Epizonpolis

Chapitre 5 : Excuses

Spencer

Nous avions rapidement rangé tout ce que nous avions sorti tandis qu'Angel continuait d'éviter mon regard. Quant à moi, je n'avais pas oublié ce qu'il avait dit sur les Indépendants et mon passé inconnu.

- Et qu'est-ce qu'on fait des pièges ? demanda Carter une fois que tout était rangé. Si on rentre au camp on doit les récupérer maintenant mais on n'aura attrapé aucun animal, ça ne fait pas assez longtemps.

Angel soupira et se passa la main sur le visage, agacé.

- Je ne sais pas, lâcha-t-il âprement. Si on avait tué ces Indépendants on n'aurait pas eu à se soucier d'eux. On aurait pu rester ici tranquille, aller récupérer les pièges demain matin puis rentrer au camp avec de la viande. Mais non, il fallait que madame au grand cœur nous empêche de les tuer.

Il voulait remettre la faute sur moi. Mais ce n'était pas juste moi qui n'avais pas voulu les tuer. Lui aurait pu les tuer s'il le voulait tellement, mais il ne l'avait pas fait non plus. On a beau vivre dans un monde violent, tuer n'est pas rien. Et c'est difficile de prendre la décision d'enlever la vie de quelqu'un.

- Donc puisque c'était ton idée de les garder en vie, continua Angel à mon attention. Dis-nous, quel est ton plan hein ? On fait quoi maintenant ?

Je le regardais quelques instants pour essayer de décrypter son expression. Il était ironique et ne s'attendait pas à ce que j'ai réellement un plan. Sauf que j'en avais un.

- Il y a une petite clairière à vingt minutes d'ici au nord, rétorquai-je en prenant une corde dans le coffre. C'est là où l'on va d'habitude avec mon camp lorsqu'on va chasser. Puisqu'il n'y a pas d'arbre on a une meilleure visibilité et on ne peut pas se faire surprendre vu qu'on voit directement si quelqu'un sort de la forêt. On peut aller là-bas. On attachera les indépendants à un arbre pour les maintenir loin de nous le plus longtemps possible et on se relayera deux à deux pour monter la garde pendant que les deux autres dorment, histoire de s'assurer qu'ils ne reviennent pas à la charge cette nuit. Puis on ira récupérer les pièges demain matin comme prévu et on rentrera au camp après.

Angel me fixa pendant quelques secondes, immobile et surpris que j'aie véritablement un plan pour nous sortir de là.

- Très bien, lança-t-il amèrement. Allons à ta clairière.

Je levais les yeux au ciel et me dirigeais vers un des Indépendants pour le traîner contre un arbre et l'y attacher avec les autres. Noah et Carter étaient venus m'aider et après quelques minutes, les indépendants étaient tous solidement attachés à un arbre. Ils allaient avoir du mal à sortir de là.

Nous étions désormais prêts à partir. Je donnais un coup de pied dans le sol pour jeter de la terre sur le feu et l'éteindre puis me dirigeais vers la camionnette. Angel se dirigea vers l'avant du véhicule, côté conducteur, mais Carter se mit devant lui pour l'empêcher de monter.

- Tu saigne de l'arcade, annonça-t-il doucement à Angel qui était toujours de mauvaise humeur. Tu ferais mieux de me laisser conduire et de te soigner le temps qu'on aille à la clairière.

- C'est bon c'est juste vingt minutes ça va aller, soupira Angel. Je me soignerai en arrivant.

- Angel arrête, intervint Noah. Carter a raison tu ferais mieux de stopper le saignement, l'arcade ça saigne beaucoup.

Angel regarda les deux à tours de rôle puis céda.

- Très bien, lâcha-t-il.

Il fit le tour de la camionnette et s'installa à l'arrière sans rajouter un mot. Je me retournais vers Noah et Carter qui ne semblaient pas apprécier la mauvaise humeur d'Angel, voire plutôt mauvaise foi, non plus.