Un réveil douloureux

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Une éternité plus tard, les vagues de douleurs viennent à des intervalles plus longues. Petit à petit, elles sont remplacées par des ondes de douce chaleur. Je me calme. Mes muscles semblent se dénouer, mes oreilles cessent de tinter, mes sens me reviennent et enfin je peux respirer par de longues et profondes inspirations, saccadées pour le moment, mais un rythme normal s'installera, j'en suis certaine. De la lumière filtre à nouveau de derrière mes paupières closes, si j'ouvre les yeux, je verrai. Un soulagement certain m'envahit. J'avais si peur... perdre la vue aurait été... terrible. Je ne sais pas pourquoi, mais ne plus voir la lumière, les couleurs, la forêt aurait été pire pour moi que de ne plus entendre. La forêt... ce ne sera en tout cas plus celle de la maison que je verrai. J'en connaissais chaque recoin. Pourtant, encore actuellement, je sens une odeur boisée. Mais sur l'aire d'autoroute, il n'y avait pas de bosquet. Les Joye nous ont peut-être déplacé. Monsieur Joye en tout cas. Vont-ils bien ? Que s'est-il passé après l'attaque du reptile géant, immonde, visqueux, venimeux, énorme... combien de qualificatifs, aussi répugnants et péjoratifs, puis-je utiliser pour le dépeindre ? Trop.

Je suis bien... cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien... j'ai envie de rester comme ça, même si je ne sais où je me trouve, ni même qui me tient la main. Me tient la main ? Effectivement, je sens une main me serrer la mienne. Je perçois de nouveau mes doigts. Il ne manque plus qu'à ouvrir les yeux... mais j'en suis incapable. Pourquoi !? Je commence de nouveau à paniquer. Pourquoi je n'arrive pas à ouvrir les yeux !? Je suis consciente, je le sais. Ce n'est pas une terreur nocturne, ni un rêve lucide... Alors pourquoi !?

<<- Elle a bougé !>> s'écrit quelqu'un, sûrement celui ou celle qui me tient la main. Et encore, s'écrier est un bien faible mot : on aurait dit qu'on m'a hurlée dans les oreilles ! Je n'arrive pas à identifier si cette voix est féminine ou masculine...je crois l'avoir déjà entendu. Je perçois du mouvement autour de moi. Quelqu'un prend mon pouls et parle... ou crie, c'est sans différence pour l'instant. A moins qu'ils ne s'amusent vraiment à me déchirer les tympans.

<< Oui elle se réveille. Mais, j'ai l'impression qu'elle l'est depuis un moment maintenant. Ne t'en fais pas Gabrielle. Ça arrive souvent d'être paralysé au réveil après ce qui t'es arrivée. Je reviens, je vais juste aller chercher un petit quelque chose pour te revigorer et t'aider à reprendre le contrôle. Normalement, tu pourras à nouveau bouger. Samuel, parle-lui pour ne pas qu'elle se rendorme. Ce serait embêtant à son stade.

- Oui Monsieur, merci.>> 

C'est donc Sam qui me tient la main. J'en suis encore plus soulagée.

<<- Bon, ben... autant te raconter ce qu'il s'est passé. Te remémorer les événements quoi. Je sais que tu vas en avoir marre si j'essaye de te réconforter et en plus je ne suis absolument pas doué pour ça. Tu sais... tu nous a vraiment fait peur. Une trouille bleue. Au début, on se disait juste, "elle prend son temps". "Elle avait besoin d'être seule". Puis ça faisait vraiment longtemps qu'on t'attendait. Puis on a entendu un grognement et ensuite tu as crié. Là, Nick a couru chercher ppa', et j'ai tenté d'enfoncer la porte. Ho, je te dis pas ! Plus jamais on ne va dans des toilettes avec d'aussi grosses portes ! Je n'y arrivais pas, et j'ai commencé à paniqué grave ! Je commençais même à perdre le contrôle et à me transformer ! Heureusement que papa est habitué à ce genre de situation. Il a défoncé la porte. Au début, on n'a rien vu du tout jusqu'à ce que Nick soit projeté au mur. Là, on a tout de suite compris qu'on avait affaire avec un Gavern. Ces bestioles, pour les plus fortes, peuvent être invisibles. Bon... oui je me suis totalement transformé, sans même le désirer, mais ça nous a servi. Et si tu pouvais ne pas le répéter que c'était sans faire exprès, ça m'arrangerait tu vois ? Bref ! Pendant que mon père et moi nous occupions du Gavern, Nick est venu te rejoindre mais tu ne respirais presque plus ! Je ne te dis pas comment on a eu peur que ce soit trop tard ! Du coup, Nick t'a fait saigner pour éviter que le poison se propage trop. Quand le Gavern a fui, ouais, on n'a pas réussi à le finir, mon père t'a prise dans les bras, amené à la voiture, et là, il a tapé le code rouge ! Tu n'imagines pas ! Code Rouge ! C'est énorme !

Les élus d'un autre monde sous ce même ciel - L'école des donneursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant