Chapitre 2 - 2008

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Lundi 27 octobre 2008.

Après une bonne journée où elle avait pu fêter ses sept ans en compagnie de ses frères et sœurs paternelles, Mathilde retrouvait enfin son lit dans la chambre qu'elle partageait avec Anna, sa sœur. Malgré les quelques années d'écart qui existaient entre elles - huit précisément, cela ne les empêchait pas de s'entendre. Mathilde appréciait la retrouver et pouvoir l'écouter parler des derniers films qu'elle avait vu, des dernières chansons qu'elle avait écouté ou même essayer de reprendre à la guitare. En fait, elle pouvait l'écouter parler pendant des heures jusqu'à ce que la fatigue les berce toutes deux.

Parfois, lorsque Jules et Anna ne pouvaient venir pour les vacances, Mathilde se retrouvait seule face à ses pensées pour seules interlocutrices pendant la plus grande partie de ses journées. Elle croisait toujours les doigts pour que les journées passent le plus rapidement possible et qu'elle puisse retrouver sa maman au plus vite. Venait s'ajouter à ça les maux de ventre qu'elle traînait à tous les coups dès qu'elle était chez son père sans qu'elle sache expliquer pourquoi. Pourtant, au fond, elle savait qu'au fond, même si sa maman avait beau lui dire des anecdotes négatives à son propos, elle aimait son père ; autant qu'elle aimait sa maman d'ailleurs. Seulement, plus elle grandissait et plus elle avait l'impression d'avoir un choix à faire.

Ce soir-là Anna était épuisée et avait donc coupé court à la conversation nocturne avec sa petite sœur pour s'endormir après avoir promis un lendemain soir riche en informations et anecdotes. Mathilde avait haussé les épaules après avoir tenté de convaincre sa sœur de profiter du peu d'énergie qu'il lui restait pour lui conter des banalités de lycéenne qui étaient, aux yeux de la benjamine, équivalentes aux histoires les plus croustillantes que pouvait contenir les bibliothèques.

En tentant de trouver le sommeil, son esprit et ses idées fusaient pour se poser sur sa situation scolaire. Mathilde avait pris la décision de porter une robe blanche, dans le but premier de faire plaisir à sa mère qui avait acheté cette dernière récemment, pour aller à l'école, quelques jours avant les vacances. Quand la journée fut terminée, elle avait été soulagée de pouvoir quitter le vêtement. Elle s'était sentie si bien dedans au début de la journée, puis était venu la voir Alexandre et s'en étaient suivies des blessures verbales qui lui avaient donné l'impression d'être plus petite que ce qu'elle n'était déjà. Dès lors, elle s'est résignée à bannir robes et jupes de ses vêtements. Elle n'avait pas pleuré, ni boudé, elle s'était simplement contentée d'encaisser ses paroles qu'il avait accompagné d'un sourire moqueur. 

Pour autant, en y réfléchissant bien, l'école était sans aucun doute l'endroit où Mathilde préférait être si elle avait à choisir. Contrairement à lorsqu'elle était chez sa maman, lorsqu'elle allait à l'école elle comprenait, se voyait réussir et elle avait l'impression de rendre fier son instituteur. Alors, inconsciemment, elle avait trouvé préférable de faire abstraction des regards et des mots durs que pouvaient utiliser ses camarades d'école à son égard pour avoir au moins une chose dans laquelle se réfugier, une chose à elle.

Mathilde et ses mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant