Chapitre 4

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L'enceinte du château grouillait de monde et les regards fugaces que l'on me jetait me firent prendre conscience de ma nudité. Être exposé et vulnérable n'étaient pas dans mon tempérament, ainsi je cachai rapidement ma virilité de mes mains, agrippant le peu de dignité qu'il me restait.

-Suis-je vraiment obligé de te punir en public ?

Je lui lançai un regard mauvais et détachai mes mains de mon corps. Il eut un sourire suffisant qui fit se hérisser mes poils d'agacement et je bougonnai juste assez pour protester, pas assez pour mériter un quelconque coup de sa part.

-Vous n'avez plus à me dicter ma conduite, j'ai un maitre.

Son sourire s'agrandit.

Je pensai au noble et une vague de gratitude m'envahit. Je ne le connaissais pas, je n'aimais pas me soumettre, mais j'avais appris à avoir des supérieurs, à leur être loyal et à obéir à leurs injonctions.
Dans un sens, je pouvais encore me voiler la face et associer le noble à un maitre d'arme, cela m'aiderait surement à intégrer l'idée et à m'adapter plus vite.

Je ne pensais qu'à cela, m'adapter. Le temps des pleurs et des caprices n'était pas encore venu, se lamenter ne servait à rien. Il fallait avancer, survivre.

Et je ressentais de la reconnaissance envers ce noble qui avait accepté de me prendre à son service sans même m'étudier, me sauvant sûrement d'une vie bien plus misérable et douloureuse. S'il habitait au château, il devait avoir une bonne situation. Cela voulait dire que je ne souffrirais pas de famine, et que je ne serais pas habilité aux travaux forcés.

J'allais sûrement être un esclave d'agrément.

Nous passâmes devant un attroupement de gardes qui me reluquèrent sans discrétion et il me fit accélérer le pas, fusillant du regard les curieux qui se détournèrent rapidement.
Apparemment personne n'aimait se mettre Côme à dos.

-Je suis un ami proche de ton maitre. C'est moi qui m'occuperai de ton éducation.

Je me figeai et lui jetai un regard ahuri.

-Qu'est ce que cela veut dire ?

-Cela veut dire que tous les jours, tu me retrouveras dans mes appartements et que je m'occuperai de toi.

Il parlait de moi comme d'une chose, une chose qu'il allait toucher et cette information m'étouffa de fureur.
Il devança ma plainte et m'expliqua calmement.

-Je t'apprendrai comment te comporter aux côtés de celui que tu serviras et je t'accompagnerai au cours de ton évolution.  Tu pourras te confier à moi et me livrer ce que tu n'oses lui dire, je serais là pour ça.

Je le regardais horrifié et m'écartai de lui. Je ne voulais rien lui confier, je ne me sentais pas intime avec lui et je ne voulais pas l'être.

-Je refuse !

Son regard se durcit et nous nous observâmes en chien de faïence quelques secondes avant qu'il n'attrape brutalement ma nuque. Il nous éloigna des regards et me plaqua contre le mur d'un des ateliers qui prenaient place autour du château, protégés par les murailles.

-Tu n'as pas l'air d'avoir correctement assimilé ce que je t'ai enseigné durant la vente. Pourtant l'état de ton visage devrait te rappeler où est ta place. Tu fais ce qu'on t'exige en mettant de côté ton honneur et ta dignité. Tu ne possèdes rien, rien d'autre que le désir de satisfaire ton maitre et de le combler au-delà du possible. Et malheureusement pour toi, j'ai été choisi pour te rentrer tout cela dans la caboche. Tu es peut-être têtu mais je le suis bien plus et crois-moi, ce combat ce n'est pas toi qui le gagneras.

Elphèse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant