― deux

252 15 4
                                    

   j'ai claqué la porte du magasin derrière moi, renfoncé un peu plus le bob sur mon crâne, puis j'ai glissé mes mains dans mes poches, je me suis mise à marcher. j'ai verifié l'heure sur ma montre. j'avais loupé le dernier bus. la lumière qu'offrait la lune était suffisante pour éclairé le chemin jusqu'à chez moi. alors j'ai marché.

  à cette heure ci, les rues étaient vides, tout paris se pressait dans ses souterrains. des tonnes de pensées se bousculaient dans ma tête. c'est pour ça que je détestais marcher seule, au lieu de se déverser derrière moi un peu plus à chaque pas, ma tête devenait le lieu des confluences de souvenirs et de regrets.

il y a énormément de choses que j'aurai aimé pouvoir changer.

excusez-moi, vous auriez du feu ?

l'homme face à moi, caché sous sa capuche de sweat, m'avait sortie de mes pensées sombres. sa voix était douce et appaisante. j'ai fouillé dans mon sac à main avant de sortir un briquet rouge tâcheté de blanc.
il a eu une seconde d'hésitation, avant de s'en emparer.

merci.

il a retiré sa capuche, la lumière de la lune lui a doucement caressé le visage, comme une mère lorsque son enfant est malade.
je l'ai admiré pendant quelque secondes, avant qu'il ne me tende mon briquet.

on s'est sourit mutuellement. puis, il y a eu cet inévitable moment, celui où tu dois partir, mais tes chaussures sont fixées sur le sol. t'attend que l'autre fasse le premier pas en silence.

mes yeux étaient plongés dans les siens. bleu azur, la profonde fenêtre vers ses émotions. pendant un fraction de seconde, j'ai vu la souffrance. j'ai vu toutes les larmes qu'il avait versées.

alors j'ai fait le premier pas. j'ai réajusté mon chapeau et ai continué mon chemin. j'avais vu en lui. il m'avait laissé voir en lui. la détresse. quand je me suis retournée, il avait disparu, me laissant, seule et bouleversée.

j'ai longuement hésité entre prendre le métro pour rentrer chez moi ou continuer à pied. je détestais les deux, alors j'ai pris le métro.

c'est dingue, on ne croirai pas, mais il se cache encore de bonnes personnes sous ces visages fermés. il faut juste savoir les trouver. trois pour cent, c'est peu.

salut, je peux m'asseoir ?

j'ai levé la tête vers la jeune fille qui venait de me parler; elle était à peine plus âgée que moi. elle portait un sac eastpak aux lanières légèrement déchiré, délavé par le temps et prêt à exploser. j'ai acquiescé.

le crissement des freins du métro m'a indiqué qu'il était bientôt temps que je sorte. des tas de personnes m'ont suivies jusqu'à la sortie du souterrain, avant que nos chemin ne se séparent.

les lumières de mon appartement étaient allumées, yvick n'avait pas traîné avant de débarquer chez moi.
je ne savais même pas comment il avait eu le code.

les pubs, sans arrêt des pubs, des femmes parfaitement epilées, à la taille fine et au visage parfait. des hommes virils, imposant, fort qui montrent leur beaux muscles. une famille avec des enfants tout à fait heureux qui  et un petit chien du nom de snoopy, qui joue avec eux dans leur jardin vert, à la pelouse tondue, une grande maison avec piscine à débordement.
tout ce qu'on veux et qu'on aura jamais.
ce système va me rendre dingue.
je n'ai même pas pris la peine de sortir les papiers de ma boite aux lettre. les magazines publicitaires s'entassaient depuis quelques semaine déjà, sans que je sache quoi en faire.

bonjour mademoiselle prune.

ma voisine du troisième venait de pénétrer dans le hall d'entrée. elle faisait partit des trois pour cent de parisiens agréable. à son bras, deux enfants ne dépassant pas les cinq ans.

bonjour madame descartes. vous allez bien ?

elle à acquiescé et appelé l'ascenseur.

ma fille est débordée, alors je dois garder mes petits enfants. elle à sourit. je vais leur faire des crêpes, vous voulez vous joindre à nous ?

― non merci, une autre fois peu être ?

― avec plaisir.

les portes métalliques de l'ascenseur se sont refermées. j'ai pris les escaliers.

énergie sombre - NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant