Chapitre 5

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Hey !
C'est encore moi, j'étais censée publier plus tôt mais j'ai eu un empêchement, une histoire de parents qui partent en vadrouille et d'une batterie qui meurt, et de moi qui roule deux heures pour les sauver (j'espère qu'ils sont reconnaissants !).
Puis j'ai répondu à des petits commentaires tout mignons (@Karolitasister on te voit, je mets sur tes épaules toute la responsabilité, nah.)
Du coup, pas de Saikens ce soir mais Elphèse c'est bien aussi !
Prenez soin de vous :)

-Place toi sur le sol, dans la position dans laquelle tu te sens le mieux. Il faut que tu sois entièrement relâché.

Je sursautai à l'entente de sa voix et me figeai.

-Qu'allez-vous faire ?

-Tu n'as pas de question à poser. Tu dois apprendre à obéir sans discuter.

-Comment puis-je choisir une position si je ne sais pas ce qui m'attend ? m'emportais-je en haussant le ton de ma voix.

Je n'aimais pas les examens cliniques et j'aimais encore moins me lancer dans l'inconnu. Il eut l'air de comprendre que je ne bougerais pas et soupira.

-J'accepte, parce que c'est ta première auscultation, de t'expliquer ce qui va suivre. Mais retiens que c'est la dernière fois que je le fais.

Je hochai la tête et attendis qu'il commence.

-Ce n'est pas douloureux. Je dois prendre les dimensions de ton sexe et de ton urètre. Ton cou et tes poignets y passeront aussi. Tout cela sera envoyé au joaillier choisi par Elphèse qui te constituera l'ensemble des accessoires dont tu auras besoin.

Je ne compris pas ce que pourrait faire le joaillier avec les dimensions de mon membre mais je décidai de ne pas le couper. J'aurais tout le temps de m'informer par la suite.

-Et je vais vérifier si tu es vierge.

Il me regarda dans les yeux, semblant appréhender ma réaction, et j'eus un moment d'absence.

-Comment pouvez-vous...                                                                                                                                       

Et je compris.

Je sus, en un regard, qu'il savait ce que je m'évertuais à cacher. Il avait deviné ma nature profonde alors que je bataillais tellement à la dissimuler qu'il m'arrivait moi-même de l'oublier.

Les nymphes n'avaient pas leur place dans la garde. Elles n'avaient leur place nulle part. On les plaçait généralement dans un bordel ou on les gardait jalousement, lorsqu'elles n'étaient pas récupérées par le roi pour servir de poule pondeuse lors des périodes creuses où les naissances se faisaient rares.

Je touchai du bout des doigts la cicatrice sur ma nuque. Je ne l'avais pas cachée, rares étaient ceux qui en connaissaient la signification. De nos jours on ne marquait plus les nymphes.

Il comprit mon trouble et son regard devint compatissant.

-Tu n'as pas à t'inquiéter. 

Il tenta de m'approcher mais je reculai précipitamment, manquant de trébucher sur la margelle. Je refusais qu'il me touche, je refusais que l'on m'associe à cette espèce.

La panique augmenta mon rythme cardiaque et je me mis à épier les quatre coins de la pièce, comme le ferait une proie, cherchant un moyen de sortir d'ici.

-Aucun mal ne te sera fait.

Il prenait un ton calme, ne bougeant pas, ne faisant pas de gestes brusques.

C'était le savant du village qui m'avait caché lors de la grande semaine de récupération, me camouflant aux yeux des gardes royaux qui ratissaient toutes les campagnes à la recherche d'individus de mon espèce.
La guerre était terminée, il fallait faire revivre l'économie du royaume et de ce fait, il fallait enfanter. Des hommes de préférence.

Il m'avait appris à camoufler ma nature de nymphe si bien que durant des années, je n'y avais plus pensé.

Ce temps là était révolu, la cicatrice s'était légèrement estompée et j'avais relâché mon attention, à tort apparemment.

Du coin de l'œil, je le vis doucement s'avancer et il m'accula tranquillement dans le coin de la pièce, s'assurant que je ne pourrais pas m'enfuir.

Il avait l'air aussi calme que j'étais affolé.

Cette peur que je n'avais plus ressentie depuis longtemps faisait voler en éclat ma carapace.
J'avais toujours noyé la douceur et la sensibilité de ma nymphe dans un quotidien violent, transformant mon corps et mon esprit en celui d'un guerrier.

Je sentis alors tout ce que j'avais enterrer ressortir en force et m'assaillir brutalement.

A bout de souffle, la mosaïque fraiche contrastait avec la chaleur soudaine de mon corps.
Ma peur ressurgissait et avec elle le stresse à l'idée d'être vendu, la tristesse de quitter tout ce que je connaissais et qui faisait mon monde, la douleur de mes blessures, la tension dans mes muscles toujours bandés.

Alors je m'écroulai.

Je tombai à genoux devant l'homme, me collant un peu plus au mur comme pour m'y fondre, et je laissais les montagnes d'émotions dévaler mes joues, noyant mon visage.

Devant moi, j'entendis partiellement le garde s'inquiéter et interpeller quelqu'un.

Aveuglé par mes larmes, je distinguai rapidement une deuxième silhouette faire irruption dans la pièce avant que mes paupières ne se ferment, abandonnant le combat face à une fatigue qui me submergeait.

Je sentis des bras finement musclés m'enserrer et ils me soulevèrent avec une force que je n'aurais pas soupçonnée.

-Que s'est-il passé ?

Je reconnu la voix douce du noble bien qu'empreinte de fermeté et laissais ma tête retomber sur son épaule, somnolant légèrement.

Toutes mes barrières s'étaient abaissées brutalement, j'avais entièrement perdu le contrôle que je gardais depuis des années et il était impossible de revenir en arrière maintenant que la garde avait ouvert une brèche dans ma forteresse.

J'y avais enfermés tout ce qui était nécessaire.
Le besoin de douceur, d'attention, la panique qui me prenait dès lors que l'on me fixait avec un peu trop d'insistance. J'y avais trainé chacune de mes peurs, le désir qui me consumait régulièrement lorsque mes chaleurs surgissaient. Tout avait été dissimulé derrière une hargne solide que j'avais alimenté quotidiennement.

-Il a paniqué lorsqu'il a compris que je savais.

-C'était à prévoir, soupira le noble.

-Je pensais avoir le temps de le rassurer, je ne m'attendais pas à ce qu'il s'effondre de cette manière.

Je fus doucement posé sur une surface moelleuse et mes yeux papillonnèrent, rencontrant les prunelles glacées du noble.

-Il a l'air extenué...

Je le sentais profondément touché par mon état et cela me rendit heureux. J'avais beau lutté, maintenant que ma nymphe s'était libérée de ses chaines je ne pouvais ignorer ce sentiment d'appartenance qui prenait peu à peu possession de moi. Je savais qu'elle avait besoin de se lier à lui.

Le corps frais du noble se colla au mien, m'attirant à lui, et je n'opposai aucune résistance, le laissant m'installer entre ses jambes. Ses mains migrèrent sur mon corps, massant mes muscles, me prodiguant de douces caresses et je m'endormis ainsi.
Apaisé par sa présence et bercé par la conversation doucement chuchotée.

Elphèse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant