Chapitre 17

61 2 2
                                    

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort. C'est la présence des absents dans la mémoire des vivants »

La citation de Jean d'Ormesson correspondait parfaitement au ressenti des habitants de cette île improbable, pourtant la vie devait continuer et elle continua malgré le chagrin.

***

Une semaine plus tard, le premier blessé fut autorisé à quitter la clinique et au fil des guérisons, celle-ci se vida de tous ses pensionnaires. Sauf Julie, qui resta deux semaines de plus dans ce cocon protecteur, sous le regard attentif et de plus en plus amoureux de son mari. Sa rééducation lui demanda des efforts intenses et chaque jour, dotée d'un courage exceptionnel, elle dépassait ses limites et progressait vite. Sa famille et tous ses amis citaient en exemple son courage.

Pierre dormait toujours auprès de sa femme et refusait obstinément de la quitter ne fusse qu'une nuit. Il prenait son petit déjeuner avec sa famille et ses amis pour partager les nouvelles, mais les autres repas, il les prenait avec son épouse. Il avait pris ses quartiers à la clinique où il avait désormais ses habitudes et il ne comptait pas en changer, tant que sa Julie avait besoin de lui. Il aurait pu dormir chez lui, puisque l'état de santé de sa femme s'améliorait de jour en jour, mais il était persuadé que Julie avait vécu une aventure onirique hors du commun et il était bien décidé à en avoir le cœur net, c'est pour cela qu'il passait toutes ses nuits auprès d'elle, notant toutes les paroles récurrentes qu'elle prononçait, dans son sommeil :

- « Un grand danger nous menace, mais le camp du Renne Blanc nous accueillera » disait-elle en s'agitant.

Seulement le matin elle ne se souvenait de rien.

- Ce n'est qu'un rêve mon cœur, ou peut-être un cauchemar, tu ne dois pas en tenir compte... sois raisonnable !

- Tu as raison, je m'inquiète pour rien !

Cependant Pierre était certain de son intuition, il ne baissa pas les bras. Quelque chose se préparait, les propos que Julie répétait chaque nuit, étaient des avertissements et ces avertissements-là ne devaient pas être pris à la légère, il devait intervenir vite... mais comment ?

Il sollicita l'aide de ses deux confrères et amis.

Julie leur avait déjà fait vivre une expérience similaire quelques jours après leur naufrage, ils n'étaient donc pas surpris. Pierre s'inquiétait pour rien selon eux. David et Gilles soignaient leur amie depuis plusieurs jours et n'avaient rien remarqué d'anormal, elle avait déjoué les pronostics les plus sombres en sortant du coma, ils demeuraient confiants. Cependant pour rassurer leur ami, ils s'assurèrent que Julie ne souffrait pas d'un trouble, lié au violent traumatisme qu'elle venait de subir en lui faisant passer toute une série de tests précis. A l'issue de ceux-ci le mystère restait entier, ils n'avaient rien décelé.

- Je ne suis pas inquiet, évidemment avec une IRM nous en saurions davantage, mais puisque nous n'en avons pas, nous devons nous fier aux tests rigoureux que nous venons de faire ! Déclara gilles.

- Moi non plus, je ne suis pas inquiet... Julie a des propos parfaitement cohérents, elle se souvient de sa vie d'avant l'agression et physiquement elle se remet vite, très vite même... Je pense donc qu'elle évacue son traumatisme pendant la nuit et prétend au matin, que ce ne sont que des rêves, de cette façon la réalité lui est plus supportable et elle peut l'oublier pour passer à autre chose... à mon avis c'est une sorte de protection que son inconscient a mis en place... seulement comme vous le savez, je ne suis pas un psychanalyste et je me plante peut-être complètement ! Affirma David.

Voyages hors du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant