Chapitre 10

77 3 1
                                    

Convaincus qu'ils découvriraient rapidement le fin mot, de toute cette histoire, les naufragés partirent explorer la baie deux jours plus tard. La bonne humeur était au rendez-vous, ils allaient enfin voir de leurs propres yeux la cascades, le tsunami et cette fameuse pyramide. Ils n'adhéraient toujours pas aux conclusions de Bérénice et son fils, mais ils voulaient voir de leurs propres yeux, ce maudit chaudron pour en tirer leurs propres conclusions. En arrivant devant l'épave du Pacifique, la petite communauté se scinda en deux groupe, le premier prit la direction nord tandis que l'autre se dirigea vers le sud. Ils firent le trajet jusqu'à la cascade, en moins de trois jours. Les enfants étaient ravis de dormir à la belle étoile, pour eux c'était tout bonnement des vacances en camping. Les parents avaient décidé d'amener leurs enfants, avec eux pour les surveiller en permanence et constater ensemble, la dangerosité de cette baie tant décriée par le couple mère-fils.

En cours de route ils découvrirent toutes les épaves de bateaux, décrites par les premiers explorateurs et constater qu'effectivement, ces carcasses formaient un bien sinistre cimetière. A contre cœur, ils durent admettre qu'ils n'étaient pas les premiers à avoir échouer-là, la baie avait depuis longtemps prit l'habitude de happer les bateaux... Mais depuis combien de temps prenait-elle aussi les vies ? Se demandaient-ils consternés ?

Parmi ces épaves, ils découvrirent une nef moyenâgeuse en excellent état, malgré le trou béant dans sa coque, mais également des bateaux beaucoup plus récents en fibres de carbone à demi envasé. Un peu plus loin, un voilier corsaire semblant émerger des eaux grisâtres de la baie, donnait l'illusion d'un bateau fantôme, filant droit vers eux et cette vision les effraya. Parmi toutes ces épaves se trouvait le Phénix, une partie de son flanc droit était arraché, mais son nom était bien lisible, malgré les seize années passée dans ce cimetière.

Ils trouvèrent également plusieurs épaves qu'ils ne purent identifier à cause de leur mauvais état. Chacun de leur côté, les deux capitaines notaient tout ce qu'ils observaient, en particulier les noms des épaves et les informations qui figuraient encore sur le reste des coques afin de confronter leurs connaissances réciproques.

Au cours de ce périple, les deux équipes purent constater, qu'il n'y avait effectivement pas de passages vers la haute mer. Aucun bateau quel qu'il soit, ne pouvait entrer dans la baie et ce constat ravagea les plus virulents détracteurs, qui ne se résignaient toujours pas à accepter les affirmations de Bérénice.

Arrivés devant la cascade, quelques personnes s'émerveillèrent du spectacle grandiose qu'elle leur offrait, pendant que d'autres furent épouvantés par sa puissance. Pourtant tous étaient terrifiés par le phénomène qu'ils avaient devant les yeux et les conclusions qu'ils devaient en tirer. Avant cette expédition, certains pesaient que les marins soutenaient Bérénice et son fils dans leurs délires, mais ils changèrent radicalement de façon de penser devant la puissance du tsunami et le traumatisme qu'il leur provoqua. Leur arrivée dans le chaudron restait un mystère, puisque l'océan ne communiquait avec la baie, que par cette cascade assourdissante. Personne n'osa poser de questions, car les détails que Bérénice leur donnait à chaque fois, entretenaient une angoisse générale. Alors plutôt que d'imaginer leur arrivée, ils préférèrent en rester-là. Cependant il restait l'époque dans laquelle ils évoluaient, là encore personne ne voulut débattre de ce sujet brûlant. Ils s'accrochèrent à leurs certitudes pour garder un espace mental équilibré, indispensable à leur survie...

* * *

Après la découverte de la cascade et de ce redoutable raz de marée, les explorateurs de la partie sud du chaudron, décidèrent de visiter la maison de Bérénice. Ils avaient besoins d'évacuer les visions terrifiantes de l'expédition et ce détour ne rallongeait pas le chemin. La hâte de visiter cette demeure si largement décrite, leur fit oublier l'instant et c'est d'un pas léger que l'équipe s'engagea sur le sentier. A présent qu'ils savaient devoir vivre sur cette île inconnue, les naufragés voulaient se faire une idée précise, de la vie que le couple y avait mené pendant seize ans, afin de pouvoir anticiper sereinement ce qui les attendait eux-mêmes.

Voyages hors du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant