Scénarios de Vie: les jeux du hasard

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« Une pirogue n'est jamais trop grande pour chavirer ».

Tout ce qui a un nom a existé, existe ou existera ! Difficile de dire le contraire mais, quand il s’agit de le prouver ou de prouver le contraire, les choses se compliquent. Et puisque personne ne peut me convaincre de la véracité de cette affirmation, je choisis donc de dire que certaines choses ont un nom mais n’existent pas vraiment. Je ne saurais certes en donner une preuve irréfutable mais, selon moi, un nom ne définit pas forcement une existence.


Le Hasard : quelle définition donner à ce mot ? Je ne sais pas trop mais, de la façon dont elle est souvent conçue ou expliquée, je m’en tiens à croire qu’il n’existe pas. Le Hasard n’existe pas. Tout est écrit à l’avance. Je veux bien qu’on dise du hasard que c’est la situation qui implique des faits sur lesquels on n’a aucun contrôle ou des faits inattendus. Si c’est cela le hasard, je veux bien admettre son existence. Mais dire du hasard qu’il s’agit de situations qui nous tombent dessus « juste comme ça ! », non, cela ne me dit rien. Je crois au destin, autre fait aussi discutable mais, nous allons nous en tenir au casse-tête du hasard pour cette fois-ci.


En plus, il y’a le fameux « Red Thread of Life » ou « Fil Rouge de la Vie » qui veut que tous les être humains vivent dans une immense interconnexion, ce fameux file rouge invisible qui nous lie les uns les autres. J’ai envie d’y croire moi. Sinon, comment expliquer que nos faits et gestes puissent affecter même des personnes que nous ne connaissons point ?? Nous choisirons de dire que Dieu nous a tous crée un destin et que des personnes étant liées par le file rouge de la vie peuvent en arriver à partager « un destin commun ».


J’ai connu Absa. Nous n’avons sûrement pas eu de destin commun mais, quelque part, le fil rouge de la vie nous a liés. Aicha était (est) une belle jeune sénégalaise, intelligente, bien dotée par la nature très ambitieuse et raffinée. Aicha était le genre de fille qui ne pouvait avoir à faire avec un sénégalais. Sa conception a elle du mariage était totalement pervertie. Elle ne s’imaginait guère vivre dans un foyer dans lequel il ne pourrait demander à son mari de faire la vaisselle, mettre les habits sales dans la machine à laver ou s’occuper à son tour du bébé. Elle ne supporterait pas de vivre comme une femme sénégalaise, comme sa grande mère, sa mère ou sa tante avaient vécu le mariage. Aicha, c’est le prototype de la femme sénégalaise des temps moderne. Elle, partager son mari ? Non, jamais de la vie. Elle conçoit bien la religion, elle croit en Dieu, fait sa prière 5 fois par jour mais, croire en Dieu quand IL dit que son mari a droit à 4 épouses légitimes, non, ça c’est trop lui demander. De toute façon, elle se dit d’ors et déjà que les belles familles sénégalaises brisent les mariages, tout en oubliant qu’elle-même est appelée à devenir « Belle sœur de », donc briseuse de couple.


Aicha ne voulait pas d’un mari sénégalais, pas un africain avec leurs mentalités vieillottes. Oui, parce que elle, c’est une africaine avec une mentalité évoluée. Une mentalité évoluée, LOL ! Cette expression me fait rire, elle me rappelle les déboires de l’esprit Darwin. Ce qui est pire, c’est que les être humains eux même se « Darwinisent » de nos jours. Les africains acceptent qu’ils n’ont pas assez civilisés dans le passé. Oui, ils ont fini par donner raison à toutes ces faussent excuses colonialistes des européens, aussi simple que cela ! Ce sont après ces mêmes africains ayant acceptés qu’ils ne sont pas très évolués mentalement qui vont se plaindre partout dans le monde d’être victimes de discrimination. Je m’y perds !
Bref, revenons à Absa. Elle en a fait du malheur du côté des hommes. Elle en a rejeté un bon paquet. Personne n’était assez bien pour elle, en tout cas pas un africain. Pour elle, rien à foutre du fil rouge de la vie, son destin ne serait point lié à ces barbares peu évolués de sénégalais. En fait, ce qu’il lui fallait, c’était de tomber « PAR HASARD » sur un Toubab.


Et, par pur hasard, ce hasard auquel tenait beaucoup Absa avait fini par se réaliser, par pur hasard nous dit-on. Je ne saurais vous dire comment, je ne suis qu’un simple observateur.


Absa s’était dégotée le type de mari idéal : un toubab, celui qui s’occuperait de la vaisselle quand elle serait dans la cuisine. Celui qu’il pourrait réveillé en pleine nuit parce que c’est son tour à lui de s’occuper du bébé. Celui qu’elle pourrait insulter à volonté sans se bouffer la raclée de sa vie. Celui qui pourrait certes la tromper mais, qui n’emmènerait JAMAIS la malédiction « seconde épouse » à la maison. Oui, le hasard lui avait fourni son type d’homme. Jean Jaques il s’appelait. Français, venu à quelques reprises au Sénégal, toujours à la même période de l’année pour un mois de vacances. Jean Jaques était encore jeune, environ la quarantaine, pas vraiment beau mais, pas vraiment moche non plus. Ça se voyait qu’il avait fait beaucoup de sport dans sa tendre jeunesse. Il était quand même gentil le Monsieur toubab. Il souriait et saluait tout le monde. Il se montrait fièrement avec Absa un peu partout. Mais Absa, ce n’était pas le genre à aller passer la nuit à l’hôtel avec son petit ami. Ah ça non. Et si il ya une chose à laquelle elle tenait bien, c’était sa virginité. Ah pour ça, elle acceptait d’être la moins évoluée au monde. Mais elle était très heureuse avec son cadeau tombé du ciel.


Jean Jaques était reparti après ses vacances mais était très rapidement revenu au Sénégal. Il y’avait là quelque chose de très inhabituel. Oui, J.J était revenu pour épouser Absa. Tout le monde était d’accord pourvu qu’il se convertisse à l’islam. Il était trop amoureux pour dire non. Tout le monde était heureux de voir à quel point cela rendait Absa heureuse et fière.

Jour de mariage religieux : 14h, conversion de J.J qui s’appellera désormais Ababacar puis, 17h mariage à la mosquée. C’est assez insolite de voir un toubab se marier à la mosquée mais, c’est encore tout aussi insolite de le voir se faire raser la tête lors de la conversion.

Sacré mariage doit-on dire. Le tout devait être couronné par une réception. Moi en fait, j’avais rien compris. Je pensais que la réception se faisait après la mairie. Bon, ce n’est pas important. Ababacar avait débloqué des sommes astronomiques. Rien n’était assez beau pour sa dulcinée. Dulcinée qu’il avait ôtée au plaisir visuel de la foule pour rejoindre l’hôtel : Nuit de noce, toute première nuit d’Absa. Je pense avoir oublié un détail : Pour fêter tout cela, Ababacar avait commandé une bouteille de champagne dans sa chambre. Il y’avait bien quelque chose à arriser là !

Wait ! Il s’est convertis, s’est marié et a commandé une bouteille de champagne, tout cela le même jour ? Oui, on dirait bien.

Le jour suivant, c’était un verre de Whisky vite fait après la prière de 17h avec le père d’Absa, puis la semaine suivante, une tournée de bière la nuit au bar et pas une minute de prière. Mais bon, Absa refusait de prêter attention à tout cela. Elle ne voulait voir cette illusion s’effondrer. Le hasard lui avait emmené cet homme, le hasard détournerait sûrement cet homme du chemin des bars.

Absa, elle a la tête dure, elle sait se battre. Les choses l’inquiétaient beaucoup mais, elle gardait foi en ce hasard.

Puis quelques mois plus tard elle partit en France rejoindre son mari. L’Europe, oui, ça c’est une vie pour elle. Loin des regards et loin de tout jugement. Son mari pouvait continuer à boire, tant qu’elle seule en était témoin, elle pouvait gérer la situation.
Puis Absa tomba enceinte, eut une belle petite fille métisse. Son mari l’a certes aidé pendant un bon bout de temps dans les tâches quotidiennes mais vous savez, la vie de couple, avec le temps, l’homme rejoint sa vraie nature de mâle dominant. L’assimilation n’y peut rien, la force culturelle n’y peut rien. L’homme se considérera toujours, d’un certain point de vue au dessus de la femme dans la vie de couple. Le temps passait, les rêves se transformaient en cauchemars et, chaque fois que la petite famille venait en vacance, plus d’amertume se lisait sur le visage d’Absa, d’année en année.


Aux dernières nouvelles, Absa avait fini par se séparer de J.J. Elle avait bien pu supporter qu’il boive, mais qu’il ne l’aide plus, qu’il en arrive à la menacer physiquement, non, ça en était de trop. Le divorce avait donc été prononcé et consommé. Absa était devenu une de ces femmes célibataire avec un enfant (un bel enfant d’ailleurs). Elle allait se trouver surement un autre mari français ou un sénégalais vivant en France et moins barbare que ses compatriotes du Sénégal.
De toute façon, dans son entourage à elle, personne ne se risquerait à la marier. Absa, c’est la fille Rew, Soof, Compliqué qui veut vivre à l’image des Toubab. Aucun black sénégalais digne de ce nom et bien encré dans ses valeurs ne saurait la supporter. Je pense qu’elle aussi, avait compris cela.


Absa qui avait tant rêver d’un modèle de vie de couple avait fini par pur hasard de l’avoir. Le Hasard a peut-être voulu qu’elle se sépare de son rêve de jeune femme. J’espère de tout cœur que le hasard lui rendra le bonheur qu’il lui a prématurément volé !

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