« Tu veux du sale t'en auras, t'iras toucher au D4
Les pecs j'les bombe haha, sous l'tee-shirt j'ai du C4 »Je venais d'arriver devant la 46.
Le weekend était une fois encore passé trop vite. Il ne restait déjà plus que deux jours avant le match tant attendu de vendredi que Tarik et son équipe allaient disputer. Je m'étais d'ailleurs à ce propos portée volontaire pour participer à leur escorte pour la prison de La Santé. Et vu le nombre bien bas de surveillants s'étant proposé pour y aller, c'était sans grande surprise qu'on m'avait assez rapidement désignée. Personne ne voulait faire partie du van blindé.
L'année dernière avait effectivement eu lieu un guet-apens lors du transfert des prisonniers. Des gars cagoulés avaient attendu le véhicule à la sortie du périph' pour le frapper à coups de barre de fer. Une partie des surveillants et les deux gendarmes accompagnateurs avaient ainsi été contraints de sortir pour les arrêter et l'un d'entre eux avait été gravement blessé à la nuque. On pense qu'il s'agissait probablement d'un acte de vengeance fomenté par l'un des détenus bien que l'on n'ait jamais été sûr de rien car l'enquête n'avait jamais pu aboutir.
Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, ce jour-là aucun des prisonniers ne semblait avoir tenté de s'échapper. En fait la sélection des joueurs se faisait toujours de manière très méthodique et minutieuse. C'est parce qu'on savait que le Code pénal préconisait une peine de trois ans d'emprisonnement - et accessoirement 45.000 € d'amende - en cas de d'évasion ou tentative d'évasion, qu'on sélectionnait toujours les prisonniers volontaires dont la peine restante était inférieure à ces trois années de prison. L'avantage tiré en s'évadant n'en valant plus la chandelle, il devenait ainsi plus judicieux d'attendre sa sortie officielle. L'effectif pour la sélection des joueurs se trouvait certes par conséquent considérablement réduit mais ce n'était en réalité pas plus mal pour la plus grande prison d'Europe. Le panel de prisonniers volontaires restait encore très large malgré tout. Il ne restait jamais une seule place de vide tellement cet événement était prisé et attendu. Car à défaut de pouvoir s'enfuir à proprement parler, c'était une façon pour eux de s'évader autrement.
L'embuscade de l'an passé m'avait donc fortuitement aidée à pouvoir être sélectionnée beaucoup plus facilement. Yoan tenait en effet à ce que je sois là au risque de potentiellement s'ennuyer. J'étais la seule collègue avec qui il s'entendait bien, tout comme moi d'ailleurs puisque Lorelaye n'était pas au D1 avec moi. Et puis au delà de ça j'avais été tenue en haleine tout au long du tournoi, alors ce n'était certainement pas pour en rater la fin. La folie du football vibrait toujours en moi et je dois avouer que regarder Tarik jouer n'était pas si déplaisant.
C'est ainsi que je me retrouvai actuellement devant la fameuse cellule 46 avec comme d'habitude le plateau du repas entre mes mains. J'avais toujours bien veillé à limiter mes allées et venues au strict nécessaire au risque que cela ne devienne suspect, même si parfois le hasard faisait que j'y rentrais malgré tout. Mais hier soir, Nabil avait reçu un message du concerné lui indiquant qu'il avait fini d'enregistrer sa partie avec le dictaphone que je lui avais filé la dernière fois. Ma mission d'aujourd'hui consistait donc à venir le récupérer.
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FLEURY ⛓ Ademo
FanfictionShanti nouvelle surveillante pénitentiaire de 24 ans se voit mutée à la prison de Fleury. Elle y fera la rencontre d'un détenu surnommé Ademo, un homme aux apparences froides et mystérieuses. Mais est-elle réellement là par hasard ? NB : Cette histo...