Chapitre 1

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Ce n'était pas une tempête ordinaire qui s'abattait ce jour-là sur la baie, mais une véritable déclaration de guerre que la nature en folie imposait au littoral Atlantique.

Impuissante, la terre vibrait au rythme des coups de tonnerre qui grondaient en salves rapprochées. Puis venant de nulle part, des langues de feu enflammaient les pins maritimes qui se transformaient aussitôt, en torches crépitantes

Des rafales de vent d'une force inouïe creusaient des vagues effroyablement hautes que la mer en furie, transformait en tourbillons larges et rapides. Ces tourbillons ainsi formés créaient à leur tour, des vagues bouillonnantes d'écume qui jetaient contre les rochers, tout ce qu'elles trouvaient avec une brutalité effarante.

Des éclairs bleus d'une luminosité incroyable, illuminaient le ciel en permanence et des craquements sinistres se faisaient entendre au-dessus de cette mer démontée.

Cette scène de fin du monde dura plusieurs heures sans faiblir.

Enfin, après une dernière déflagration, cette tempête sans nom céda sa place à un soleil timide. Celui-ci tenta de réchauffer les côtes, les criques et les plages de ce pourtour côtier, mais il ne mit en évidence, que les dégâts subis.

Cette accalmie ne dura que quelques instants, le vent se leva à nouveau et dans un dernier sursaut de violence, il poussa des gros nuages noirs qui occultèrent totalement l'astre du jour et aussitôt, il régna sur la région un froid polaire.

Ce nouveau coup de vent ne dura qu'une dizaine de minutes, mais il fut suffisamment long et puissant pour agiter une dernière fois les flots et c'est dans cette ultime convulsion, que la marée vomit sa première victime.

A présent parmi les épaves, arrivait un corps inanimé que les vagues poussaient sans ménagement. Ce corps ressemblait étrangement à une poupée désarticulée, que seule une jupe indigo trahissait par son contraste avec le sable.

Puis la mer se retira sans bruit, entraînant dans son ressac quelques morceaux d'épaves et autres détritus en ignorant cette proie qu'elle abandonna sans remord.

De longues heures passèrent dans un silence terrifiant, que seul les mouettes troublaient et le froid s'intensifia encore, sans que la victime ne reprenne conscience.

Au bout de ce qui semblait être une éternité, la rescapée s'anima. La malheureuse grelotta violemment. Elle voulut bouger, mes ses gestes lents, saccadés et imprécis la rendaient maladroite. Instinctivement elle se recroquevilla en cherchant la chaleur d'une couverture ou d'un vêtement. Son premier réflexe fut de s'asseoir, puis de se lever, mais elle tomba aussitôt à genoux.

Résignée elle se rassit sur le sable mouillé se tenant la tête entre les mains pour contenir ses douleurs et laissa errer son regard sur le littoral.

Elle ne comprenait pas sa présence sur cette plage et cette énigme la terrorisait. Se sentant mieux, elle voulut s'enfuir, mais n'en eut pas la force. Alors, anéantie de fatigue et de douleurs, elle s'allongea sur le sable. Le soleil encore timide la réchauffa tendrement à la façon d'un amant et sous ses caresses elle décida d'attendre les secours.

Les forces revenues, cette miraculée de l'océan se releva et c'est le dos courbé, qu'elle avança sur le sable fin. Au bout d'une dizaine de mètres une halte sur un rocher lui fut salutaire.

Elle profita de cette pause pour tenter de reconnaître le paysage. Mais elle ne vit que la mer toujours aussi menaçante et un gros rocher de granit blanc de forme pyramidale. En contemplant cette anomalie géologique, elle fut effrayée par les d'étincelles que cette pyramide libérait en permanence, alors préférant la fuite à la curiosité, elle se leva d'un bond.

Voyages hors du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant