Chapitre 2

156 3 3
                                    

Le couple marchait sur le sentier côtier depuis une demi-heure, lorsque la progression devint à nouveau difficile. Julie avait de fréquents vertiges et Pierre s'appuyait régulièrement sur sa béquille de bois flotté pour reprendre son souffle et reposer sa cheville blessée. Il canalisait tellement ses efforts sur sa progression, qu'il ne remarqua pas que sa compagne fut tout à coup, paralysée de stupeur. Au bout de plusieurs secondes, elle demanda d'une voix blanche d'effroi :

- Vous voyez ce que je vois ?

- Pierre fut interpellé par l'intonation de voix blanche de Julie, pas par les mots. Pressentant un danger il se redressa d'un coup et écarquilla les yeux d'épouvante.

- Dantesque !...

Ce fut le seul mot qui lui vint à l'esprit. Reprenant le contrôle de ses sens, il répondit :

- Si vous parlez de ce cargo coincé entre les rochers, alors oui je vois ce que vous voyez !

- C'est incroyable, comment s'est-il retrouvé là ?

- La tempête me semble la seule explication, mais tout de même...

- En tous cas, c'est n'est pas notre bateau !

- Non vous avez raison, c'est un bateau de transport de marchandises... J'avoue que je suis sidéré de voir un aussi gros navire coincé comme ça, entre des rochers !

Aussitôt Julie pensa au secours et à l'aide dont Pierre avait un urgent besoin :

- Si ce bateau est là, il y a forcément des hommes et peut être un médecin, je vais aller voir et je reviendrai avec les secours, attendez-moi là, je ne serai pas longtemps partie !

- Non ! Vous n'irez nulle part toute seule ! Et je ne veux pas attendre les secours devant cette vision apocalyptique !

- Ne vous fâchez pas !

Plus doucement, il ajouta :

- Nous trouverons les secours ensemble... De plus, n'oubliez pas que nous ne connaissons pas ce pays, je ne tiens pas à vous voir partir seule... il y a trop de danger ici !

Devant sa détermination, Julie aida Pierre à reprendre leur marche et curieusement, il retrouvait ses forces comme si la vision de ce géant blessé, lui donnait des ailes. Il est vrai que la scène qui s'imposait à eux, était terrifiante.

Un énorme bateau, rouge et noir, coincé entre d'énormes rochers, les laissait sans voix. Une nappe de fioul s'échappait de sa coque et tout autour c'était la désolation. En regardant mieux, ils découvrirent une énorme brèche dans son flanc droit. Le couple échangea des regards abasourdis et avança mécaniquement sans quitter la scène des yeux. En approchant plus près de l'épave, ils virent des hommes affairés à sortir tout ce qu'ils trouvaient dans les cales et posaient pèle-mêle ces marchandises sur un espace bien au sec, avant de retourner dans le ventre du géant.

Le spectacle était hallucinant, combien de tonnes pesait ce géant des mers ?

Plusieurs assurément, pourtant ce géant avait été soulevé et déposé-là, comme un fétu de paille entre les rochers, d'ailleurs ces mêmes rochers donnaient l'illusion d'une cale sèche. Et la scène que le couple avait devant les yeux, créditait largement cette hypothèse car la marée bien que haute laissait le bateau à sec, côté littoral... une scène totalement surréelle.

Au fur et à mesure que Julie et Pierre approchaient, ils découvraient par le trou béant de la coque, un amoncellement de marchandise de toute sorte. C'était stupéfiant, ce trou était plus grand que le portail d'une église et son flanc droit était tellement lacéré, qu'il n'y avait plus la moindre trace de peinture, seul son nom était encore visible : Le Pacifique !

Voyages hors du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant