Chapitre 8

99 9 8
                                    

Elsa se trouvait dans un salon du château d'Arendelle. Dans le foyer de la cheminée, un feu chaleureux crépitait, chassant le bruit de la pluie contre les carreaux. Elle détourna son regard de l'âtre et sourit. Derrière elle se tenait Anna avec quinze ans de moins, assise sur les genoux de leur mère dans un fauteuil. Elle riait aux éclats, tentant d'attraper un flocon de la douce neige que faisait tomber Elsa au-dessus d'elle. Leur père, assis dans un canapé, les couvait du regard. Elle sentait qu'elle était heureuse.

Soudain, un éclair déchira le ciel, la faisant sursauter. Le bruit de la pluie redoubla d'intensité et le vent se mit à souffler, cherchant la moindre interstice pour se glisser à l'intérieur de leur foyer. La tempête se levait, doucement, comme un grondement sourd qui prenait de plus en plus d'ampleur. Elle détourna son regard de la vitre pour s'apercevoir de la tempête de neige qui se défoulait dans la pièce. Le sol et les murs étaient gelés, la neige emportait tout sur son passage et les stalactites au plafond la menaçaient comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Au milieu de ce chaos, sa sœur et ses parents s'étaient serrés les uns contre les autres pour se protéger du froid, jetant des regards terrifiés autour d'eux. Anna hurlait :

"Arrête Elsa ! Arrête ! J'ai peur !"

Elsa regarda ses mains, impuissante. La peur lui tordait les entrailles. Elle lança un regard douloureux à ses parents avant de remarquer les stalactites qui se balançaient dangereusement au-dessus d'eux.

"Non !"

Dans un mouvement désespéré, elle lança un jet de magie qui atteint sa sœur, l'écartant suffisamment pour lui éviter la mort. Elle se précipita vers Anna dont une mèche était en train de blanchir. Elle était inconsciente.

"Anna ?"

Non, non, pas Anna. Elle ne pouvait pas l'avoir blessée. Elle cria à l'aide en tentant d'étouffer ses sanglots :

"Maman ! Papa !"

Elle regarda au-dessus de l'endroit où ils se trouvaient juste avant, et s'aperçut que les stalactites n'étaient plus accrochées au plafond. Elles étaient tombées.

C'est ta faute.


"Elsa ! Elsa !"

L'intéressée ouvrit les yeux, hors d'haleine, pour rencontrer le regard inquiet de Jack.

"- Tout va bien ? demanda-t-il tandis qu'elle tentait de calmer sa respiration."

Est-ce que tout allait bien ? Non. Certainement pas. Avait-elle oublié la leçon ? Apparemment oui, et son subconscient s'était chargé de la lui rappeler.

Elle regarda Jack dans les yeux, et sans même qu'elle y ait réfléchi, sa décision était prise :

"- Va-t-en, lui intima-t-elle."

Il sursauta, ne s'attendant probablement pas à une réponse aussi violente, et s'éloigna d'elle en balbutiant :

"- Je... Euh- D'accord. Je peux te laisser seule un moment. Je sors de ta chambre.

- Non, reprit-elle d'une voix tremblante. Je veux dire "pars". Loin d'ici. Loin de moi."

Il fronça les sourcils et se rapprocha d'elle :

"- Elsa, tu es sûre que tout va bien ? insista-t-il.

- Non ! s'exclama-t-elle avec un mouvement de recul. Non ça ne va pas ! Je n'aurai jamais dû te laisser m'approcher ! paniqua la jeune femme en sortant de son lit pour se prendre la tête dans les mains.

- Mais qu'est-ce que j'ai fait ? s'énerva Jack."

Elle se rendit compte qu'elle l'avait blessé et tenta de se rattraper :

"Non, ce n'est pas-"

Elle soupira, ne sachant comment lui expliquer et se pinça l'arête du nez :

"Ce n'est pas ta faute, expliqua-t-elle. Tu n'as rien fait. Mais tu dois partir, insista-t-elle, les prunelles affolées."

Jack le remarqua apparemment car il lui demanda dans un murmure :

"- Est-ce que... Je te fais peur ?

- Non, toi tu ne me fais pas peur, lui assura-t-elle. Moi, en revanche...

- Elsa, l'interrompit-il d'une voix ferme. Ecoute-moi. Je ne sais pas de quoi tu as rêvé, mais ce n'était qu'un cauchemar, d'accord ? Un simple cauchemar, affirma-t-il dans une tentative de la rassurer.

- Un simple cauchemar ? répéta Elsa."

Elle eut un rire amer.

"- Ce n'était pas un simple cauchemar Jack. C'était mon cauchemar. Ma hantise. Celle qui me fait regretter un peu plus chaque jour d'être venue au monde, qui me rappelle mes erreurs. Je ne ferai plus la même erreur, Jack. Cette fois, j'arrêterai d'être égoïste et je penserai aux autres avant de penser à moi. Tu dois partir.

- Elsa, soupira-t-il, regarde les choses en face. Tu as passé ta vie à faire passer les autres avant toi. Pour une fois, tu devrais peut-être penser un peu à toi, tenta-t-il de la convaincre.

- C'est facile à dire pour toi, parce-que de toute façon personne ne te voit ! s'exclama-t-elle, en colère."

A l'instant d'après, elle posa sa main sur sa bouche, consciente d'être allée trop loin. Le silence qui suivit cette déclaration paraissait peser comme du plomb. Il semblait que la pièce s'était changée en congélateur, et la tension qui régnait dans l'atmosphère était insoutenable. Jack observa Elsa, le visage fermé.

"- Très bien, lâcha-t-il sèchement, faisant sursauter Elsa. Tu as sûrement raison, je ferais mieux de partir.

- Jack...

- Non, non, mieux vaut être seul que mal accompagné, n'est-ce pas ? continua-t-il avec un rictus qui ressemblait plutôt à une grimace. Adieu Elsa."

Sur ce, il sauta par la fenêtre et s'envola au loin.

Elsa resta plantée là, hébétée, fixant la fenêtre par laquelle il était parti pendant de longues minutes. Puis sans prévenir, elle s'effondra au sol, prise de sanglots. Le chagrin montait en elle comme une vague destructrice. Elle avait oublié à quel point ça faisait mal de laisser partir quelqu'un. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Elle n'avait beau le connaître que depuis la veille, elle s'était attachée à Jack, chose qu'elle n'aurait jamais dû laisser se produire. Elle n'aurait même pas dû lui adresser la parole et se contenter de le chasser de son palais. Qu'est-ce qui lui avait pris ?

La culpabilité l'écrasa en se rappelant le regard blessé de Jack. Après Anna, c'était lui. A combien de personnes devrait-elle encore faire du mal avant d'apprendre la leçon ?

Les minutes devinrent des heures, et Elsa resta prostrée sur le sol, assaillie par le chagrin et la culpabilité. La gorge sèche, elle se releva pour aller boire. Elle essuya ses larmes, tenta de redonner une forme convenable à sa chevelure et défroissa sa robe. En se dirigeant vers la pièce centrale de l'étage, elle se rendit compte que c'était le début d'après-midi et qu'elle avait donc passé la matinée à pleurer.

Vraiment pitoyable.

Elle redressa les épaules et regarda droit devant elle. Il fallait qu'elle passe à autre chose. Désormais calmée, elle allait se rendre sur son balcon quand trois coups furent frappés à la grande porte. Serait-ce Jack ?

Elle secoua la tête. Il y avait dans cette interrogation une once d'espoir qui n'avait pas lieu d'être.

"Je n'ai besoin de personne, et personne n'a besoin de moi, se réprimanda-t-elle à voix haute."

Elle descendit les escaliers pour voir qui était cet intrus, bien décidée à le chasser d'ici. Enfin arrivée sur le palier, elle vit, au bas des escaliers, une jeune fille rousse qui avait manqué de glisser sur la glace, les bras tendus sur les côtés pour tenter de rester en équilibre. Quand cette dernière releva la tête, Elsa eut un hoquet.

"Anna ?"
*******************************************
Par pitié, ne me tuez pas !
On retrouve Jack plus tard je vous le promets. C'est bon ? Ma tête va rester sur mes épaules ?
Bref 😂
Sinon, me voilà de retour (un peu en retard, je m'en excuse) avec un nouveau chapitre ! Qu'est-ce que vous en pensez ? J'attends vos avis ;)
A+
Athésia ❤️

Le Froid [ABANDONNÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant