Shanti nouvelle surveillante pénitentiaire de 24 ans se voit mutée à la prison de Fleury. Elle y fera la rencontre d'un détenu surnommé Ademo, un homme aux apparences froides et mystérieuses.
Mais est-elle réellement là par hasard ?
NB : Cette histo...
« Au passage, hommage à Fleury ou à La Santé d'Fresnes »
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Tout compte fait, le reste de la soirée ne s'était pas trop mal déroulé. L'effet de la drogue s'était peu à peu dissipé du sang de Nabil ce qui lui permis de finalement retrouver son humour et sa bonne humeur habituels. Le voir à nouveau confiant et ambitieux m'avait également remonté le moral car plus les semaines avançaient, plus leur projet musical prenait forme. En plus de cela la sortie carcérale de Tarik se rapprochait de jour en jour ce qui était vraiment motivant pour chacun d'eux. Si tout se passait comme prévu, dans six mois celui-ci serait dehors et leur groupe serait créé. Nabil avait d'ailleurs tenu à garder le nom secret mais j'avais déjà ma petite idée en tête.
- Je vais pas trop tarder à y aller Bilou, lui dis-je en étouffant un bâillement.
Il était bientôt deux heures du matin et même si j'étais en weekend, je ne souhaitais pas trop dérégler mon horloge biologique. Je tenais à être en forme pour ne pas rater "le match de l'année" comme m'avait fameusement répété Yoan tout au long de la semaine. Il avait effectivement arbitré au cours de ce mois-ci le grand tournoi de foot annuel de Mérogis avec quelques collègues à nous. Evénement populaire à ne pas rater, également appelé "Coupe de Fleury" pour les intimes.
Le principe était simple. Chaque bâtiment était premièrement scindé en quatre groupes. Comme pour les pools de la Coupe du monde, chaque équipe remportait trois points par victoire, un seul pour les matchs nuls et aucun en cas de défaite. Dans un deuxième temps, les matchs se déroulaient entre l'équipe vainqueur de chaque bâtiment selon le classement du tableau des scores. Fleury était certes composée de cinq édifices soit un nombre impair, mais le fait que le D4 soit encore en travaux permettait de créer une rencontre de quatre équipe. Et quand bien même, on se débrouillait toujours pour que la répartition soit équitable puisque l'étage des terroristes et autres détenus hautement surveillés n'était pas autorisé à jouer. Par la suite s'était ainsi déroulé un match décisif par semaine où les équipes gagnantes de chaque bâtiment avaient pu s'affronter.
C'est de cette façon que la finale de la Coupe de Fleury avait eu lieu cet après-midi. J'avais été amusée de voir Yoan prendre autant son rôle d'arbitre à cœur. Pour ma part j'avais préféré conserver mon statut de simple spectatrice. Pourtant, je connaissais très bien les règles du jeu et en toute humilité j'étais même vraiment douée à la balle. Traîner avec des garçons étant petite m'avait effectivement permis de découvrir un univers franchissant toutes les barrières du stéréotype. A l'époque mon père m'avait carrément inscrite dans l'équipe de football féminine de Créteil. Malheureusement, j'avais été contrainte d'arrêter suite à mon déménagement peu après mon onzième anniversaire. Je n'avais subséquemment jamais pu reprendre en club même si je continuais de jouer quelques fois chez moi ou de temps à autres avec des camarades.
Bref le football ça me connaissait. Le seul problème est que ce sport demeurait encore de nos jours ancré dans la tête des gens comme étant exclusivement réservé aux hommes. C'était donc afin d'éviter de me faire remarquer - et accessoirement que le Premier surveillant me change encore de poste - que j'avais sagement choisis de rester en terrain neutre. Quand je vois la façon dont réagissait certains détenus envers des surveillants parfois même plus baraqués qu'eux, je me voyais très mal leur faire face pour une simple contestation de carton rouge. Déjà que la majorité était énervée en toute circonstance, se voir arbitrer par une femme avoisinait pour eux l'équivalent d'un appel à la guerre. Mieux valait-il donc se contenter d'observer sagement le match en restant posée tranquillement sur le bas côté du terrain.
