne s’y trouve pas. Ce n’est pas pour rien qu’on dit que « nul n’est prophète chez soi !»
Bram’s : Oui, c’est vrai mais….
Père : Au lieu d’aller faire une activité qui existe déjà là-bas, choisi de le faire ici. Achète ta marchandise, base toi ici et tu pourras aller vendre dans les petites villes et villages des alentours.
Bram’s : Père, vous avez déjà beaucoup fait pour moi, je ne voudrai pas en abuser !
Père : T’as remarqué toutes les personnes qui ont l’habitude d’être ici. Au début est-ce que de tout le groupe des jeunes tu pouvais savoir qui était mon fils biologique et qui ne l’était pas ??
Bram’s : A vrai dire non !
Père : Je ne te demande pas de vivre ici, je te demande de t’établir ici et d’aller travailler chaque jour et revenir. De toute façon, Mélo il fait son Bac cette année et s’il réussit, il devra continuer ses études en Europe, il y’aura un vide à combler de le cœur de mère.
Tout le monde se mit à rire. C’était alors ficelé. Bram’s avait appelé son père pour le prévenir puis avait commencé par vendre des effets de femmes.
Oui, s’il faut commencer un business, il faut savoir que la cible la plus rentable reste les « Jeunes Disquettes ». On dirait qu’elles ont des coffres remplis de fric sous leur lit.
Bram’s se portait mieux sur le plan business, disons que ce secteur lui portait chance. Il commençait à diversifier, tout en restant dans sa cible préférée, la gente féminine.
J’avais eu mon bac, j’étais parti étudier ailleurs. Des fois j’appelais ce nouveau frère, il avait l’air tellement occupé et j’étais tellement heureux pour lui. Des fois c’est lui qui m’appelait le soir pour me dire « Eh frère ça va ou quoi ? Je suis à la maison, Papa et Maman sont là tu veux que je leur passe le téléphone ? »
Je venais d’avoir un nouveau frère, un frère venu de loin, de très loin. On a des fois eu nos petits moments de tensions, comme le font tous les VRAIS frères mais, il reste un grand frère. Et je pense que jusqu’à ce jour, le fait qui m’a le plus marqué est quand il m’a appelé en pleine journée pour me dire : « Frère t’as jamais parlé à ma mère, tiens, je vais te la passer, elle est venu chez on est tous là, même Antonio. Aujourd’hui, j’ouvrir ma toute première grande boutique d’alimentation ».
Pour certains, le rêve se trouve dans un bureau, vêtu d’un beau costume, conduisant une belle voiture mais, pour Bram’s, le rêve à toujours était de s’en sortir, d’être celui qui règle les problèmes de la FAMILLE.
Vous aurez compris que cette histoire à elle seule pourrait faire une chronique mais, Voila ce que j’appelle moi le « Début de la Succès Story de mon frère Bram’s »

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