Epizonpolis

Chapitre 4 : Confrontation

Angel

Après trois heures de routes, nous arrivâmes enfin à l'entrepôt où était stocké de la nourriture pour tous les camps. Avant même que la guerre ne commence et que les premières bombes nucléaires frappent notre pays, de nombreuses personnes avaient commencé à rassembler des denrées alimentaires non-périssables en voyant la guerre arriver. Cet entrepôt, qui était en réalité un bunker, avait été construit pendant cette période. Les habitants de la région prévoyaient de s'y abriter en cas d'attaque nucléaire et avaient donc amené de quoi tenir pour plusieurs dizaines d'années. Car la nucléarité de ces bombes a beau ne pas durer très longtemps, celles-ci risquaient d'endommager les centrales nucléaires alentours. Quand la guerre avait commencé mais que le pays continuait quand même de marcher un peu, une industrie énorme de production de denrées pouvant être conservées pendant des dizaines d'années s'était créée. Les résistants avaient donc pu stocker des gros sacs de riz, pâtes, avoine et légumes secs et en avaient rempli l'entrepôt.

Mais désormais, les régions autour de la zone où nous vivions ayant été touchées par les bombes, nous n'avions plus aucun contact avec l'extérieur et n'avions plus aucun moyen de retrouver des denrées de ce genre. Le stock était devenu limité.

L'entrepôt était accessible à tous les camps mais nous avions mis en place un système de rationnement pour que nous puissions tenir le plus longtemps possible. Nous avions depuis réussi à faire pousser un peu de blé, nous arrivions à faire pousser des légumes et nous chassions pour avoir de la viande. Mais pour se procurer du riz ou des flocons d'avoine, nous allions à l'entrepôt. Depuis plusieurs années, le stock de pâtes et de légumes secs avait été épuisé, et les stocks de riz et d'avoine se faisaient désormais de plus en plus maigres à leur tour.

Je sortis de la voiture et allais ouvrir les portes à l'arrière pour laisser sortir Spencer et Noah.

- Mon dieu les courbatures que j'ai, se plaignit Noah en s'étirant. Carter au retour c'est moi qui monte devant, t'as pas le choix. C'est une horreur d'être à l'arrière avec toutes ces bosses.

Spencer ne se plaignit pas et se dirigea vers l'entrepôt en silence. Carter, Noah et moi la suivîmes. Deux personnes se tenaient devant l'entrée. Les camps alentours se relayaient pour garder l'entrepôt, pour vérifier que personne, notamment des indépendants, viennent voler notre nourriture, et pour contrôler la quantité de nourriture que chaque camp prenait. 

Je me présentai à l'un des hommes, celui qui avait le registre dans les mains, et expliquai la situation avec le camp 21. Mais il était déjà au courant, les camps communiquaient entre eux. Il jeta un œil à son registre et nous indiqua le nombre de sac de riz et de flocons d'avoine que nous avions le droit de prendre. Ce stock était censé couvrir les besoins en nourritures pour au moins les deux prochains mois. 

Il ouvrit la lourde porte qui protégeait l'entrée et Spencer s'engouffra à l'intérieur en première. Je m'apprêtais à lui passer la lampe torche que j'avais pris pour que l'on puisse se repérer dans l'obscurité du bâtiment mais elle me devança en en allumant une qu'elle avait déjà prise. Je ne sais même pas pourquoi je m'attendais à ce qu'elle découvre l'endroit alors qu'elle avait évidemment l'habitude de faire ce genre de mission. Nous descendîmes les escaliers et elle se dirigea vers le fond de la pièce, où étaient stockés les sacs de riz, après avoir accroché sa lampe à une ficelle qui pendait du plafond pour nous éclairer légèrement. Le stock avait encore grandement diminué et je ne sais pas combien de temps il nous resterait avant que l'on ne meurt de faim.

- Comment mangent-ils les démocrates ? demanda Carter en prenant un sac de riz.

- Apparemment ils ont des fermes souterraines, répondit Spencer. Tout est contrôlé. La quantité d'eau, la quantité de lumière, tout. C'est sûr qu'eux n'ont pas de mauvaises récoltes.