« L'ultime élan »

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Peter ne sent même plus les bras des deux adolescents qui essaient de le libérer des doigts étincelants dont il a osé se croire pleine propriétaire. Tandis que l'étau se resserre sans merci autour de sa gorge, il regarde la Mort approcher. Sa faux à la main, elle vient pour le cueillir, auréolée d'une lumière dorée dans laquelle il croit reconnaître la Vérité, celle qui, jusqu'à la dernière seconde, ricanera à son oreille en lui répétant « tu aurais dû le savoir, Peter. On ne rembourse jamais leurs dettes aux traîtres ».

Les mots sont soufflés comme une défaite, mais alors que sa vie se dérobe, Peter a envie de sourire. Il a perdu, tout le monde le sait, mais tous les autres auraient pu gagner s'ils n'avaient pas négligé l'importance de sa loyauté et, ça, personne ne pourra jamais le lui enlever.


Généralement, quand je commence à écrire une histoire, j'ai toujours une idée précise de comment je veux la finir, du chemin que je veux faire emprunter à mes personnages. Growing Evil ne faisait pas exception. Guidée par l'arc narratif de Peter Pettigrow, je savais très bien ce que je voulais décrire : le mal qui, progressivement, s'installe en lui alors qu'il trahit ses amis.

Sauf que, et je pense que vous l'aurez remarqué, j'ai fini par m'écarter du simple récit des raisons pouvant expliquer la trahison de Peter. Je trouvais que ce n'était pas rendre justice au personnage que de le résumer à ça. Parce que, évidemment, ça le définit, mais c'est passer à côté de toute la complexité que Rowling lui a donnée que de se contenter de le qualifier de traître avant de passer à autre chose.

Du coup, j'ai pris un angle complètement différent et je me suis complètement immergé dans la mentalité de Peter selon une logique très manichéenne (mais, eh, l'histoire ne s'appelle pas Growing Evil pour rien) : les défaites et les victoires qu'il a connues dans sa vie.

Dès lors, mon plan d'origine, selon lequel ce chapitre devait être consacré à l'ultime élan qui fait douter de la loyauté profonde de Peter envers Voldemort, puisqu'il hésite à tuer Harry, peut-être pour se racheter un tant soit peu auprès de ses amis, n'avait plus de sens. Parce que, dans le fond, Peter n'a jamais appartenu à 100% à aucun des camps de la guerre. Il a toujours gardé la possibilité de fuir dans un coin de sa tête et c'est ce qui faisait de lui un outil précieux mais dangereux pour Voldemort.

Au moment de l'écrire, j'ai réalisé que je ne voulais pas que ce dernier chapitre ait un goût de défaite. Je voulais un genre d'happy ending tordu pour Peter qui, Chapeauflou entre Gryffondor et Serpentard, rappelons-le, réalise que, à un niveau très individuel, il a, par sa loyauté changeante, fait échouer d'abord James et Sirius (en les trahissant) puis Voldemort (en refusant de tuer Harry à un moment où il était vulnérable).

Bref, j'ai l'impression que je suis la seule personne pour qui ce que je raconte est clair, mais disons pour faire simple que la vision du mal s'enracinant en Peter a complètement changé au fil de l'écriture. Alors qu'au début je l'affiliais à Voldemort, j'ai fini par opter pour une définition qui serait propre à Peter, à savoir sa loyauté jamais accordée.

J'espère que vous aurez saisi mes intentions malgré mes explications brouillonnes. Et je vous remercie pour m'avoir suivie dans cette histoire malgré son personnage principal controversé.

À très vite sur d'autres projets,

Mahaut

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