Chapitre 15

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Julie ne reprit connaissance que plusieurs heures plus tard, avec des douleurs dans tout le corps. Elle était épuisée, pourtant elle fit de nombreux efforts pour se lever, seulement son corps douloureux, refusa de lui obéir. Elle cria pour appeler à l'aide, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Elle gisait-là, étendue sur un tapis de genêts et d'ajoncs, coincée entre deux énormes rochers, sans comprendre ce qu'elle y faisait.

Elle renouvela ses efforts et voulut bouger un bras, puis l'autre, ni parvenant pas elle tenta de dégager ses jambes, mais sut instantanément qu'elle n'y parviendrait pas, chaque tentatives lui déclenchaient des douleurs intolérables. Allongée dans une position inconfortable, elle gémit de désespoir et de souffrance en constatant que ses deux jambes étaient cassées et ses bras trop douloureux devaient l'être aussi.

D'impuissance et de rage, des larmes embuèrent sa vue et coulèrent en cascades sur son visage tuméfié, ce qui lui amena aussitôt un goût de sang dans la bouche, un goût qu'elle ne supporta pas. Des vertiges l'assaillirent aussitôt et le ciel devint un manège infernal dans lequel les nuages tournaient de plus en plus vite lui provoquant des nausées, qui lui arrachèrent l'estomac. Elle tourna la tête sur le côté gauche, pour échapper à la ronde infernale des cumulus, mais elle se retrouva face à un buisson d'ajoncs. Elle tourna la tête sur le côté droit, celui-ci était dégagé et lui permit de reconnaître instantanément l'endroit où elle se trouvait...

Affolée, elle comprit qu'elle gisait dans le pire endroit du domaine : Le trou aux ours... Le seul endroit où personne ne viendrait la chercher, car celui-ci n'était accessible que par la mer.

Ce trou aux ours était un endroit strictement interdit à tous, parce que trop dangereux, son à pic ne laissait que peu de chance de survie à celui qui jutait dedans. Et Julie était-là, cassée de partout, incapable de bouger et de crier pour manifester sa présence. Elle comprit qu'elle était condamnée, puisque personne ne penserait venir la chercher-là.

Mais comment y était-elle arrivée ?

Elle revit la libération de Pierre, la colère du lieutenant lorsqu'il découvrit la fuite de son prisonnier puis rien, seulement son transport sur les épaules d'un homme, mais elle avait beau chercher, elle ne se savait pas pourquoi elle gisait-là.

Cependant, devant le constat de son immobilité et de ses douleurs, elle en eut une vague idée et pour la première fois depuis le naufrage, elle avait peur et elle grelottait.

Après la dose d'adrénaline que son organisme avait secrétée, Julie se sentait trop fatiguée pour lutter, elle se laissa glisser vers le néant. Mais dans la seconde qui suivit, une voix forte et autoritaire résonna autour d'elle, une sorte d'écho qui lui ordonnait d'être courageuse et de resté éveillée. Stimulée elle reprit quelques forces, mais le combat était inégal, pourtant elle lutta aussi longtemps qu'elle put pour sa survie, néanmoins malgré les injonctions de la voix, elle sombra dans une modification de conscience... une sorte de coma.

Les forces lui manquaient, son abandon devint total et elle glissa vers le néant, c'est alors que dans un halo de lumière, elle vit un homme approcher, son cœur se mit à battre très fort. Elle reprit confiance, enfin quelqu'un venait à son secours. Sur le moment elle crut reconnaître Pierre, mais l'homme était plus petit. Il avançait vers elle avec un large sourire et tout à coup elle reconnut Joseph, son mari défunt, elle fut si heureuse de le voir, qu'elle trouva sa présence en ces lieux, normale.

- Tout va bien Julie, ne t'inquiète pas !

- Tu viens me chercher ? Mon heure est venue, c'est ça ? Lui répondit-elle heureuse.

- Non, ton heure n'est pas encore venue !

- Mais je suis si fatiguée, je n'ai plus de force... Je suis prête à te suivre tu sais !

Voyages hors du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant