― un

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 2014

j'aime bien paris, malgré tout. j'parle de intra muros. j'parle des lampadaires de bourges qui éclairent les rues, les pavés qui guident mon chemin quand j'suis bourée - les mêmes qui me font perdre mon équilibre quand j'porte des talons, j'parle des immeubles haussmannien, des petits commerces modestes ou on t'accueille chaleureusement même si on sait très bien que tu repartira les mains vides - je parle du paris cool, sans toutes les saletées qui l'accompagnent, les mégaux par terre, les daleux qui t'accostent pour avoir ton 06 parce que, merde t'es bien fraîche, même si t'es pas une canette de coca, et les pauvres gens qui font la manche sous le ciel gris sans que personne n'accepte de lâcher un seul centime. ce sont les ordures qui y habitent qui rendent cette ville si morne.

   je me dis que malgré tout, il y a pas que des déchets sur terre, parfois il y a des emballages recyclables. enfin bref, j'ai fini par jeter mon mouchoir dans la poubelle à ordures ménagères, avec quatre-vingt dix sept pourcent des parisiens.

wesh ma soeur

Yvick m'a tapé la bise. depuis que je le connais,  il m'a pas une seule fois fait la bise.

― woooh t'as traîné dans le cinquième toi.

il a pris mon bob et l'a mis sur sa tête.

depuis quand tu mets mes affaires toi ?

― tout ce que t'oublie chez moi c'est à moi mon khey.

― t'as cru toi, j'suis pas consentant.

je me suis contenté de lever les yeux au ciel et croiser les bras.

nan. il à insisté. tu l'auras pas.

― t'avais besoin de quoi ? j'ai dit en contournant le comptoir pour ranger le vinyl de l'album de pink floyd dans son bac.

ton appart'.

il va droit au but lui.

t'as cru c'était un airBnb ?

il a fait un pas vers moi. j'ai reculé de deux.

allez fais pas genre c'est trop busy chez oit'. s'teuplait. c'est l'histoire de genre, deux semaines.

il etait presque a genou. ça devait vraiment être la galère chez lui. il a eu un blanc. la sonette de l'entrée à retentit, signe qu'un nouveau client était entré, ou qu'un autre touriste s'était perdu. je priai pour que ce soit la première option, que je me debarrasse d'yvick, même pour deux minutes et demi

gomeiwaku o okake shite mōshiwake arimasen. pan o kōnyū dekiru pan-ya o sagashiteimasu.

je parle pas chinois moi.

hello, welcome.

j'ai improvisé avec mon accent approximatif.

il parle japonais ma p'tite puce.

la putain de ta mère toi. je parle pas japonais. aide moi.

il a haussé un sourcil, puis à affiché un grand sourire.

tu sais mon prix. il m'a fait un clin d'oeil.

Yvick s'est avancé vers le jeune touriste, ils ont tapé la discut' et le japonais avait l'air tout content en sortant dans la boutique. Yvick est revenu vers moi. pas besoin de mots, je voyais dans son regard ce qu'il voulait.

j'veux ton bob.

― tu rêves.

ma réponse était mon silence. je me suis faufilée dans la réserve avant d'en sortir les vieux albums d'IAM et les glisser eux aussi dans leurs bacs.

ok, t'as gagné.

il a retiré son couvre chef et l'a posé sur les disques que je venais de mettre en place. j'ai affiché un sourire satisfait

file ton double.

― qui t'a dit que je l'avais sur moi ? j'ai dit d'un air désintéressé en enfilant le chapeau.

la putain de toi prune. fais pas crari tu les as pas. je sais que tu gardes toujours ton double.

j'ai glissé ma main dans la poche arrière de mon jean et en ai extirpé un porte clé drago malfoy avec une petit clef carrée.

restes autant que tu veux.

je lui ai lancé le trousseau. Yvick a passé un bras autour de mon cou et embrassé ma joue.

t'es la meilleure prunette.

j'ai essuyé ma pomette avec la manche de mon pull.

ils ont une mauvaise influence sur toi les bourges du cinquième.

il a sourit de toute ses dents, puis à quitté la boutique.
au fond, ça me dérangeais pas qu'il squatte chez moi.

 



énergie sombre - NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant