Un nuage de crème

Trois

Bonne lecture !

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En ouvrant la porte du petit lave-vaisselle qui avait fini de tourner, Iris se prit une brume de chaleur en plein visage et décida de laisser reposer les verres, les tasses et les cuillères encore un peu avant de les essuyer. Elle s'accroupit derrière le comptoir, à la recherche d'un chiffon propre, quand soudain les pieds d'Adrian se précipitèrent vers elle. Il lui donna un petit coup du bout de sa chaussure, baissa les yeux vers elle et articula : Belle rousse en approche.

Iris ouvrit la bouche avec panique et porta ses mains à ses cheveux pour vérifier que sa coiffure était encore bien en place, même à cette heure. Elle lissa rapidement sa jupe et son tablier, replaça l'étiquette qui portait son prénom sur sa poitrine, puis se redressa complètement, apparaissant derrière le comptoir comme si de rien n'était.

Adrian ignora les deux clients qui venaient de se présenter, et commença à vider le lave-vaisselle.

– Bonjour, dit Iris avec un sourire. Qu'est-ce que je peux vous servir aujourd'hui ?

Elle avait appris le prénom de Mika un beau jour, par hasard, alors que cette dernière parlait avec l'un de ses amis. Iris s'était approché de leur table avec un plateau rempli par leurs commandes, et avait entendu le garçon avec qui elle traînait l'appeler ainsi.

Mika. C'était un joli prénom.

– Bonjour, marmonna cette dernière. Je voudrais un...

– Café au lait avec un nuage et crème et pas de sucre ?

Iris vit ses joues rougir tandis que le garçon qui l'accompagnait la regardait curieusement, avec un sourcil haussé. Elle venait plus rarement avec lui, mais sa tête ne lui était pas inconnue.

– Oui, c'est ça.

– Sur place ou à emporter ?

En vérité, cela ne changeait pratiquement rien. Mika prenait toujours la même chose, dans un gobelet en carton jetable. Pas de tasse, pas de coupelle. Elle venait toujours comme si un appel pouvait la forcer à quitter le coffee shop à tout instant.

Le garçon se rapprocha.

– Je voudrais un café aux noisettes. On prendra sur pla –

– À emporter, le coupa Mika. On va prendre à emporter.

Les deux étudiants s'échangèrent un regard ; lui fronça les sourcils, pas sûr de comprendre, et elle remua les sourcils en espérant lui faire passer un message. Iris fit la moue, déçue. Elle préférait largement quand Mika restait à l'une des tables près de la fenêtre.

Elle sortait son ordinateur, et pianotait dessus pendant des heures. Iris pouvait la regarder du coin de l'œil, sourire aux clients et les servir en sifflotant.

– D'accord, fit-elle néanmoins. Je vous sers ça tout de suite.

Adrian, son collègue, la regarda avec déception. Il savait bien tout ce qui se passait ici et faisait à chaque fois en sorte de la prévenir pour qu'elle soit celle qui serve la belle Mika. Il lui laissa la place devant la machine à café, et posa une main désolée sur son épaule.

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Des bisous !