SEYDOU

Au premier jour de classe

Lorsque j'entrais pour la première fois dans la salle 17 , l'ambiance y était retentissante , décidément , mes camarades s'étaient emporté par le bonheur immense des retrouvailles . Ils s'étaient regroupés autour de groupes différents au sein desquels ils se discutaient , se réjouissaient , s'échangeaient , ricanaient et se moquaient entre eux . À regarder cet atmosphère qui embelissait la salle , j'avais vite compris qu'ils étaient dans la même classe depuis des lustres . Mais , il fallut que j'arrive à peine au milieu de la salle pour entendre une voix de chœur crier : «Bienvenu le nouveau !»
Je ne m'attendais surtout pas à ce qu'ils se lèvent tous en même temps pour me souhaiter le bienvenu , j'avais plutôt prévu de passer inaperçu et de me glisser au fond , ô combien j'étais timide ! mais on dirait que ça a mal tourné pour moi.
-Merci , merci à tous c'est gentil ! , Leur disais - je et chacun s'assit sur son banc à nouveau . Alors que j'avais du mal à me trouver une place , non pas faute d'insuffisance de table vu que l'effectif de la classe peinait à atteindre le nombre de trente élèves , mais parceque je voulais me trouver un table banc fixe bien placé d'où je serai exactement face au professeur devant le tableau noir , un albinos qui s'était assis sagement à la dernière table de la troisième rangée me fit signe de le rejoindre ; il prit son sac à dos de cuir noir qu'il avait posé là où je devais m'asseoir et le glissa dans le casier en me demandant mon nom . Je n'eus pas l'occasion de le lui dire car une femme s'infiltra dans la salle dès l'instant que je trouvais une place . La classe se leva et souhaita une bienvenue à la dame comme ils l'avaient fait avec moi il y avait environ deux minutes , elle nous dit signe de nous asseoir sans nous regarder, avant de le faire sur la chaise en bois située dans le petit bureau au coin de la classe qui faisait face à la porte . Un silence soudain se répandit dans la salle . Les yeux de la dame baignaient toute la classe , elle sortit un stylo bleu de son sac à main et commença à écrire sur le grand cahier qui était sur sa table . Elle posa ensuite le stylo et brisa le silence qui régnait dans la salle cinq minutes après .

- Je ne vais pas vous demander si vous avez passé de bonnes vacances , cela ne m'intéresse absolument pas . C'était les premier mots que sa voie de lionne avait prononcé .

- Je suis assez célèbre dans cet établissement pour que vous me connaissez tous . Les élèves chez qui mon visage est nouveau , levez la main . Apparemment toute la salle avait déjà rencontré ce professeur qui me paraissait impitoyable et sans scrupule ou du moins le connaissait déjà excepté moi bien sûr , ma main était la seule qui flottait en l'air , et tout les yeux me regardaient .

- Levez-vous Monsieur , m'ordonna
t-elle et j'executais . Vous êtes un nouveau n'est-ce pas ?

- Oui madame .

- Et vous avez un nom ?

- Seydou madame , Seydou Diop , je viens du lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque .

- Parfait Monsieur Diop . D'abord c'est Mademoiselle Sankara , ton nouveau professeur de français et sûrement celui que tu detesteras le plus , mais peu importe . N'abuse plus donc à me dire «Madame» c'est clair ? , J'acquiesçais de la tête .

- Ensuite tu me donnes une information sur toi ou sur autre chose que quand je te pose la question . Qui t'a demandé de quel lycée tu venais ? Pour cette fois je laisse passer . Et en fin j'ai horreur des cheveux des garçons , si tu viens en classe au prochain cours sans te les raser je les ecorcherai de ta tête sans hésiter . Si tu penses que je plaisante renseigne toi auprès de tes camarades . Valable pour toi aussi Alassane . Poursuivait-elle en pointant du doigt un gars qui était assis au premier rangée de la classe . J'espère que j'ai été clair Diop ?

- Bien sûr mademoiselle !

- Parfait , tu peux désormais te rasseoir .

Elle fit l'appel , il n'y avait pas d'absent . Elle soupira puis dit que c'était la première fois qu'elle voyait une classe de TL'1 qui avait vingt huit élèves . Elle se leva avec une craie rouge à la main puis écrit en haut du tableau : PROGRAMME DE FRANÇAIS EN TERMINAL . Tous recopiaient silencieusement ce qu'elle écrivait au tableau noir . J'avais ainsi la preuve qu'un excès de caractère peut amener une femme à rester célibataire jusqu'à ses quarantaines . Aucun homme ne veut se marier avec une femme si dure telle que Mademoiselle Sankara , hélas , comme elle l'a dit , elle aura été le professeur que je déteste le plus et ce depuis le premier cours , je n'arrivais pas à la comprendre , elle était lunatique mais quand même une partie de moi me disait que je devais me foutre de son caractère et me concentrer sur les connaissances qu'elle partageait avec nous , si je voulais réussir cet année .