Fondateurs de Poudlard

7. La maison de Godric's Hollow

L'oncle de Godric résidait dans un village qui portait le nom de son neveu.
Village tristement célèbre un millénaire plus tard en raison d'un sorcier qui aurait mal tourné...

Nos quatre amis dévalaient les pentes à toute vitesse, grisés par l'air dans leurs cheveux et le sentiment de liberté qui les submergeaient.

Rares étaient les moments d'une telle intensité dans leur quotidien. A cette époque, la magie n'était pas praticable à tout bout de champ et, au lieu d'enchanter leur vie, elle faisait naître en eux une sourde envie de désobéir.

Les réglementations étaient des plus strictes et ce pour des raisons déjà énoncées, à savoir la superstition accrue des Moldus.

Alors cette amitié qui les libérait de ce carcan de restriction était pour eux une oasis au milieu d'un désert, une aube dans la nuit de leur malheur.
Malheureux, ils étaient loin de l'être à ce moment et ils auraient voulu qu'il dure toujours. Mais le propre de la course est justement sa rapidité...

Ils avaient à peine eu le temps de se regarder, les joues rougies et les yeux pétillants, que déjà ils étaient arrivés sur le pas de l'humble chaumière de Janius.

Une lueur était projetée à travers les fenêtres, indiquant que l'hôte des lieux était levé.

Ils toquèrent.
L'homme qui ouvrit n'avait rien en commun avec celui de la photographie. Il était aussi fragile et émacié que l'homme de la photo était frais et bien-portant.

S'il devait être érigé en symbole de leur petite révolte, il ne payait pas de mine.
Tout son corps avait l'air rompu par les vicissitudes de l'existence, il n'avait plus rien du fringuant rebelle d'autrefois. Il restait à espérer que son discours serait plus encourageant que son apparence...

En toute logique, la parole revint à Godric.

"Bonsoir mon oncle."

Il ouvrit des yeux hallucinés, paraissant réaliser l'absurde de la situation.

"Que faites-vous devant ma porte? Vous venez m'espionner c'est ça? Vous êtes à la solde du Ministère?"

Godric, qui s'apprêtait à lui montrer l'affiche trouvée dans le département de la propagande afin de justifier leur présence, se ravisa.

"Non loin de là ! Nous venons vous demander des conseils...

-Des conseils? Entrez."

Ils entrèrent, hésitants.

"Quels types de conseils?

-Nous sommes membres d'un groupe de jeunes sorciers qui n'approuvent pas l'usage réglementé de la magie...dans une certaine mesure oui, mais il nous paraît injuste que certains aient droit d'en user comme bon leur semble et d'autre non. Et puis...nous voudrions ouvrir une école et nous cherchons des soutiens et des personnes qui ont de l'expérience à transmettre, expliqua Helena, prenant la parole à l'improviste.

-Bien bien...quel rapport avec mon humble personne?"

Godric reprit les rênes de la discussion.
"Mon oncle." Il tenta un contact visuel, espérant user du pouvoir de conviction naturel de ses prunelles, sans même se servir d'une éventuelle magie.

"Nous avons trouvé votre photo sur la liste des personnes qui sont contre le gouvernement."

Le vieil homme eut un mouvement de recul.

"Ne vous offusquez pas ! Connaissez-vous des personnes susceptibles de nous aider dans notre entreprise, à défaut de le faire vous-même?"

En émettant la possibilité que son oncle se rebiffe devant le danger, il avait touché une corde sensible. En effet, il avait la même nature que son neveu et une grande impulsivité.

"Je vous aiderai à éduquer la population. Le meilleur moyen de contrôler tous les sorciers est de les maintenir dans l'ignorance, Vos parents ne réalisent même pas qu'ils ne vous enseigne qu'une version édulcorée de la magie puisqu'il s'agit de celle qu'on leur a toujours appris ! Je ressassais cette idée depuis un moment également, vous m'offrez enfin la possibilité de transmettre ce que je sais. Par quoi voulez-vous commencer?
-Nous vous présentons à nos amis, et vous réunissez les votres."

Dans leurs regards déterminés miroitait déjà un monde dans lequel les anciens transmettraient leur savoir aux jeunes, sans filtre ni censure.