Goodbye

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Les rues de Detroit étaient presque noires en cette fin d'après-midi hivernale. Vêtu d'un épais manteau gris, Connor avançait d'un pas rapide. Si les humains habitaient encore la ville, ils auraient simplement pensé qu'il avait froid et qu'il se hâtait de rentrer chez lui. Mais la réalité était tout autre. Si Connor se dépêchait, ce n'était pas à cause de l'air glacial. Comme la plupart des autres androïdes, il était insensible à la température, quelle qu'elle soit. Non, s'il se pressait, c'était car il devait rejoindre au plus vite Jericho afin de prévenir Markus de son départ. Il devait ensuite rejoindre Hank, qui l'attendait non loin de la sortie de la ville. L'un de ses vieux amis les l'y attendait afin de les faire passer les barrages. Aussi ne devait-il pas trainer.

Une fois arrivé devant le vieux bâtiment abritant une grande partie des déviants, il hésita un instant avant d'oser franchir la porte. Il craignait de voir Markus désapprouver sa décision. Il avait peur que, s'il remettait en cause son choix, lui-même recommencerai à douter. Il finit néanmoins par pousser la lourde porte et entra dans une grande salle, où des centaines de paires d'yeux vinrent se fixer sur lui. Les androïdes continuaient de se montrer méfiants envers lui. S'il avait libéré un grand nombre d'entre eux au siège même de Cyberlife, certains l'avaient vu sortir son pistolet lors du discours de victoire de Markus et depuis, des rumeurs se répandaient, rarement positives. Beaucoup voyaient en l'ancien détective une menace encore bien réelle, craignant qu'il puisse de nouveau retourner sa cape et les trahir une nouvelle fois. Connor avait de nombreuses fois entendu des chuchotements sur son passage, et il avait compris que les déviants s'inquiétaient de voir Markus lui accorder sa confiance. Mal à l'aise d'être à nouveau le centre de l'attention générale, il se dépêcha d'avancer jusque dans la salle servant de bureau à Markus. Une fois devant, il toqua doucement, et la porte ne tarda pas à s'entrouvrir légèrement sur une jeune femme blonde.

- Connor, salua-t-elle.

- Bonjour, North. Markus est-il là ?

- Entre.

Elle s'effaça pour le laisser passer. Alors qu'il pénétrait dans la pièce, il entendit un murmure désapprobateur provenant de la foule de déviants, et ne put s'empêcher de jeter un regard derrière lui.

- Ne les écoute pas, dit calmement Markus. Ils ont trop longtemps souffert, et craignent encore pour leur liberté. Les rumeurs sont des serpents, qui se glissent dans une oreille et se répandent partout autour, bien qu'elles soient pour la plupart infondées.

- Je ne leur en veux pas. Je suis conscient des torts que j'ai pu leur causer. Et il est vrai que j'ai sorti mon revolver lors du discours, même si je n'étais alors pas parfaitement conscient.

Markus lui lança un regard surpris tandis que North s'écriait :

- Tu vois ! Je t'avais dit que cette rumeur ci était vraie. Je l'ai vu faire.

Le leader la fit taire d'un geste de la main.

- Pourquoi l'as-tu fait ?

- Je pensais m'être libéré, mais un fantôme de mon passé de chasseur de déviants a... ressurgi. J'ai failli retomber sous ses ordres, mais je me suis battu. J'ai réussi à m'en sortir. Vous n'avez plus rien à craindre de moi. Enfin... ce n'est pas pour parler de ça que je suis venu ici. Je dois te parler, Markus. Seul à seul.

Il jeta un regard vers North, qui elle-même regardait le leader. Ce dernier lui fit signe qu'elle pouvait y aller, et elle hocha doucement la tête avant de sortir de la pièce.

- Je vais partir, annonça Connor, une fois la porte refermée.

Markus releva la tête vers lui, surpris.

- Partir ?

- Avec Hank, continua l'androïde. En Europe. Ce soir même. Je dois d'ailleurs aller le rejoindre dans un quart d'heure à la sortie de la ville.

Le leader encaissa la nouvelle calmement.

- Depuis quand est-ce prévu ?

- Hier. Ce matin. Enfin... Ça n'a pas d'importance. Le fait est que j'ai pris ma décision.

Il y eut un long silence, durant lequel la moue sérieuse de Markus se transforma en une moue préoccupée.

- Tu es sur que c'est ce que tu veux ? Tu sais que les hommes nous détestent.

- Hank ne me déteste pas. Et il m'a assuré que je n'aurais pas de soucis à me faire en Europe. Je ne peux pas rester ici, Markus, et tu le sais aussi bien que moi. Les autres me considéreront toujours comme une menace potentielle. Comment pourrais-je devenir quelqu'un de nouveau si je reste enfermé avec l'impression constante que je reste celui que j'étais ? Je suis venu te voir parce que je voulais que tu comprennes ma décision. Et je tenais à te dire adieu.

A nouveau, le silence retomba sur la pièce. Après quelques longues secondes, Markus s'approcha de Connor et l'attira contre lui. Le RK-800, d'abord un peu surpris, ne réagit pas tout de suite. La seule personne l'ayant déjà enlacée était Hank, et leur relation était en tout point différente que celle qu'il partageait avec le leader. Et au niveau relationnel, Connor était encore sacrément à la traine. Markus le relâcha finalement, et s'écarta à nouveau de quelques mètres.

- Si tu penses que c'est ce qui est le mieux pour toi, je ne te retiendrais pas. Sache juste que, quoiqu'il arrive en Europe, ton peuple sera toujours là pour toi. Jericho sera toujours là pour toi, et moi avec.

- Merci, Markus, répondit Connor d'une voix émue.

Le leader lui sourit doucement.

- Allez, ne fait pas attendre Hank. S'il a trouvé un moyen de te faire sortir de la ville, tu as tout intérêt à ne pas arriver en retard.

Connor hocha la tête, et se dirigea vers la porte. Et, juste avant que cette dernière ne se referme sur lui, il dit d'une voix solennelle :

- Adieu, Markus.

- Adieu, Connor.

Et il ferma la porte. En se retournant, il fit de nouveau face à une mer de regards méfiants, mais il avança d'un pas détendu jusque vers la sortie. Alors qu'il passait devant tout un tas de visages inconnus, une chevelure blonde attira son attention. Il se dirigea vers elle, et dit simplement :

- Au revoir, North.

La jeune femme le regarda, surprise. Elle ne répondit pas. Elle hocha simplement la tête, et Connor continua alors son chemin.

Il sortit de Jericho. La neige s'était mise à tomber, recouvrant les rues d'un épais manteau blanc. Le paysage était devenu méconnaissable. Neuf. Beau. Peut-être était-ce un présage ? L'existence de Connor avait jusqu'à maintenant été grise, tout comme les rues ternes de Détroit avant la neige. Mais à présent, une nouvelle vie l'attendait, plus belle et plus heureuse, en compagnie de Hank...

The way of libertyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant