depuis que hugo avait débarqué, je m'étais remise à penser à ma vie d'avant.
elle à changé le jour où mon frère s'est fait interné pour la première fois, le lendemain de mes dix-huit ans. là, tout est partit en vrille.
depuis tout ce temps, j'ai fait comme si les premières années de ma vie n'avaient jamais existé. j'avais fermé la porte de mes souvenirs d'enfance. je m'étais isolée de ce que j'avais de plus cher.une cliente est entrée dans la boutique, elle a fait vaguement le tour de la partie fripperie. elle était jeune, peut être seize ou dix sept ans. la musique bourdonnant dans son casque était si forte que je pouvais presque en distinguer les paroles, sans vraiment en comprendre le sens.
❝― je peux vous conseiller peut être ? ❞
de toute évidence, elle n'avait pas entendu. je me suis approchée d'elle alors qu'elle tennait dans les mains une paire de boots en cuire.
❝― très jolie trouvaille. ❞
elle a retiré son casque de ses oreilles.
❝― c'est une pièce unique. elle date de 1997, vous ne la trouverez plus ailleurs. ❞
❝― je peux essayer ? ❞
j'ai acquiescé en désignant un petit tabouret et me suis mise à fouiller à mon tour dans les vêtement, pour en dégoter un jean délavé et troué, semblable à celui qu'elle portait.
❝― on a l'ensemble pantalon-chaussure si vous voulez. pour le prix des chaussures, on vous offre le pantalon. ❞
quand je me suis retournée j'ai vu la jeune cliente admirer les chaussures à ses pieds.
c'est la que je me suis vue. au même âge, dans une boutique de seconde main peu fréquentée, essayer moi aussi de nouvelles chaussures.
elle avait l'air si heureuse.❝― si elle vous font un peu mal, vous pouvez les mettre au congélateur. ça ramolira le cuire et vos pieds entrerons parfaitement. ❞
elle s'est contentée de sourire et d'acquiescer puis les a retirer.
❝― vous pouvez me les mettre de côté ?❞
a mon tour, j'ai acquiescé. elle est ressortit ravie de la boutique. depuis des mois, c'était la première fois que je voyais quelqu'un aussi heureux d'être entré dans cette modeste magasin. ce sourire avait suffit à mon esprit pour effacer tous les nuages noirs qui s'y étaient précipités. Comme quoi, notre bonheur passé tout d'abord par le bonheur de l'autre.
en chantonnant, j'ai replacé quelques objets en vitrine et suis partie dans la réserve faire un peu de tri. depuis des mois, les cartons s'entassaient dans la petite pièce à l'arrière de la salle de vente. les habits, les CD et les vieux objets que je sortais étaient des dons anonymes. certaines pièces étaient ravissantes.
Mon regard s'est arrêté sur une vieille machine à coudre, en parfait état. L'étiquette stipulait "à servit quelques fois". elle était parfaite.La sonnette a retentit une fois de plus. Dans l'entrée, se dessinait la silhouette du propriétaire de la boutique, souriant. Il avait une trentaine d'années, et ne passait que très peu souvent ici. Je ne savais pas vraiment quelles étaient ses autres occupations.
❝― salut prune !❞
❝― bonjour, vous cherchez quelque chose ?❞
❝― je vais à l'étage fait comme si je n'etais pas là❞
Prune acquiesça et son patron disparu derrière la porte qui menait au escalier.
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énergie sombre - Nekfeu
FanfictionJ'ai éclaté en sanglots. J'aime bien cette expression. On n'éclate jamais de faim ou de froid. En revanche, on éclate de rire ou en sanglots. Il y a des sentiments qui justifient qu'on vole en éclats. ― tellement sombre que mon ombre est plus claire...