Grenade explosive
— Comment ça elle a droit de garder cette serpillère ? s'exclame ma sœur en colère. Vous avez toujours refusé que j'en ai un.
— Ce n'est pas une serpillère mais un chien, dis-je en serrant les bras contre mon torse, et peut-être parce que tu ne sais pas t'en occuper, repris-je.
Pour une fois, j'essaye de lui tenir tête...
— Écoute Hannah, je n'avais pas le choix d'accepter cette offre ridicule et dieu sait que je ne l'aurai jamais fait. Soit, on fera avec, ce sera comme un cadeau de départ non ? dit mon père en regardant ma mère.
— Un cadeau de départ ? questionnais-je en fronçant les sourcils.
— En fait, commença ma mère mais qui fut vite coupée par ma sœur.
— Ce qu'ils veulent te dire c'est que l'année prochaine, tu pars dans un pensionnat, dit ma sœur tout en mâchouillant son chewing-gum sans sucre.
— Un pensionnat ? je demande une nouvelle fois, abasourdie.
— Écoute, pourquoi faire des études alors que tu n'as ni le niveau, ni de bourse ? Nous en avons un peu discuté à Noël et c'est le mieux que l'on puisse faire. On ne peut pas se permettre avec l'école de design de ta sœur. Et, puis, cela te permettra de te remettre sur la bonne voie ou le droit chemin comme tu veux, rétorque mon père.
Face à cette remarque, je n'arrive même pas à articuler un seul mot pour décrire ce que je ressens. Même si je n'ai pas forcément d'attache dans le lycée que je suis, c'est le fait de me dire que je n'ai pas d'autres choix que de partir dans un pensionnat que je ne connais pas.
Je les regarde tous les trois et pars me réfugier dans ma chambre.
Ce seul endroit qui me correspond.
J'en ai tellement marre que je ne sais plus quoi faire et pourquoi je mérite ça !
Je n'ai même pas de larmes pour évacuer ce que je ressens et je pense qu'un beau jour tout va éclater, et ça ne sera pas beau à voir.
Je me réfugie sur le balcon et je prends une cigarette.
Cependant, lorsque je prends conscience que je n'en ai plus, ma colère se transforme en une vraie grenade prête à exploser. Je crois que ce jour arrive plus vite que prévu...
Winnie essaye de me rassurer comme il le peut, mais je le repousse avant de dévaler les escaliers.
Ma mère, qui se trouve dans la cuisine, me regarde surprise de la rapidité à laquelle je fais preuve.
— Tu sais quoi « Maman », fis-je en imitant les guillemets, tu peux te foutre le doigt dans tous les trous que je pense mais tu es qu'une sale idiote, une pleurnicheuse de mes deux et j'en passe. Tu ne fais rien de ta vie et ça se voit, tu ne sers vraiment à rien et tu sais quoi le plus terrible c'est que tu encaisses le fait que papa aille voir tous les samedis une autre femme que toi. Alors avec vos ou tes morales à deux balles et tout le reste, tu te les gardes et tu verras, tu seras bien voire très bien surprise de mon départ. Ton cadeau, ce cadeau que tu m'offres pour noël, je ne l'ai jamais ouvert et pourquoi ? Parce que c'est un acte hypocrite et que cela n'en vaut pas la peine d'être considéré.
Ma mère me regarde ahurie face à tout ce que je viens de dire. Entre temps mon père et ma sœur sont arrivés au même moment et ont longuement écoutés essayant quelque fois de me couper, sans succès.
— Toi « papa », dis-je en me tournant vers lui et le fixant du doigt, le père idéal, sûr de lui, tu ne vaux pas mieux. Tu prétends être un père adorable, là pour ses filles, ou devrais-je dire sa fille qu'il aime tant. Tu ne sers strictement à rien toi aussi mis à part ramener le pognon qui sera très vite dépensé par ta fille qui pique chaque soir près de cinquante euros de ton portefeuille et qui utilise ta carte de crédit pour se trouver de magnifiques robes pour plaire à son copain, qui lui aussi, va voir des meufs à longueur de journée, dis-je d'une traite.
— Ah oui j'allais oublier Hannah, tu n'as pas dit aux parents que tu fricotais avec le fils du boss de papa. Car madame a trop peur de se faire engueuler mais quand on est un minimum intelligent, on supprime l'historique de l'ordinateur. Madame est très aguicheuse à ce que je vois, car je ne sais pas si elle vous l'a dit, mais plusieurs sites n'arrêtent pas de la relancer, car ils n'ont pas de nouvelles depuis deux/trois jours.
Je marque une pause pour reprendre mes esprits et fini par leur balancer :
— Sur ce, je ne suis peut-être pas parfaite, mais je sais comment je dois être sans avoir quelqu'un sur qui compter. Je n'ai pas besoin de quelqu'un pour m'aider financièrement ou bien sentimentalement. Alors oui, je suis affreuse, je ne sers à rien, je suis minable, mais je suis la seule qui arrive à me regarder dans le miroir sans avoir de honte ou d'orgueil. Ce n'est pas parce que je ne parle pas que je n'observe rien et même si je cache mon jeu, je suis plus intelligente que vous. Bonne soirée.
Je pars dans ma chambre et je m'assoie contre ma porte.
J'ai tellement tout donné que je suis épuisée par tout ça.
Cela fait tellement du bien de se libérer d'un poids, qui n'était pas le bien.
Winnie se colle à moi et je le prends dans mes bras pour le remercier d'être là même si on ne se connait pas.
Et voilà, le chapitre est terminé, j'espère qu'il vous a plu :)
N'hésitez pas à laisser un commentaire et/ ou de voter cela me fera très plaisir de vous lire :)
Affectueusement,
Laplumeecrivaine
☆ Progression: 7/12 ☆
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RILEY
Short Story« Ma vie est un cadavre en réanimation » Depuis toute petite j'essaye de me faire à l'idée que je suis importante aux yeux de mes proches. Or, c'est vraiment un rêve et non une réalité. Pourquoi moi ? Pourquoi il a fallu que personne ne daigne me d...