The airport

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- Nous voilà arrivés ! lança Hank alors qu'il se garait enfin sur le parking bondé.

Il venait de passer une demie heure à chercher en vain une place de libre, et n'était pas mécontent d'avoir pu enfin en trouver une. Il s'empressa d'ouvrir la portière, et sortit de la voiture, les jambes engourdies par les longues heures de routes. Ils n'avaient fait que quelques pauses, afin de laisser Sumo se dégourdir les pattes, mais ne s'étaient pas attardés. Connor, lui, ne se précipita pas. Il observait d'un air absent les rangées de voitures qui s'étiraient devant lui. Décidant qu'il valait mieux le laisser prendre son temps – de toute manière, ils étaient en avance – Hank s'occupa de faire descendre Sumo, qui émit un petit gémissement d'aise, heureux d'enfin quitter le véhicule. Il entreprit ensuite de sortir les quelques bagages qu'il avait emporté, et les déposa par terre en attendant que l'androïde se décidé à quitter la voiture.

- Qu'allons-nous faire de votre véhicule ? demanda Connor lorsqu'il rejoignit finalement Hank.

- On va le laisser ici. Ce n'est que ma voiture de fonction, quelqu'un viendra la récupérer dans les jours qui arrivent.

Le RK-800 hocha la tête, puis jeta un œil aux quelques sacs posés sur le sol.

- Vous n'avez emporté que ça ?

- Je n'ai pas besoin de grand-chose, répondit Hank en haussant les épaules. Allez, aide-moi à les porter.

Connor s'empara aussitôt de deux lourds sacs et laissa à l'ancien Lieutenant les deux restants. Ils se dirigèrent ensuite vers l'aéroport, Sumo trottinant à leur côté.

Lorsqu'ils entrèrent dans le grand bâtiment, ils furent accueillis par un hall noir de monde. Les bancs étaient tous pris, des gens s'asseyaient à même le sol et des enfants pleuraient de tous les côtés.

- Pourquoi l'aéroport est-il si bondé ? demanda Connor, nerveux.

- Hmm, la révolution des androïdes à Détroit a dû en effrayer plus d'un. Mais ne t'inquiètes pas, nous serons partis d'ici moins de deux heures.

Le RK-800 hocha la tête, mais les paroles de Hank n'étaient pas parvenues à chasser sa nervosité. Alors que le Lieutenant sortait son téléphone de sa poche pour prévenir son contact qu'ils étaient arrivés, il prit la laisse de Sumo de ses mains et alla s'adosser à un mur non loin de là. Il était impératif qu'il ait l'air d'un humain, et rester près de Hank, droit comme un piquet, n'allait certainement pas l'aider. Il commença donc à caresser distraitement l'animal, prenant garde à assouplir ses muscles, s'efforçant au maximum à adopter la posture paresseuse des êtres humains. Il attendit ainsi plusieurs minutes, jusqu'à ce que Hank revienne finalement vers lui, un léger sourire aux lèvres.

- Nous embarquons dans trois quarts d'heures. Mon contact va venir nous chercher ici même et nous donnera un accès spécial qui nous évitera d'avoir à passer les contrôles de sécurité. Quelqu'un viendra également s'occuper de Sumo. Tout va bien se passer.

- D'accord... souffla Connor.

L'inquiétude le taraudait encore, mais il ne voulait pas embêter Hank avec un stress inutile alors qu'il semblait si sûr que tout se passerait bien. Il lui faisait confiance, là n'était pas le problème, mais il s'était rendu compte que vivre en temps qu'humain engendrait une grande part d'imprévu. Lorsqu'il était encore une machine, il savait exactement quoi faire dans n'importe qu'elle situation. Il n'avait même pas à réfléchir, son programme s'en chargeait pour lui. Mais aujourd'hui, il n'y avait plus que lui. Et, bien qu'il ne renoncerait pour rien au monde à sa liberté, il devait avouer que tout était devenu plus compliqué depuis qu'il était seul maitre de lui-même. Il savait que Hank serait toujours là pour l'aider et le conseiller, mais il avait compris qu'il valait mieux parfois taire ses inquiétudes et agir sans toujours s'en remettre aux autres. Les humains intériorisaient énormément, et il était conscient qu'il devrait en faire autant s'il voulait s'intégrer.

Les minutes passèrent et ils n'échangèrent quasiment pas un mot. Connor restait perdu dans ses pensées, flattant distraitement la tête de Sumo, tandis que Hank ne quittait pas la foule des yeux, guettant l'arrivée de son contact. Un homme arriva finalement et se dirigea immédiatement vers eux.

- Hank, te voilà ! J'avais peur de ne jamais te trouver parmi tout ce monde, lança-t-il.

- Fred, ça fait plaisir de te revoir. Comment tu vas depuis le temps ?

Les deux hommes discutèrent ainsi pendant plusieurs minutes, visiblement heureux de se retrouver. Cela permit à Connor d'en apprendre plus sur celui qui allait leur permettre de quitter le continent. Il avait, il y a longtemps, travaillé avec Hank dans la police. Il occupait à présent une place important au gouvernement, et était souvent en déplacement, ce qui lui permettait d'avoir facilement accès aux aéroports et de pouvoir y faire passer à peu près ce qu'il voulait. Il assurait qu'il n'y aurait absolument aucun souci pour les faire embarquer. Après encore quelques minutes de bavardages, Fred se tourna vers Connor et lui adressa un grand sourire.

- Et donc, tu es Connor, c'est bien ça ?

- Oui, ravi de vous rencontrer.

- Tu travaillais dans la police, donc ? Avec Hank, c'est bien ça ?

L'androïde lança un regard inquiet à Hank. L'homme était-il au courant de la véritable identité de Connor ? Etait-ce une question piège ? Mais le Lieutenant lui adressa un signe de tête, lui indiquant qu'il pouvait y aller.

- Et bien, j'ai travaillé avec lui, oui. A vrai dire, je ne travaillais pas vraiment pour la police, mais plutôt pour Cyberlife.

Le dénommé Fred hocha la tête.

- J'ai entendu parler de leur modèle surperformant. Il parait que c'était le meilleur soldat jamais créé. C'était donc toi. Ça n'a pas dû leur plaire que tu échappes à leur contrôle. Mais bon, ne parlons pas trop de ça ici. Evitons de créer un mouvement de panique.

Il leur fit signe de le suivre. Ils marchèrent à travers la foule jusqu'à arriver devant une porte à l'inscription « réservé au personnel », où ils s'engouffrèrent. Ils arrivèrent dans une petite salle, où plusieurs bagages et quelques cages attendaient.

- Vous allez laisser vos affaires ici, ainsi que ce gros bonhomme, dit-il en caressant doucement Sumo. Pas d'inquiétude, vous les retrouverez dans le même état de l'autre côté de l'Atlantique.

Ils entreprirent donc de poser leurs bagages dans une caisse réservée et de faire rentrer Sumo dans un compartiment adapté. Puis, ils se laissèrent guider jusqu'à une sorte de petite salle d'attente, ou quelques personnes attendaient déjà.

- Bon, c'est ici que je vous quitte, annonça Fred. Quelqu'un viendra d'ici une dizaine de minutes pour vous faire embarquer. Vous serez conduit avant les autres passagers et irez directement vous installer en première classe.

- En première classe ? J'ai pas acheté des billets de première classe, Fred, il doit y avoir une erreur.

- C'est moi qui vous ai surclassé. J'ai pensé que ça vous ferait plaisir, considère ça comme un cadeau d'adieu de ma part. Et puis, entre nous, vous y serez quand même plus tranquille qu'en classe éco.

Hank hocha la tête, un sourire reconnaissant aux lèvres.

- Merci, mon vieux. Je te revaudrais ça.

- J'y compte bien ! répondit l'homme avec un sourire espiègle. La prochaine fois que je déciderai de prendre des vacances en Europe, je compte sur vous pour m'accueillir !

Ils se dirent au revoir et Fred quitta la pièce, laissant seuls Connor et Hank. Ces derniers allèrent s'assoir un peu à l'écart des autres personnes attendant elles aussi d'embarquer. Ils discutèrent brièvement, mais l'appréhension du départ était trop forte et ils se turent bientôt, se contentant de patienter jusqu'à ce qu'on vienne les chercher.

The way of libertyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant