Fondateurs de Poudlard

17. Spectre

Le commerce de VeritaSerum, sans être illégal était très surveillé. Comme tout d'ailleurs. S'en procurer ne fut pas aussi difficile que prévu. Le plus ardu fut d'en faire ingérer aux potentiels élèves sans s'attirer leurs foudres.

"Que pensez-vous d'une bière de bienvenue? C'est plausible non?"

Salazar avait toujours des suggestions spéciales...

"Tu penses réellement qu'ils trouveront ça normal qu'on leur serve une boisson sans raison? demanda Godric, goguenard.

-C'est pour leur souhaiter la bienvenue !

-Mais oui...

-Les garçons, si vous avez fini de vous chercher des noises pour un rien, peut-être pourrions-nous trouver une solution? L'esprit féminin est plus inventif et subtil que le masculin, c'est bien connu, ajouta Rowena tout en gratifiant Helena d'un clin d'oeil."

Mais cette dernière ne la vit pas. Elle n'était pas attentive à ce qu'il se tramait autour, occupée par d'autres pensées. Ses lunettes se teintèrent de vert, signe qu'un espoir avait éclos dans sa tête.
"Je sais comment nous pourrions faire !"
Un long silence suivit cette déclaration.
"Bah on t'écoute, tu peux le dire maintenant, râla Salazar.

-Oui oui désolée, je me demandais simplement si mon idée n'était pas folle...pensez-vous que nous pourrions faire en sorte qu'un peu de cette décoction soit versée dans leur jus de citrouille du petit-déjeuner?

-Je pense que rien n'est impossible, répondit Rowena, pouffant de rire sous cape.

Godric jeta un coup d'oeil par la lucarne. La lune éclairait tout de sa blancheur immaculée.

-Il va falloir nous hâter si nous voulons que la potion soit effective au petit matin !"

Voici comment les quatres amis se retrouvèrent à cavaler, le visage pâle et livide à l'idée de pénétrer par effraction chez des sorciers, tout en modulant leurs craintes par l'idée qu'ils ne pouvaient tout simplement pas laisser fuiter la confidence à n'importe qui sans s'être assuré de sa bonne volonté au préalable.
Le lendemain, le teint légèrement cadavérique d'avoir si peu dormi et des poches sous les yeux pour la même raison, ils accueillirent les autres jeunes gens, en masquant leur fatigue sous un sourire.

"Il ne nous reste plus qu'à leur poser des questions, un par un", chuchota Godric au reste du groupe.
Il acquiescerent et prirent chacun place dans une salle. Le château en comptait déjà de nombreuses, mais il ne ferait que s'agrandir avec le temps.
Comme Salazar s'apprêtait à faire entrer le premier futur élève, un spectre dégarni et bedonnant fit irruption dans la salle où il se tenait, le laissant pantois et en proie à une grande panique.

"Ne t'en fais pas petit. Tu n'es pas un moldu, tu sais que je ne suis pas l'esprit d'un défunt qui revient te hanter mais bien une personne à part entière. Enfin...il est vrai que j'ai été quelqu'un autrefois mais j'estime que ce que je suis aujourd'hui est totalement différent. Pour en revenir à la raison de ma présence ici : j'ai bien connu ton père. Il a un caractère plutôt explosif n'est-ce-pas? Si tu ne te rends pas à l'endroit que je t'écris ici ce soir, il sera mis au courant de l'invitation qui a été envoyée à quelques moldus chez lesquels vous avez détecté un soi-disant "potentiel". Oh oui il le saura, fais-moi confiance..."

Plus pétrifié que si on lui avait jeté un sort, Salazar acquiesça sans même prendre la peine de déglutir. L'ectoplasme disparut comme il avait fait son apparition.

Penaud, il contempla d'un oeil soucieux le papier jauni sur lequel de belles lettres crochues avaient été tracées soigneusement, réalisant seulement la nature de ce qui avait fait office d'encre...

"Du sang, sérieusement?"

Il se demanda avec quelle plume le spectre avait bien pu écrire mais n'en trouva aucune qui correspondait à ce type d'objet. De guerre lasse, il invita la jeune fille qui attendait devant la porte à entrer.