Adieu la banalité

10 1 0
                                    

Une fois sorties de ma chambre, nous traversons le couloir et descendons le grand escalier.
Certains étudiants se précipitent dans la cafétéria, d'autres discutent joyeusement sans se presser et d'autres encore ont un sachet repas qu'ils vont sûrement manger à l'extérieur.
Notre petit groupe nous attend devant les portes et je sens malgré moi le stress monter.
Nick m'interpelle :

<<- Alors Gabrielle ? Qu'est-ce que ça fait de vêtir notre uniforme ?

- C'est... un soulagement ? Ce matin, c'était compliqué : je me faisais remarqué où que j'aille avec mon pantalon et mon tee-shirt.

- Ouais, je peux comprendre ça. Et, ne t'en fais pas. Tous le monde saura que t'es avec nous, ils n'oseront rien contre toi.

- ... Nick, pourquoi tu me dis ça ? Comment ça "ils n'oseront rien contre toi" ?

- T'es le genre à penser de cette manière... N'est-ce pas Sam ?

-Totalement, Nick.

- Allez, on y va.>>

Pourquoi est-ce encore plus stressant que l'entrée dans les autres établissements que j'ai fréquentés ? Ou même encore plus angoissant que la première fois où j'ai mis les pieds dans une école ?
C'est un véritable champ de bataille ; et comme pour tous les champs de bataille, il faut une stratégie !
Je sais où me placer dans le groupe, comment entrer pour que tous le monde me voie sans trop s'attarder sur ma petite personne plus que nécessaire. D'après ce que j'ai entendu dire, notre groupe est déjà perturbant : nous sommes presque tous d'une espèce différente et cela, les autres ne l'apprécient pas puisqu'ils restent entre eux. Il y a donc toujours des personnes qui le fixe, aujourd'hui ne sera pas une exception et encore moins puisque je suis là.
Je suis nouvelle, et la seule semi-métamorphe donc dans tous les cas j'attirerai le regard. Il faut que je me montre naturel et avec du caractère.
Je n'ai donc pas trop le choix. J'empoigne Anatolie et pars devant avec elle pour entrer dans la salle. Je sais que les autres vont vite arriver. Anatolie ne comprend pas et lance un regard de surprise et de détresse au groupe que nous laissons abasourdi derrière :

<<- Gabrielle qu'est-ce que tu fais ?

- S'il te plaît Anatolie, fais comme si on se connaissait depuis toujours. Parle, souris avec moi. Sois naturelle en fait.

- Heu OK, mais là, on parle déjà... non ?

- Oui, continue !>>

J'entends les autres nous rattraper quand nous passons les portes. Ils font, par conséquent, plus de mouvements que nous et leur mini course les fait se placer un peu devant nous, pile au bon moment, lorsque tout le monde nous a aperçu environ quatre ou cinq secondes.
On m'a vu avec Anatolie, puis le groupe a fait diversion et nous a couvert. C'est parfait !

<<- Gabrielle... je sais que ça ne sert à rien de te le demander mais... c'était encore une de tes "tactiques"? Entre guillemets.

- En effet, Nick. Tu as tout compris.

- T'es pas possible.

- Je sais ! Bon, et si on allait manger, hein ?>>

**********

Une fois assis, nos plateaux posés, Brice prend la parole :

<<- Alors, je n'ai peut-être pas tout suivi... c'est quoi cette histoire de tactique ?

- C'est rien, juste Gabrielle qui s'amuse à nous mener en bateau... explique Sam la bouche à moitié pleine

- SAM ! Arrête, tu sais déjà que je n'aime pas faire ça !

Les élus d'un autre monde sous ce même ciel - L'école des donneursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant