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« Bienvenue à Fleury, nique sa mère les tombes fleuries »

Cela devait déjà faire au moins dix minutes que j'étais en train d'actualiser la page

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Cela devait déjà faire au moins dix minutes que j'étais en train d'actualiser la page. Je regardai ma connexion wifi priant pour qu'elle fonctionne bien. Mais oui, elle était bien là avec ses quatre barres de réseau blanches comme neige semblant presque me narguer. Le problème venait donc d'ailleurs. Je soupirai, comprenant que cela était probablement dû à l'afflux des élèves qui tentaient tout comme moi de regarder leur résultat tant attendu du concours. J'essayais tant bien que mal de rester calme malgré le stress qui s'emparait de moi ; pourtant sans véritable raison apparente puisque mes épreuves semblaient s'être plutôt bien déroulées. Mais si d'extérieur je pouvais paraître sûre de moi, les personnes qui me connaissaient vraiment sauront dire sans grande difficulté que je manquais parfois d'assurance lorsque des situations inconnues me faisaient face. Ce qui était malheureusement le cas actuellement. Je commençais vraiment à perdre pied, m'imaginant mille et une hypothèses quant à mon résultat du concours, lorsque la page s'actualisa enfin affichant alors mes résultats.

1 mois plus tôt

Je sortais tout juste de mon entretien avec le jury. Il faut dire que ma licence en droit m'avait pas mal aidée, aussi bien pour l'admissibilité que pour l'admission. Mon dossier avait effectivement été assez rapidement pris en compte en grande partie grâce à ma note sur le QCM "Institutions et principes de la Vème République". Un domaine probablement pénible et ennuyant pour la plupart des gens, mais que je connaissais bien malgré moi. Et il faut bien avouer que j'en étais plutôt ravie aujourd'hui. 

Mes trois ans passés en fac m'avaient donc une fois de plus aidée lors de l'entretien que je venais de terminer à l'instant-même. Parmi ce jury réputé particulièrement impassible, j'avais su déceler un vague intérêt de la part d'un des membres, une femme âgée d'au moins 60 ans à la chevelure déjà bien grisonnante. Elle avait l'espace quelques secondes à peine défroncé ses fins sourcils qui étaient soigneusement restés pliés jusqu'alors. Ce geste pourtant imperceptible m'avait ainsi donné un regain de confiance en moi, m'incitant à poursuivre mon développement avec plus de sérénité. Car j'étais peut-être d'une nature réservée, mais je n'étais pas timide pour autant. Et le fait d'avoir grandi dans une cité m'avait certes poussé à savoir rétorquer, mais employer un bon vocabulaire n'était clairement pas inné. C'est pourquoi j'avais pendant ces trois ans d'enseignement perfectionné ma rhétorique et mon aisance à l'orale. Raison pour laquelle je chérissais particulièrement aujourd'hui mes années passées en faculté de droit ; un savoir qui allait, peut-être enfin, donner un but concret à ma vie. 

1 mois plus tard

"Liste des admis au concours de surveillant pénitentiaire session 2013".

Mes doigts faisaient défiler nerveusement la page à l'aide du touch pad de mon ordinateur. Je cherchais désespérément mon nom parmi la liste, lorsque mes yeux tombèrent enfin sur mon patronyme :

" RAMAN GARCIA Shanti "

Je bondis subitement sur ma chaise en poussant un cri de joie, les bras en l'air et le sourire étiré jusqu'aux oreilles. Je rigolais de soulagement : j'étais si heureuse ! Je travaillais soigneusement ce concours depuis plusieurs mois maintenant et c'était si satisfaisant de voir que mes efforts avaient payés. Ni une ni deux, j'appelai mon domicile pour leur annoncer la bonne nouvelle. Au bout de deux tonalités, mon père décrocha :

- Alors ?! s'exclama-t-il, connaissant déjà la raison de mon appel.

- Je l'ai ! m'extasiai-je en rigolant.

J'entendais mes parents aussi heureux que moi à l'autre bout du fil.

- On savait que tu allais réussir, me complimenta ma mère.

- Felicidades mi hija, renchérit mon père.

J'étais heureuse que mes parents soient également fiers de moi, même si je sentais malgré tout une pointe d'inquiétude dans leur voix. Car tout cela n'était pas prévu. Il y a quelques mois de cela, ils me voyaient encore intégrer le master de droit pénal d'ASSAS et obtenir mon diplôme d'avocate comme je l'ambitionnais moi-même depuis des années. Je me souviens encore de leur mine décomposée suite à l'annonce de ma décision de finalement arrêter mes études afin de devenir surveillante pénitentiaire. Un choix qu'ils n'ont jamais compris... mais dont je ne pourrai malheureusement jamais leur en dévoiler la véritable raison, je le crains.

Deux semaines plus tard

Aujourd'hui commençait mon premier jour de taf. J'éteignis, non sans nervosité, mon réveil qui gueulait bien trop fort à mon goût juste en dessous de mon oreille gauche. Je n'étais pas du matin c'était indéniable, et ça tout le monde le savait. Même les gens qui ne me connaissaient pas ne sauraient tarder à l'apprendre à leurs dépens. J'étais toujours aigrie et il me fallait au minimum une bonne trentaine de minutes pour m'émerger des bras de Morphée. Mais bon, pour le moment ça ne m'avait pas vraiment porté préjudice alors tant mieux.

Ayant hâte malgré tout, je m'extirpai nonchalamment du lit. J'allumai mon écran. 07:02. J'étais tout pile dans les temps. L'avantage dans les métiers nécessitant un uniforme était de justement pouvoir se permettre de ne pas perdre trop de temps à choisir une tenue adéquate. J'enfilai donc rapidement mon jean Levi's puis optai pour un maquillage léger de journée histoire de cacher un minimum mes cernes. J'avais bien conscience que ce milieu était misogyne, mais ce n'était pas la raison pour laquelle j'avais choisi de porter un maquillage discret. D'abord, parce que je trouvai qu'au vu de l'endroit ce n'était pas forcément approprié. Mais aussi parce que je n'avais jamais eu l'habitude de beaucoup me maquiller tout court ; juste le nécessaire. 

Après m'être brossée les dents, je descendis enfin de mon appartement dans lequel j'habitais seule depuis quelques mois déjà. J'atterris au volant de ma petite voiture puis tournai la clé pour démarrer le moteur. Le GPS m'indiquait 20 minutes de route au lieu de 15 en raison des embouteillages. Étonnant pour Paris, pensai-je avec ironie. Heureusement que j'avais pris une marge d'avance.

Une vingtaine de minutes plus tard donc, j'arrivai enfin à bon port. J'éteignis le moteur et soupirai un bon coup, réalisant qu'aujourd'hui allait être le début de l'accomplissement d'une partie de ma vie. Je plongeai ma tête dans les mains en me demandant encore le pourquoi du comment j'en étais finalement arrivée là. Puis soudain je relevai mon visage, le regard plein de détermination. Oui, c'est ici que j'allais travailler, et c'est ici que je voulais travailler. J'ouvris ma portière pour descendre, me retrouvant ainsi face à un panneau sur lequel figurait l'inscription suivante :

" Bienvenue à la Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis "

Voilà le premier chapitre la mif ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez de cette petite intro 😊

La suite se trouve vers le bas 👇 pour ceux qui découvrent l'appli sur téléphone 😉

FLEURY ⛓ AdemoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant