Chapitre 8 - 2014

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NA: Avant de commencer à lire ce chapitre, je tenais à préciser que, comme vous devez vous en douter, la thérapie qu'a constitué ce projet n'a pas été de tout repos. Pendant un peu moins de quinze jours, j'ai consacré une bonne partie de mes journées à écrire. Les premiers chapitres ont été assez "faciles" à taper ; j'avais sûrement le recul suffisant sur les différents événements auxquels je faisais référence.
Mais à partir de ce 8ème chapitre (9ème si on compte les chapitres 6 (1) et 6 (2) comme deux chapitres distincts), j'ai trouvé la difficulté. Je ne saurais décrire ce qui a rendu l'écriture de cette partie si dure ; peut-être les détails que j'y met, ou les sentiments que j'évoque, ou tout simplement la complexité de la situation. Bref, on peut considérer ce chapitre 8 comme la confession (ou la livraison ?) la plus profonde de mon passé. C'est de là que tout découle et que c'est parti le plus en "cacahuètes", pour rester politiquement correcte. Mais c'est aussi ce chapitre qui fait de moi la personne que je suis maintenant.
Si vous vous reconnaissez ou vous identifiez dans certains passages, j'espère que vous allez bien et que cela fait partie de votre passé. Si ce n'est pas le cas, soyez sûrs que des jours meilleurs vous attendent. Dans tous les cas, il ne faut jamais avoir honte car chaque personne gère ses émotions et y fait face de manières différentes. Et même quand on a l'impression de ne pas voir le bout du tunnel, je pense, au fond de moi, que toutes ces étapes servent à préparer le moment où on est prêt à se relever, se reconstruire, afin de sortir plus fort de tout ça.

***

Samedi 15 mars 2014.

7h00. Mathilde fixait les lattes du lit superposé de sa chambre depuis maintenant un quart d'heure en se disant qu'elle devrait dormir. Cependant, cela faisait un mois maintenant qu'elle n'arrivait plus à dormir correctement. En fait, elle n'arrivait plus à rien faire correctement. Elle se sentait vide, c'est tout.

Après une dispute avec sa maman où celle-ci l'avait traité de "sale petite merdeuse" deux mois auparavant, elle avait craqué en silence en plein cours de sciences. Puis, elle avait commencé à se renfermer sur elle-même et s'isoler de plus en plus en réduisant son cercle de connaissances. Si elle avait toujours été introvertie et avait beaucoup de mal à s'exprimer réduisant ses prises de parole à une fois sur cent, ces traits de caractères étaient maintenant à leur apogée.

Peu de temps après ça, ses camarades de classe avaient commencé à profiter du cours de français pour se moquer d'elle ouvertement. Elle les avait d'abord ignoré et remerciait silencieusement que certains aient mieux à faire que de suivre les trois quarts de la classe. Mais malheureusement pour elle, ça ne s'était pas arrêté là. 

Elle avait commencé à saturer lorsqu'on a commencé à la bousculer dans les couloirs alors que ces derniers avaient largement la place de passer à côté ou encore dans les escaliers.

Puis, un jour, elle avait entendu Kenza, sa meilleure amie, prendre part à la séance moqueries en cours de français. A ce moment-là, Mathilde se rendit compte que c'était trop. Elle était à bout de tout ça et ne pouvait pas se permettre d'encaisser ça dans le silence, en se taisant sagement. Même si Valentin, son meilleur ami, lui avait dit de ne pas réagir, ignorer et ne pas rentrer dans leur jeu, pour elle c'en était trop. 

Ce jour-là, la professeure de français avait passé quelques temps à parler des moyennes et donner des conseils. Lorsqu'elle était passée à Mathilde, elle lui avait fait remarquer que sa moyenne baissait beaucoup et qu'elle était trop souvent absente. A ses mots, le corps entier de Mathilde s'était crispé. Elle ne comprenait pas comment l'enseignante osait lui dire ça sans faire de lien avec ce qui se passait au sein de son cours depuis peu.

C'est plus tard pendant ce même cours qu'elle avait entendu la voix de Kenza. Au bout d'un moment, Mathilde, énervée, s'était retournée dans une colère noire vers Kenza, juste derrière elle, et lui avait demander de se taire sans quoi elle n'aurait pas d'autre choix que de la baffer. Sa meilleure amie, un peu décontenancée, ouvrit grand les yeux. Mais elle reprit vite ses esprits et insinua directement que Mathilde était folle.

Mathilde et ses mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant