3. Animagus

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An 1000

Un voile brumeux s'accrochait sur les toits des maisons du comté.
Les rares moldus qui traînaient dehors la nuit n'étaient pas des plus recommandables, avinés et bruyants.
Le Moyen Âge  était une période hostile pour les sorciers, c'est pourquoi il ne leur était pas permis de se montrer. Les parents de nos quatre amis y étaient formellement opposés...

A la faible lueur de la lune, postés sur un muret de pierre, se tenaient fièrement un serpent, un aigle, un blaireau ainsi qu'un chat. Il était aussi difficile de deviner la raison de leur présence en ces lieux que de savoir qu'ils étaient quatre jeunes sorciers.

Le chat roux s'ébroua et se mua en une touffe de cheveux de la même teinte, à laquelle s'ajouta un corps bien entendu. L'orgueil occasionnel de Godric refit surface.

"C'est quand même le comble que je sois obligé de me transformer en chat quand mon animagus est un lion, vous ne trouvez pas?"

L'aigle s'envola avant de se métamorphoser dans une nuée de plumes.

"Je pense que c'est plus discret Godric..."

Les deux autres, qui étaient restés sous forme animale, levèrent les yeux au ciel pour marquer leur approbation.
Godric, offusqué, reprit cependant la tête des opérations.

"Pour résumer, Rowena et moi allons voir Maître Grindius, pendant que vous restez dans notre manche au cas où notre requête tomberait à l'eau...je prend Salazar avec moi, je pense que son pouvoir de conviction est plus élevé que celui d'Helga le blaireau."

Un son désapprobateur s'éleva de la gorge du blaireau en question.
"Mais si, je t'aime Helga..."

Quelle joyeuse équipée faisaient ces trois compagnons, dévalant la lande à toute allure en direction de Amus Hollow, village tirant son nom de l'illustre sorcier Amus Kirty, éminent dans l'art des potions. Mais ce n'était pas pour lui qu'ils étaient là.
Ils venaient demander à Grindius si la rumeur qui se propageait ces derniers temps était vraie.

En effet, il se disait qu'il hébergeait une école clandestine, avec sa propre personne pour seul professeur. Si tel était le cas, nos quatre amis n'auraient pas manqué de le solliciter pour leur projet. Ayant tous 17 ans, l'âge de la majorité chez les sorciers, ils étaient en mesure d'ouvrir un établissement, mais n'étaient pas dupes : nul n'accorderait crédit à leur mignonne entreprise s'ils n'obtenaient pas l'appui de sorciers adultes et reconnus...

C'était au tour de Rowena de rouspéter.
"Si seulement j'avais pu garder ma forme d'aigle, elle est bien plus pratique pour se déplacer rapidement..."
En effet, les inconvénients du corps humain se faisaient ressentir lors de cette descente, d'autant que Rowena était affublée d'une longue robe qui ne facilitait rien.

"Tu sais comme moi que nous aurions été obligés de conserver notre forme animale une fois la barrière franchie Rowena..."

Ils venaient de passer à côté de menhirs, qui marquaient la frontière entre ce qui était visible par les moldus, et ce qui ne l'était pas. Salazar et Helga n'étaient dorénavant plus que des animaux, l'un tapi dans la manche de Godric, l'autre sous la cape de Rowena.

Leurs baguettes tressaillaient à l'approche de ces rochers : ils concentraient un tel taux de magie que la proximité les excitaient. Une fois qu'ils s'éloignèrent du lieu en question, elles recouvrèrent pleinement leur inanité et redevinrent de vulgaires morceaux de bois.

Vous me direz : qu'est-ce qu'un sorcier peut bien faire en territoire moldu?
Il est de notoriété publique que le meilleur endroit pour se dissimuler au regard des autres sorciers est de se terrer parmi les non-magiques. Il parait que les américains les nomment ainsi. Oui, les sorciers sont largement en avance sur les moldus, puisque si ces derniers n'ont pas encore conscience de l'existence de leurs semblables sur un autre continent, les sorciers le savent déjà pertinemment.
Et dire qu'il faudra attendre 1492, soit encore presque 500 ans, pour que ces idiots de moldus le réalisent !
Pour en revenir à Grindius, s'il est vrai qu'il donne des cours de sorcellerie sans y être autorisé, le Ministère de la Magie peut très bien lui retomber dessus.
Certes, le service qui traque les sorciers aux agissements illégaux n'est pas aussi sophistiqué qu'il le sera un millénaire plus tard. Mais il y avait déjà de nombreuses arrestations...

En soi, enseigner la magie à de jeunes sorciers avides de connaissances, n'est pas un crime. C'est la façon de le faire qui peut en devenir un.
En effet, tous les parents sont formatés pour transmettre à leurs enfants des valeurs et des idéologies bien précises telles que "l'on utilise la magie que lorsque c'est pleinement nécessaire" ou encore "ne jamais nuire avec sa magie".
Dans une certaine mesure, cette enseignement pacifique peut sembler être une bonne initiative. Mais lorsque l'on enquête un peu à ce sujet, on remarque que l'objectif du Ministère est surtout de maintenir toute une population dans l'ignorance.
Les défenses contre les forces du mal? Inconnues à cette époque !
Les sortilèges impardonnables? Qu'est-ce?
Pour ces derniers, il aurait sans doute été préférable qu'ils sombrent dans l'oubli.

Mais cette organisation bien huilée avait ses dirigeants, qui eux, connaissaient parfaitement bien tout ce que l'on cachait aux autres.
Ainsi, il n'y a qu'un ancien Auror, à qui l'on a caché moins de choses qu'aux autres, pour détacher les oeillères qui entravent la vue de plusieurs générations de sorciers.

Et Auror, c'est ce qu'un certain Maitre Grindius était.

A suivre...

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