19. Ligue anti-Moldus

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"Vous êtes morts?"

La question s'imposait et était pourtant inutile au vue de leur apparence...

"Cette question est rhétorique jeune homme, bien sûr que nous sommes morts. Mais la question n'est pas de savoir si nous le sommes bien, c'est plutôt de savoir comment et pourquoi tu ne crois pas?"

Salazar se prit d'un profond intérêt pour sa cape et se perdit dans sa contemplation. Il savait à quel point il était déplacé de demander à un ectoplasme les causes de sa mort...mais manifestement ces derniers étaient disposés à le lui révéler.

"Abattons les barrières de la bienséance ! Ce bâtiment passe pour abandonné car il y a bien longtemps que nous nous sommes exclus du monde des sorciers. La raison en est simple : certains spectres se promènent librement au grand air, mais il nous est impossible de le faire puisque nous sommes en quelque sorte responsables de notre propre décès.

-Comment cela?"

Salazar n'avait pu empêcher la question de franchir ses lèvres.

"Les Moldus menaient une existence misérable à l'aune de la nôtre. Nous étions pourvus de tout ce qu'une personne pouvait désirer, tandis qu'eux pataugeait dans la boue et dans la discorde. Nous avons eu un excès d'empathie face à ce constat et nous étions désireux de les aider."

En prononçant ces paroles, le spectre bedonnant balayait la salle de la main, pointant tour à tour tous les visages blafards présents.

"Nous avons bravé l'édit qui stipule de ne pas s'occuper de leurs affaires, et sommes allés leur apporter un peu de douceur et de magie.
Malheureusement...les choses ont mal tournées pour nous. Tous les Moldus ne sont pas foncièrement mauvais, loin de là, mais beaucoup se noient dans l'ignorance et la superstition. Nous avons été envoyés au bûcher sans plus de juridiction. Sans nos baguettes, nous étions impuissants."

Salazar ne savait que dire. Un silence de plomb s'abattit sur l'assemblée.

"Alors maintenant tu comprends pourquoi nous ne nous mêlons pas au reste des sorciers? Je les entend d'ici nous conspuer pour notre audace et nous dire que tout était joué d'avance, que les Moldus ne sont pas dignes de confiance...nous n'aurions pas supporté une humiliation de plus.

-Mais quel rapport avec moi?

-Très juste mon cher. Nous avons eu vent de votre volonté d'ouvrir une école. Par pitié, ne laissez pas pénétrer les Moldus. Vous ne les connaissez pas. Ils mettraient la pagaille. En vertu de notre mémoire, vous devez leur interdire l'accès."

Pensif, Salazar se souvint de la raison pour laquelle des invitations avaient été envoyées à certains Moldus. Rowena était arrivée en trombe dans leur salle de réunion, à bout de souffle, martelant que les Moldus étaient incompris et que certains étaient dignes d'apprendre la magie. Elle s'était absenté un peu trop longtemps de l'autre côté des menhirs et ne pouvait plus rentrer, le passage étant bloqué pour quelque obscure raison. Par chance, un jeune homme Moldu était passé par là et l'avait recueilli pour la nuit. Elle avait prit conscience de sa fascination pour le mysticisme et l'occulte et depuis défendait la cause Moldue avec tant de ferveur qu'ils s'étaient laissé convaincre. Mais le témoignage des fantômes n'allaient pas dans ce sens...

"Je ferai le nécessaire. Vous dites que vous connaissez mon père?"

Une jeune fille maigre et longiligne se leva.

"Ton père est mon frère."

La haine du père de Salazar pour les Moldus prenait tout d'un coup un sens à ses yeux. Ils étaient responsables du décès de sa petite soeur !

Pensif, Salazar les salua et sortit. Il verrait son père d'un autre oeil dorénavant. Un oeil plus enclin à le pardonner pour ses coups de sang.

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