Shanti nouvelle surveillante pénitentiaire de 24 ans se voit mutée à la prison de Fleury. Elle y fera la rencontre d'un détenu surnommé Ademo, un homme aux apparences froides et mystérieuses.
Mais est-elle réellement là par hasard ?
NB : Cette histo...
« Ça fait six ans que j'rappe, six ans que rage et peine s'foutent ensembles »
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Le train avait démarré depuis une dizaine de minutes déjà. Je regardais défiler pensivement devant moi le paysage encore urbain de la banlieue parisienne. Mon lecteur de CD était toujours au creux de mes mains. Je soupirai. Je ne savais pas réellement pourquoi, mais d'une certaine façon j'hésitais à écouter ces fameuses mixtapes. Comme si j'avais l'impression de m'immiscer dans quelque chose qui ne me regardait pas.
Mais je me ressaisis rapidement. Si Tarik m'avait partagé ses sons c'était pour que je les écoute. "C'est qu'il a de la considération pour toi". Cette phrase de mon frère de cœur revenait sans cesse dans mes pensées. Et malgré moi, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire. J'étais contente qu'il me partage ainsi son œuvre car au fond - sans toutefois me l'admettre encore totalement - j'espérais en apprendre un peu plus sur lui. Cet homme m'intriguait. Je n'arrivais pas à le cerner. Et je crois bien que lui non plus d'ailleurs. Peut-être que me partager tout cela de lui-même était sa façon à lui de se livrer à moi indirectement ? Qui sait. Après tout, nos différends commençaient peu à peu à s'estomper et j'étais convaincue que derrière ce voile si sombre se cachait quelqu'un de beaucoup plus sensible qu'il ne voulait le prétendre.
J'abaissai alors mon regard sur mes deux mains qui tenaient toujours aussi fermement le présent de Tarik. Mes yeux pénétrèrent peu à peu un flou descriptif. Il n'y avait qu'une seule façon de confirmer mes dires. Et inconsciemment je savais ce que j'appréhendais. Je craignais d'être déçue. Désillusionnée par ce que j'allais incessamment écouter. Peur que finalement Nabil ne remporte pas son avenir dans le rap parce que je jugerais celui de Tarik trop médiocre. Peur qu'il le tire vers le bas tout simplement. Que son ascension tant espérée ne soit pas couronnée par son dur et terrible labeur.
Mais ma curiosité prit le dessus. Je voulais vraiment découvrir ses textes. Par-dessus tout j'avais besoin d'être enfin rassurée après mes longs mois d'hésitation et d'acharnement pour intégrer mon poste tant miroité à Fleury. De plus je savais que Nabil écrivait vraiment très bien. Et maintenant que les mixtapes de son frère se trouvaient enfin entre mes mains, quelque chose me disait que Tarik composait tout aussi bien que lui.
Mes petits doigts sortirent alors précieusement Le Son des Halls de son étuis, comme si j'avais peur de l'abîmer. J'aperçus au même moment du coin de l'œil un homme d'une cinquantaine d'années me dévisager avec une discrétion vainement dissimulée. A croire qu'il était surpris que j'écoute ce genre de musique au vu de la pochette pouvant paraître en désaccord avec mon apparence. Je l'ignorai me fichant totalement de ce qu'on pouvait bien penser de moi et insérai plutôt ledit CD dans son lecteur. Je pris bien soin d'ajuster le son au préalable puis plaçai les écouteurs dans mes oreilles. Toujours aussi soucieuse et perplexe face à ce que j'allais découvrir d'ici quelques secondes, j'appuyai enfin délicatement sur le bouton "play" de l'appareil. Et c'est alors que j'entendis les premiers mots de la mixtape de Tarik.
